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Les Jumbo Score et les Score sont à vendre

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L'Edito de Pierrot

Les Jumbo Score et les Score sont à vendre

Pierrot Dupuy
Les Jumbo Score et les Score sont à vendre

La nouvelle va faire grand bruit, surtout dans le contexte des revendications des Gilets jaunes en faveur d’une baisse des prix à La Réunion et de lutte contre les monopoles et autres oligopoles. Le groupe Casino a décidé de vendre Vindemia, le propriétaire entre autres de tous les Score et Jumbo Score de l’ile.

Le groupe stéphanois rencontre en effet de grosses difficultés depuis plusieurs mois. Il doit d’abord faire face à des manœuvres de fonds spéculatifs qui ont eu pour effet de faire plonger le cours de l’action du groupe en bourse. Mais surtout, Casino a besoin d’argent frais. Sa holding de contrôle, Rallye, doit rembourser 1 milliard d’euros d’obligations arrivées à échéance entre octobre 2018 et mars 2019.

Le montant demandé est bien sûr tenu secret, mais selon nos informations, Casino a confié à un cabinet d’avocats parisien le soin de trouver des acquéreurs potentiels et plusieurs groupes auraient d’ores et déjà fait connaitre leur intérêt. Dont le groupe Hayot, qui détient déjà les grandes surfaces Carrefour, Mr Bricolage, Décathlon et aussi Renault, et le groupe Excellence, propriétaire des grandes surfaces Leclerc.

Les négociations avec le groupe CFAO appartenant anciennement à François Pinault et racheté en 2012 par la société Toyota Tsusho, déjà très implanté en Afrique dans la grande distribution en association avec Carrefour, auraient semble-t-il échoué.

De même apparemment que celles avec un investisseur d’origine chinoise basé aux Antilles, faisant partie des 100 plus grosses fortunes de France, qui aurait été un temps intéressé mais qui a finalement renoncé.

Même si rien n’est définitivement acté. Un opérateur qui a renoncé hier peut éventuellement revenir dans le circuit demain. D’autant qu’il est difficile d’avoir une vision précise du dossier tant le secret règne sur ces négociations. Nous avons par exemple cherché à avoir confirmation auprès du groupe Hayot, qui n’a pas donné suite à nos appels.

Il faut dire que le dossier n’est pas simple.

Première difficulté : si Vindemia est un acteur majeur de la grande distribution dans l’Océan Indien avec plus de 4600 employés à La Réunion, Madagascar, Maurice et Mayotte, elle ne dégage pas autant de de bénéfices qu’une société de cette taille pourrait le laisser espérer. Selon l’avis de plusieurs personnes très au fait du dossier que nous avons contactées, les comptes seraient plombés par des coûts de loyer exorbitants versés à une autre société du groupe qui détiendrait les murs de toutes les grandes surfaces et qui, elle, ne serait pas à vendre !

Ainsi, en apparence, Casino peut assurer au gouvernement et aux Gilets jaunes que les marges qu’il pratique sont faibles, tandis qu’il se goinfre à côté sur les loyers…

Deuxième difficulté : il existe une loi limitant les parts de marché qu’un même groupe peut détenir dans la grande distribution en outre-mer. Or, vu la taille de Vindemia, si un groupe local, que ce soit Hayot ou Leclerc le rachetait, il exploserait ce plafond.

D’où l’intérêt qu’il y aurait eu à voir arriver un nouveau protagoniste tel CFAO.

Ces négociations ayant échoué, la seule solution passerait par un démantèlement de Vindemia, Hayot, Leclerc ainsi que potentiellement d’autres n’en rachetant que des morceaux.

Il faut dire que le gâteau est suffisamment gros. Vindemia, c’est aujourd’hui 7 hypermarchés Jumbo, 15 supermarchés Score, 5 grossistes Supercash, 6 magasins de produits culturels FNAC et plus d’une centaine de moyennes surfaces Vival…

Il n’en demeure pas moins que la nouvelle risque de provoquer des remous dans l’ile. Car à l’heure où le délégué à la concurrence outre-mer, nommé par le gouvernement, vient d’arriver dans l’ile pour justement mettre fin aux monopoles et autres oligopoles, et au moment où la grande distribution est montrée du doigt pour les prix pratiqués sur certains produits, ce serait un comble d’assister à la disparition d’un acteur majeur du secteur et à la concentration entre des opérateurs déjà hyper puissants.

 


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