Danyèl Waro : "Quand on combat, on chante l'amour"
A l’occasion de son concert dans le cadre du festival « Sons d’hiver » le 21 février à Villejuif et de son dernier album « monmon », il aborde l'enfant turbulent qu'il a été, le combat pour la langue créole, la responsabilité viscérale des femmes, le maloya et un certain sdf de génie : Alain Péters.
Danyèl Waro est toujours resté fidèle à la tradition acoustique du maloya, le blues de l’île de la Réunion. Musicien et poète, il sait faire chanter le créole avec une émotion sans pareille.
Programmation du festival Sons d'hiver
Le titre de l’album est une manière de dire aux gens : n’ayons pas honte de prononcer monmon, comme on doit le prononcer, certains disent maman, mais il faut réaffirmer monmon comme quelque chose de solide, de constituant. Mais « monmon » parle aussi de la mère, envers laquelle on doit avoir de la gratitude, c’est un hommage à la mère en général, car elle est toujours plus responsable que l’homme.
Je ne prévois rien, je ne prépare pas d’album, je fais des chansons, je me fais plaisir d’abord, après, tant mieux s’il reste quelque chose pour les autres. Le premier plaisir c’est de trouver un air, des paroles : enregistrer, mettre plusieurs chansons sur un disque c’est une autre étape. Un album est fait de rencontres, de situations.
J’aime bien la formule de fête de quartier, rencontrer des gens, partager simplement, sans trop d’intermédiaires ou de programmation. Je suis comme ça dans la vie, je continue à être moi-même que ce soit en concert ou chez moi, et je suis libre comme ça.
On s’attaque à un système, à des gens qui croient que leurs enfants doivent réussir en parlant français, ils n’ont pas de modèles de réussite en créole. Notre travail c’est de créer ces modèles, et c’est ce qu’on fait quand on chante en créole, quand on met en avant la richesse de la langue, les proverbes et la poésie des anciens.
J’ai toujours été en contact avec la terre, manger ce qu’on plante et planter ce qu’on mange, c’est la première des libertés. J’ai travaillé la terre, ce qui m’a permis d’être en contact avec les mots, d’apprendre la langue, les métaphores. Par contre à l’école, on était obligés de réussir en français, alors j’ai un peu « trafiqué ». J’étais assez intelligent pour comprendre le français, pour comprendre le fonctionnement de la langue et ne pas être victime d’un conditionnement. En même temps, j’étais dans le combat politique, mon père était au parti communiste, on était autonomistes, on se battait pour ne pas se laisser marcher sur les pieds. La terre, l’école et la politique ont été trois éléments très importants pour moi.
Archives
Francky Lauret,émission « Ville-mondes : Saint-Denis de la Réunion », France Culture, 2012
Danyèl Waro, hommage à Alain Péters, Rest’la maloya
Firmin Viry, émission « Couleurs du monde », France Musique, 2010
Références musicales
Danyèl Waro, Familia, extrait de l'album "monmon"
Alain Péters, La complainte de Satan, extrait de l'album "Parobolèr"
Danyèl Waro, Karinm, extrait de l'album "monmon"