13è Festival Kreol de l'île Maurice sur le thème "Kreolité, nou léritaz"
Maurice, si proche et si loin de nous, Martiniquais et Guadeloupéens. Si proche par la langue, ce créole mauricien qui lorsque nous l'entendons pour la première fois, nous arrache un sourire mêlé d'agacement. Sourire parce que nous avons l'impression d'entendre des sonorités et un phrasé familier ; agacement parce qu'au début, nous ne comprenons pas tout.
Pays indépendant depuis un demi-siècle, après avoir été colonisé par la France (d'où l'existence d'un créole à base lexicale française comme à Sainte-Lucie et à la Dominique), puis par l'Angleterre, il est peuplé de descendants d'Indiens (majoritaires), de Chinois, de "Z'Arabes", des Blancs créoles dits "Franco-mauriciens" (équivalant aux Békés des Antilles) et d'Africains dont une forte partie est métissée. Cette dernière communauté est appelée "créole" et est la couche la plus défavorisée de la société mauricienne, même s'il y a des Créoles riches et puissants politiquement comme la dynastie des Duval.
A un moment, Maurice a été en proie à une certaine forme de suprématisme indien, l'Inde n'étant pas très éloignée et entretenant de fortes relations économiques avec l'île. Il y a alors eu des révoltes sporadiques menées par des Créoles qui, parfois, se sont terminées dans le sang, avant que la situation ne revienne au calme. De nos jours, c'est une forme de suprématisme musulman qui menace la petite île de l'océan Indien. Ainsi, dernièrement, des activistes islamistes ont-ils empêché par la force une "Gay pride" qui devait se dérouler à Port-Louis, la capitale de Maurice.
Comment donc préserver ce miracle qu'est la cohabitation pacifique sur un si petit territoire de quasiment tous les peuples du monde ?
Longtemps, cette question est restée sans réponse. Question redoutable quand on songe à ce qui s'est passé au Rwanda ou dans l'ex-Yougoslavie. Dès lors, il devient évident qu'aucun suprématisme ne serait acceptable car il ne garantirait pas l'harmonie entre les différentes communautés, mais au contraire rancoeurs et désirs de vengeance. Puis, a surgi l'idée de Kréolité, d'abord en Martinique et en Guadeloupe, ensuite aux Seychelles, puis à Maurice. Cette dernière est la...dernière à y adhérer pour une raison simple : le groupe appelé "Créoles" dans l'île est composé de Noirs, de Mulâtres et de métis d'Indiens ou de Chinois. Il est minoritaire démographiquement et ne saurait à lui tout seul représenter Maurice. Ce qui fait que presqu'automatiquement, le terme "Kréolité" renvoie à cette communauté de Créoles.
Comment résoudre ce problème ?
En déconnectant le concept de "Kréolité" de celui de communauté créole mauricienne et en l'appliquant à tous les Mauriciens quelle que soit leur origine ethnique. Pas facile, on l'imagine ! En tout cas, le slogan de ce 13è Festival Kreol est limpide : Kréolité, nou léritaz (La Créolité, notre héritage)...