Les Chagossiens : un peuple créole exemple de militantisme
Au lendemain du repas solidaire et de la conférence organisées par le Comité de solidarité Chagos La Réunion, Olivier Bancoult et Liseby Elysé ont participé samedi à l’officialisation de la création du Mouvement réunionnais pour la Paix.
C’est d’abord à La Réunion qu’une délégation chagossienne a souhaité se rendre après le vote le 22 mai à l’ONU d’une résolution historique. A une large majorité, l’Assemblée générale de l’ONU a lancé un ultimatum au Royaume-Uni : 6 mois pour rendre les Chagos à Maurice et favoriser le retour des Chagossiens dans leur pays natal d’où ils ont été déporté en raison de la construction de la base américaine de Diego-Garcia.
Pendant plusieurs jours, Olivier Bancoult et Liseby Elysé ont participé à plusieurs événements. Le premier est responsable du Groupe réfugiés Chagos, la seconde est celle qui a témoigné des souffrances des Chagossiens en septembre dernier lors de l’audience de la Cour internationale de justice.
Les « pays de la liberté » au pied du mur
Lors de la rencontre avec les journalistes organisée jeudi, et de la conférence tenue vendredi, Olivier Bancoult a souligné la motivation des Chagossiens après le vote de l’ONU. Ils ont bien en tête le fait que l’ultimatum de l’ONU expire le 22 novembre. Ils travaillent donc déjà sur un plan qu’ils comptent proposer aux autorités en vue de leur relogement. Forts de l’avis de la Cour internationale de justice, et du soutien grandissant de la majorité des États du monde, ils envisagent même d’aller en bateau aux Chagos sans demander l’autorisation au gouvernement britannique, « nous verrons bien ce que ferons les Anglais » a d’ailleurs dit en substance Olivier Bancoult. Tout dépendra donc de l’attitude du gouvernement britannique au cours des 6 mois à venir.
Les Chagossiens étaient 3000 au moment de leur déportation. Les natifs de l’archipel sont aujourd’hui environ 500 dont plus de 300 à Maurice. Avec leurs descendants, ils sont environ 9000. C’est donc un peuple de quelques milliers d’habitants qui a infligé au Royaume-Uni une défaite au retentissement international. Le droit a été rappelé, et ce sont deux États s’autoproclamant comme des « pays de la liberté », États-Unis et Royaume-Uni, qui sont pointés du doigt parce qu’ils sont les responsables de la déportation d’un peuple.
Effets d’une cause juste
Chaque venue d’une délégation chagossienne est l’occasion de faire le point sur une lutte commencée depuis plus de 40 ans. Cela signifie que le combat a été lancé par une génération qui a réussi à transmettre le flambeau de la lutte à la suivante, malgré le déséquilibre évident des forces en présence. C’est aussi une rencontre avec des militants qui rappellent que quand une cause est juste, elle ne peut que triompher.
Au début de leur combat, la première solidarité extérieure est venue de La Réunion, avec l’initiative de Paul Vergès et du PCR d’inviter les Chagossiens à venir parler de leur combat aux Réunionnais. Face à eux, les Chagossiens et leurs amis doivent faire face aux intérêts d’une ancienne puissance coloniale, le Royaume-Uni, et d’une superpuissance, les États-Unis. Désormais, les soutiens indiscutables aux deux États responsables de la tragédie des Chagos se comptent sur les doigts d’une seule main. En effet, en dehors des USA et du Royaume-Uni, seuls trois États ont voté contre la résolution demandant que le Royaume-Uni respecte dans les 6 mois l’avis de la Cour internationale de justice, et cesse son administration des Chagos.
Ce renversement, c’est un peuple créole de quelques milliers de personnes qui a été capable de le faire. C’est un exemple de militantisme.
M.M.