Qui a dit que le personnel politique martiniquais ne marchait pas la main dans la main ?
Depuis des lustres, on entend ou on lit ici et là que le personnel politique martiniquais est divisé et que c'est à cause de cette ô combien affreuse division que "la Martinique n'avance pas". Aussi bien les éminents analystes politiques de nos télés de proximité que TI SONSON dans ses coups de gueule radiophoniques ou ses SMS à notre Pravda locale, n'ont alors de cesse d'inviter nos maires, conseillers territoriaux, députés et autres sénateurs à marcher la main dans la main.
Ce n'est pas "Prolétaires de tous pays, unissez-vous !" comme le proclamait Wladimir Illitch LENINE, mais "Politiciens martiniquais, unissez-vous !".
Or, ces admonestations sont tout à la fois ridicules et inutiles car s'il y a bien un corps social qui est parfaitement soudé au sein du "plus petit canton de l'univers"(dixit le Nègre Fondamental), ce sont bien nos porteurs et porteuses d'écharpes bleu-blanc-rouge. Des exemples ? Le lobby béké, pardi ! Jamais ce dernier n'a été aussi fort, aussi arrogant, rachetant à tours de bras des entreprises appartenant à des gens dits "de couleur" et pressurant les travailleurs au-delà du supportable. Or quel politicien de l'île aux fleurs a-t-il jamais osé dire "STOP !" au lobby béké ? Aucun évidemment ! Certains mêmes avaient osé planter avec eux, sur une "Habitation" anciennement esclavagiste, ce qu'ils ont eu le culot d'appeler "le courbaril de la réconciliation".
Autre exemple ? Ce chlordécone que 92% des Martiniquais possèdent dans le sang à cause de décennies d'usage de ce dangereux pesticides dans les bananeraies principalement békées. Evidemment, nos politiciens montent tous au créneau maintenant alors que le scandale a éclaté il y a...12 ans. On a en même vu un, qui avait à l'époque (2007) nié qu'il s'agissait d'un empoisonnement de notre peuple, clamer aujourd'hui, des trémolos dans la voix,__ne rions pas !__qu'il s'agit rien moins que d'"un scandale d'Etat". Wouaaw ! Quel courage, monsieur le député ! Et vous madame la sénatrice, quel courage de dénoncer la taxe infâme que le gouvernement français veut imposer à "notre rhum" ! Sauf qu'il n'y a plus depuis très longtemps qu'une seule distillerie non-békée parce que dès 1932, lorsque le gouvernement français avait fait voter une loi dite du "contingentement", les distillateurs békés avaient accaparé la totalité du rhum contingenté (c'est-à-dire non taxé) laissant aux petits et moyens distillateurs "de couleur "le rhum hors-contingent (et donc lourdement taxé). Pas étonnant que ces derniers aient tous disparu, sauf un seul qui a eu l'idée astucieuse d'inventer une bouteille aux "épaules carrées". Donc parler de "NOTRE rhum", c'est carrément du n'importe quoi !
On peut encore prendre cent autres exemples au hasard. Tenez, la corruption ! Avez-vous jamais entendu un politicien prendre ce problème à bras le corps et dénoncer les scandales du CREDIT MARTINIQUAIS, du CEREGMIA, d'X-PAY, du GRAN CHAWA, d'ODYSSI, des TOTEMS du Grand Saint-Pierre, d'EDF et tous les autres ? Mieux (ou pire) : le mois dernier, un maire a été condamné par le tribunal correctionnel à 40.000 euros d'amendes pour "escroquerie", or jamais le bougre n'a songé un seul instant à démissionner. Et jamais le parti politique auquel il appartient n'a exigé qu'il présente sa démission !
Pas uni notre personnel politicien local ? Asé di !
Ils et elles savent aussi se retrouver, comme on le voit sur les photos illustrant cet article, lors des grandes passations de pouvoir entre vieux briscards blanchis sous le harnais et jeunes loups et jeunes louves (bon, pour la plupart quinquagénaires, il est vrai) aux dents si longues qu'elles raclent le parquet. Et la Martinique dans tout ça, demanderez-vous ? Et le peuple martiniquais ? Eh ben, il regarde, il observe, il médite, il rumine, perplexe comme c'est pas permis, se demandant en son for intérieur quand est-ce que ce cinéma-à-deux-francs-quatre-sous se terminera.
Mais le pire dans tout ça, c'est qu'on aurait pu penser que les "jeunes" seraient "moins pires" que leurs aînés, leurs prédécesseurs, or tel n'est hélas, trois fois hélas, point du tout le cas...