COMMEMORATION DE "GLORIYÉ SEPTANM 1870" A RIVIERE-PILOTE, LE 23 SEPTEMBRE 2016.
par Léandre LITAMPHA
De l’Insurrection de la Martinique en 1870.
Depuis quelques années, les journées de manifestations ont été mises en place pour commémorer le « Gloriyé Septanm 1870 ».
Nous sommes en septembre 2016, La Collectivité Territoriale Martinique (C.T.M.) a consacré quatre journées de célébration de « Gloriyé Septanm 1870 », du 22 au 25 septembre 2016 à Fort-de-France et Rivière-Pilote. Invitations – Annonces à la radio, à la TV et sur les journaux.
Le 23 septembre dans la soirée a eu lieu une messe à Rivière-Pilote, en hommage aux insurgés de septembre 1870. Un nouveau prêtre est nommé et officie pour la première fois dans la commune, il est en service depuis 35 ans, il arrive de St-Joseph, son nom : Emmanuel SAINT-HONORE ; il est accompagné du diacre Georges ATINE de Josseaud que tout le monde connait. Mgr David MACAIRE invité en Guyane n’a pas pu prendre l’avion –en panne- pour répondre au rendez-vous à Rivière-Pilote ; il regrette de ne pas pouvoir officier à la messe, il se fait excuser. Le Maire Raymond THEODOSE est présent avec son adjoint Simon GUITTEAUD et d’autres membres de la municipalité. Il y a aussi certains élus de la C.T.M. (voir photo n° 15). Les militants et sympathisants patriotes sont présents ; les fidèles sont venus nombreux et de partout pour la circonstance. La chorale de Rivière-Pilote anime en musique et chants. Tout le monde s’est exprimé à l’accompagnement. Le nouveau prêtre est heureux de se trouver ici, il s’est fait apprécier du public par son art de célébrer et d’animer la messe en français et en créole pour honorer les Insurgés de « Gloriyé Septanm 1870 ». Il a réussi à son examen d’entrée à Rivière-Pilote…
Après la messe, dehors attendaient des serviteurs pour recevoir le public avec une bonne soupe, des sandwichs, des gâteaux et à boire. Merci alors à ces personnes et aux organisateurs à l’initiative de cette réception : la municipalité et la C.T.M.
Attention ! Le monument élevé en l’honneur des insurgé, sous la mandature du maire Lucien VEILLEUR, est en face, pas loin de l’église. C’est là que le public, venu pour l’hommage, est aussi attendu. Edouard MARAN est l’animateur principal pour glorifier les insurgés de 1870. Les souffleurs de conques de lambi WATABI sont en accompagnement. Les élus de la CTM sont invités, le Maire R. THEODOSE, le député Jean-Philippe NILOR est arrivé, L’historienne Marie-Hélène LEOTIN et d’autres connaisseurs vont obtenir le micro pour raconter l’histoire, porter des témoignages. Des descendants de personnes (hommes et femmes) qui ont participé à l’insurrection sont dans la foule. M. CAILLE, descendant de Sonson LACAILLE a parlé de son enfance difficile à cause de cette histoire. Des filles sont venues avec leur document généalogique, elles descendent de Louis TELGA.
Les années 1870-70 ont bouleversé le sud et en fin de compte toute la Martinique. Au départ, il y eut une injustice contre Léopold LUBIN au Marin –L’aide-commissaire Augier de MAINTENON au Marin, l’avait frappé très sévèrement ; il avait porté plainte qui n’a pas eu de suite… LUBIN a été condamné à une peine très sévère par le tribunal, dont CODE de Rivière-Pilote faisait partie, pour s’être vengé contre le monsieur arrogant du Marin qui l’avait cravaché. Rivière-Pilote a réagi. Il faut trouver CODE dans les hauteurs de cette commune. Louis TELGA prend le commandement de l’équipe (il y a des hommes et des femmes) afin de trouver l’homme en question. Enfin, on le retrouve et il est découpé en pièces. La Martinique s’insurge. Le tribunal prend en chasse les insurgés et au jugement il en sort des condamnés au bagne en Guyane dont la jeune Lumina Sophie du Vauclin, au combat à Rivière-Pilote (son histoire est consacrée dans un livret de G. PAGO) ; un homme a été envoyé au bagne en Nouvelle-Calédonie ; des condamnés à mort dont Louis TELGA par contumace, introuvable, parti à Ste-Lucie. Les condamnés à mort qui n’avaient pas pu se sauver ont été fusillés au jardin de la Polygone à Fort-de-France, non loin du Trésor Public. Les survivants des peines moindres ont préféré ne plus en parler, mais certains ont eu (ou avaient déjà) des familles et des enfants…
Après les échanges au niveau de la statue, a eu lieu une retraite au flambeau dans le bourg.
Pour la France et les juges français dans la colonie nos insurgés étaient des voyous, des moins que rien, des indésirables. Pour les descendants d’esclaves ils sont des héros.
Pour en savoir plus, toute cette histoire a été révélée par Armand NICOLAS qui a ouvert des archives et l’a rapportée dans ses ouvrages historiques (quatre tomes). L’historien Gilbert PAGO a écrit un ouvrage spécialement dédié aux évènements de 1870-71 – le titre : L’INSURRECTION DE MARTINIQUE 1870-1871, des Editions Syllepse, 2011. Marie-Hélène LEOTIN, elle aussi historienne, nous raconte ce qu’elle en sait. Robert SAE a écrit des pages d’Histoire-Géo pour les étudiants, il en parle. Une pensée pour l’historien Georges MAUVOIS fils qui a aussi écrit un peu de notre histoire et qui animait de son vivant les évènements de septembre 1870. Il y a une stèle à Fougainville en reconnaissance de cette histoire.
Il y a beaucoup d’ouvrages (en français, anglais, espagnol et portugais), de quoi nous référer pour lire notre histoire, celle de la Caraïbe, celle des pays du continent américain.
Martinique, le 23 septembre 2016.
Résumé et photos de Léandre LITAMPHA