Guadeloupe : Lucette Michaux-Chevry laisse une ardoise de 75 millions d’euros
La communauté d’agglomération Grand Sud Caraïbes (CAGSC) qu’elle présidait jusqu’au 31 janvier a 55 M€ de factures impayées.
Un gouffre financier. Le déficit de la communauté d’agglomération Grand Sud Caraïbes (CAGSC) s’élève à 75 M€ pour à peine plus de 80 000 habitants. Le préfet de Guadeloupe, Philippe Gustin, a révélé ce montant lors d’une réunion d’information mardi soir.
Alors qu’une élection se tient samedi pour désigner le successeur de Lucette Michaux-Chevry, ancienne ministre RPR, qui a démissionné le 31 janvier, le préfet voulait faire le point avec les élus.
Dix-neuf élus du conseil communautaire, sur 43, se sont rendus à l’invitation du préfet, notamment des élus de l’opposition. Ils en sont sortis sonnés tandis que les élus de la majorité critiquaient l'«ingérence» de l’autorité préfectorale.
20 millions de dette financière et 55 M€ de factures impayées
Selon le document de la direction des finances publiques (DGFiP) de Guadeloupe, cette dette de 75 M€ est composée de 20 millions de dette financière et de 55 M€ de factures impayées aux fournisseurs et autres prestataires de la collectivité, faute de trésorerie.
La masse salariale - 456 agents qui représentaient en 2017 14 M€ de budget - pèse lourdement sur les dépenses de fonctionnement. Et le tableau pourrait encore s’assombrir, du fait du mauvais état des infrastructures d’eau et d’assainissement, « qui laissent présager un fort besoin de dépenses et de remises à niveau », selon la DGFiP.
Dans son document la DGFiP recommande à la collectivité de « retrouver une sincérité budgétaire ».
La «dame de fer» bientôt devant la justice
Le nouveau président ou la nouvelle présidente qui assurera l’intérim de Lucette Michaux-Chevry samedi matin -probablement l’actuel premier vice-président Joël Beaugendre - devra rapidement adopter des mesures de redressement, sous peine, selon une source proche du dossier « d’impacter l’économie de la Guadeloupe tout entière ».
Quant à l’ancienne présidente du conseil communautaire, surnommée la « dame de fer » de la Guadeloupe, 89 ans, elle doit comparaître le 14 juin devant le tribunal correctionnel, notamment pour favoritisme dans un dossier de transports publics.
Elle avait démissionné fin janvier pour protéger sa famille. « Le geste d’une mère, d’une grand-mère qui ne supporte pas que ses enfants, petits-enfants soient injustement mis en cause en raison de ses activités politiques », avait-elle justifié.