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Un Amérindien de Guyane sur la liste européenne de l’écologiste Yannick Jadot

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Un Amérindien de Guyane sur la liste européenne de l’écologiste Yannick Jadot

Un Amérindien de Guyane sur la liste européenne de l’écologiste Yannick Jadot

Le juriste Alexis Tiouka, amérindien guyanais, rejoint la liste européenne de l’écologiste Yannick Jadot. Une première pour les peuples autochtones français qui luttent depuis des décennies pour la reconnaissance de leurs droits et la protection de leurs terres.

« Je suis Kali’na, Amérindien, Guyanais, Français et Européen ». Alexis Tiouka, 59 ans, aime décliner ses « identités » pour se présenter. Une diversité aussi large que les 8 000 km qui séparent Awala-Yalimapo, son village natal sur la côte ouest de Guyane, et Bruxelles, la capitale européenne. Entre les deux, l’histoire d’un homme, juriste de formation, qui a passé sa vie à faire entendre la voix des peuples autochtones.

Accepter de rejoindre Yannick Jadot, tête de liste d’Europe Ecologie-Les Verts pour le scrutin de mai 2019, « c’est une suite logique de mon engagement dans le mouvement pour la reconnaissance des droits des Amérindiens de Guyane ». Aluikawaï, « petit guerrier » son nom en langue locale, fut notamment leur représentant à l’ONU lors des discussions sur les droits des peuples autochtones dans les années quatre-vingt-dix. « Il faut aussi porter sur le devant de la scène européenne la réalité difficile du territoire, les menaces environnementales, sociales et culturelles. »

La présence d’un Amérindien est inédite

La présence d’un Amérindien sur une liste européenne est inédite. Une rareté à l’image des instances politiques nationales et locales où « nous ne sommes jamais arrivés plus haut qu’une vice-présidence de Conseil régional. » Les décennies de combat d’Alexis Tiouka et sa mobilisation contre l’actuel projet de la mine d’or industrielle Montagne d’Or ont séduit le candidat Jadot.

Après une première rencontre en juin dernier en Guyane, l’élu l’avait ensuite convié à Paris avec des membres des Jeunesses autochtones pour sensibiliser politiques et acteurs de la société civile aux dangers de la mine : « Il incarne avec force et expertise cette urgence de protéger le bassin amazonien, sa biodiversité et son patrimoine culturel. » La Guyane, un département aux feux plus rouges que verts : « L’Europe et ses financements sont très présents, renchérit Alexis Tiouka. À travers les réglementations environnementales, l’appui à la pêche ou l’agriculture, mais personne ne le sait ! Nous sommes un bout d’Europe en Amérique du Sud avec des voisins puissants comme le Brésil. Les enjeux sont énormes. »

 

Alexis Tiouka, à droite, en compagnie de deux leaders des Jeunesses autochtones, très mobilisées contre la mine Montagne d’Or. Ici lors d’une réunion en juin en Guyane. | Valérie Parlan

Mais le long du fleuve Maroni, dans des villages seulement accessibles en pirogue, promouvoir la question européenne ne sera pas une campagne aisée : « Il faut concrétiser les choses. Par exemple, dans le village de Camopi où j’ai travaillé, c’est d’expliquer aux habitants que l’eau potable du robinet a été rendue possible grâce à des financements européens. » C’est encore expliquer comment lutter contre l’utilisation du cyanure, le poison des orpailleurs pour extraire l’or. « L’interdiction du cyanure, c’est un combat actuel au Parlement, rappelle Yannick Jadot. Le développement de nouvelles filières économiques dans ce territoire oublié de la République passera aussi par le soutien de l’Europe. »

Le pont entre les deux continents, le temps de ce compagnonnage électoral, sera aussi pour l’Amérindien et la tête de liste l’occasion de rappeler à la France que, dix ans après l’adoption par les Nations Unies de la Déclaration des droits des peuples autochtones, la reconnaissance des Amérindiens manque du soutien de Paris. « Rappelons, par exemple, que nous attendons toujours d’avancer sur la rétrocession de 400 000 hectares de terres décidée lors de l’Accord de Guyane suite à la grande mobilisation sociale de 2017 ».


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