Montagne d'or en Guyane: c'est inédit, l'ONU accuse la France de non-respect des droits indigènes
Il fallait s'y attendre. Alors que le projet "Montagne d'or" en Guyane se profile à grands pas, l'Organisation des Nations Unies a décidé de réagir. Elle "somme" la France de suspendre le projet jusqu'à ce que les populations autochtones locales aient pu être consultées correctement. C'est la première fois dans l'histoire que l'ONU intervient directement contre l'État français. La transition énergétique semble bien loin de toute préoccupation politique de ce côté-là de l'océan.
Le projet "Montagne d'or", géré par un consortium russo-canadien (Nordgold et Colombus Gold) est au centre d'une polémique aujourd'hui internationale. Alors que l'avenir des populations autochtones semble de plus en plus incertain, la gigantesque mine à ciel ouvert pourrait bien signer l'arrêt de mort de toute une partie de la biodiversité guyanaise, mais également être lourde de conséquences pour les indigènes vivant près du site.
Dans un communiqué rendu public ce jeudi, le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale de l'ONU demande donc au gouvernement français de revoir sa copie. Selon le Comité, les populations locales n'ont pas été consultées, ou du moins que très peu, sur le sujet. Le risque est de voir la situation tourner au conflit. "Ce genre d’infractions est malheureusement courant en Amérique du Sud et en Asie, mais c’est la première fois que Paris est rappelé à l’ordre pour un manque de respect des droits autochtones" souligne Vincent Ploton du Service international pour les droits de l’homme, au sein de l'ONG ISHR.
Un véritable paradoxe quand on sait que depuis maintenant quelques mois, la transition énergétique est sur toutes les lèvres. Rappelons que ce projet, s'il est mis en place, sera responsable d'une pollution massive de la forêt primaire de Guyane. Les sols seront inutilisables pendant des centaines d'années et des milliers d'hectares seront déforestés.
Le Comité souligne qu'aucune mesure éthique n'a été prise pour protéger les terres amérindiennes, "en dépit de l'impact négatif du projet minier sur le contrôle et l'usage des populations indigènes et de leurs terres, notamment les menaces pesant sur les écosystèmes, la déforestation et les sites archéologiques" explique l'ONU. La France a maintenant jusqu'au 4 avril prochain pour démontrer au monde que le droit indigène guyanais ne sera pas bafoué au profit de quelques cailloux dorés...