Les baleines peuvent flipper
Alix Rivière
Par le biais de nouveaux accords politiques et économiques, Maurice a proposé au Japon un accès à sa zone économique exclusive, c’est-à-dire sa zone de pêche. Et ils pêchent quoi, les Japonais, à part les poissons ?
C’est l’une des infos qui agite nos cousins mauriciens ces derniers jours : le gouvernement de Port-Louis nous fait des infidélités avec une autre île, certes un peu plus puissante : le Japon. Qui est d’ailleurs un archipel, quatre îles, bref.
Attention, derrière toi, c’est affreux : des Japonais qui veulent te manger !
(photo Johanny Comte)
Cette semaine, le ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères nippones, Massahisa Sato, est venu en personne ouvrir une ambassade à Port-Louis. Le ministre des Affaires étrangères mauriciens, Vishnu Lutchmeenaraidoo, en a profité pour faire du business, comme montré sur Défi Média : “Nous avons invité le Japon à signer avec nous un accord de pêche, dans lequel le Japon pourra utiliser toute notre zone économique. […] Nous avons aussi parlé du port de pêche […], de la construction d’un quai d’un kilomètre dans la mer capable de recevoir à tout moment dix-huit à vingt bateaux de pêche. Et nous avons aussi demandé au Japon de nous aider dans le développement de l’industrie de la pêche en matière de transformation de poisson.” Pour faire simple, Maurice a demandé aux Japonais un coup de main pour ses industries liées à la mer, en échange duquel elle les laisse barboter dans ses eaux. Autant dire que si l’idée va au bout, la pêche et plus généralement l’économie maritime de la région risque d’avoir un autre visage…
Il n’en a pas fallu plus pour enflammer les débats. Car qui dit “pêche japonaise” dit aussi “pêche à la baleine”. Et les eaux mauriciennes, comme les nôtres, en regorgent depuis quelques années. Ce sont d’ailleurs probablement pour partie les mêmes animaux qui empruntent cette même route vers le Sud. Il faut dire que nos deux zones exclusives économiques se touchent.
À la Réunion, pour le moment, officiellement personne ou presque ne semble s’inquiéter de cette perspective. En revanche, à Maurice, l’idée de voir débarquer les navires usines japonais fait froid dans le dos des pêcheurs locaux comme des amoureux des baleines.
Les Japonais viennent en effet de relancer de façon intensive leur chasse pseudo-scientifique aux cétacés. Sur l’île sœur, l’opposition du Mouvement militant mauricien (MMM) s’est en tout cas emparée du débat et demande des comptes :
https://www.facebook.com/photo.php?fbid=10160697498530487&set=a.10150560...“
Plusieurs écologistes et pêcheurs mauriciens craignent qu’avec l’aboutissement de cet accord, la population de baleines diminue de façon drastique dans nos eaux. D’autant plus que Maurice ne dispose pas d’équipements adéquats pour exercer une surveillance accrue sur ces bateaux nipponsP” indiquent également nos confrères de Radio One.
Pour le moment, rien ne dit que l’accord en gestation inclura la chasse aux mammifères marins. Mais si les craintes devaient se confirmer, Didier Robert pourra s’asseoir sur son projet de Route des baleines, classée à l’Unesco. Nul doute qu’il en sera fâché, après tout ce qu’il a fait pour les Mauriciens récemment… Vishnu Lutchmeenaraidoo en tête, puisque c’était déjà avec lui qu’il signait des “conventions-cadre”.
Peut-être que, grand prince, Vishnu lui fera goûter un sushi à la baleine, paraît que ce n’est pas mauvais.
Alix Rivière