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Rachat de Vindemia par Hayot : cachez ces articles…

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Rachat de Vindemia par Hayot : cachez ces articles…

Rachat de Vindemia par Hayot : cachez ces articles…

En quelques jours, deux articles prévus dans les pages du Jir et du Quotidien à propos du rachat de Vindemia par le Groupe Bernard Hayot ont été passés à la trappe. L’occasion pour votre bête à piquants préférée de bomber le torse et de rappeler que, si ça se trouve, elle sert à quelque chose, dans le paysage médiatique local.

On voudrait bien vous faire croire qu’on ne lit pas trop ce qui se dit sur nous, ce serait faux. Surtout ces commentaires, qui se plaignent de devoir payer pour nous lire, ces demandes pour qu’on file nos articles gratuitement, on serre les dents, on fait avec, on renvoie vers notre foire aux questions où on explique justement notre philosophie, et on essaie de nous accrocher, pour notre centaine d’abonnés actuels, pour tous les prochains, et puis parce qu’on croit pas mal en ce qu’on fait et aussi, faut bien l’avouer, parce qu’emmerder le monde, c’est une seconde nature.

Mais la semaine dernière, se sont déroulés deux événements majeurs pour les Réunionnais. Vous avez certainement entendu parler du premier : une partie de la rédaction du Quotidien s’est mise en grève pour protester, selon le communiqué du Syndicat des journalistes pondu pour l’occasion, “contre la décision de la direction de ne pas publier deux articles en l’espace de 72 heures. Le premier avait trait à la demande d’une subvention de 160 000 euros adressée par Zinfos974 à la Région. Le second était une interview du président de l’Observatoire des prix, portant notamment sur le rachat de Vindémia par le Groupe Bernard Hayot. Deux sujets d’intérêt général et qui méritent d’être portés à la connaissance de nos lecteurs. Dans les deux cas, la direction a mis en avant des impératifs “économiques” au détriment de l’intérêt éditorial.” (1)

Ce que nous avons appris quelque temps plus tard, c’est un autre événement, celui-ci passé inaperçu puisqu’il a été caché à tout le monde et sur lequel le SNJ n’a manifestement pas communiqué : le Jounal de l’Île a lui aussi planqué sous le tapis un article sur le rachat de Vindémia par Hayot. Il s’agissait cette fois d’une interview de Christophe Girardier, pilote de la mission “Étude relative à l’intérêt de la création de structures coopératives ou de groupements économiques de commerçants indépendants dans le contexte particulier de La Réunion“, qui avait notamment mis en avant les pratiques de la grande distribution dans la constitution des prix. On est tombés des nues.

En quelques jours, donc, ce sont deux articles critiques – sans être à charge – sur le futur acteur majeur de la grande distribution, déjà ultra-présent dans les voitures, le bricolage, le sport, qui ont été rédigés par des confrères avant d’être supprimés des pages par les directions des deux quotidiens. Deux articles d’information sur le groupe qui va vous vendre tout ce que vous consommez, auquel vous aurez forcément affaire ces prochains mois, que vous, lecteurs réunionnais, consommateurs, citoyens, ne pourrez pas lire. Ça la fiche un peu mal.

La puissance économique d’un groupe a réussi à faire taire deux journaux d’un coup.

Le fait que La Réunion soit une des dernières régions de France à accueillir deux quotidiens est pourtant un sacré atout. Politiquement, chacun a ses alliés, suffit de lire les deux pour avoir des avis, des informations, des angles différents. Quand l’un tape sur les cocos, l’autre assomme la droite. Et des fois, inversement. Le pluralisme est une chance qu’au Tangue, on a toujours louée ; on n’a jamais souri quand on a appris que les deux canards avaient des difficultés, on ne se réjouira jamais de voir l’un des deux mettre la clé sous la porte.

Ce qui vient de se passer à propos d’Hayot vient pourtant de faire voler en éclats la notion même de pluralisme. La puissance économique d’un groupe a réussi à faire taire deux journaux d’un coup. Si c’était déjà arrivé par le passé, en tous cas, nous n’en avons pas connaissance. Et c’est pas que de la branlette de journalistes : c’est grave, même pour madame Grondin des Hauts.

Au départ, nous n’avons pas fondé Le Tangue en prévision de ces événements. Nous voulions surtout montrer qu’une presse qui ne fait pas d’actualité, mais qui prend le temps d’enquêter était possible à La Réunion, le tout en étant impertinente, insolente, *mettez ici tous les mots en -ente qui vous plairont. Être indépendants des annonceurs publicitaires – publics et privés – était notre seule planche de salut : on peut se ficher de la figure de tout le monde, et tirer la langue aux éventuels ronchons. Nos lecteurs auront remarqué qu’on ne s’en prive pas et que des copains, on n’en a pas des masses.

Et comme rien n’est gratuit, cette indépendance a un prix : c’est six euros par mois, trois euros pour les tarifs réduits. C’est des sous, oui.

Aujourd’hui, ces six euros mensuels (ou trois, bande de chômeurs) prennent beaucoup de sens : l’interview de Christophe Girardier et la réaction du président de l’OPMR, c’est chez nous que vous pourrez les lire, et apparemment nulle part ailleurs. Elles sont particulièrement éclairantes sur les craintes que peuvent susciter ces rachats. Elles participent, en tous cas, à l’information du public. Et cela, tant que vivra Le Tangue, tant que des lecteurs accepteront de payer pour le lire,  Hayot ne pourra rien y faire.

La rédaction du Tangue

PS : on n’a pas été très marrants, sur ce coup, mais faut bien avouer, ça fait un peu mal aux fesses de voir les confrères se faire caviarder leur taf.

(1) En ce qui concerne Zinfos et l’argent de la Région, Pierrot Dupuy et Free Dom, par le biais de Yves Montrouge, se sont déjà chamaillés sur le sujet, on ne reviendra pas dessus, toutes les infos sont dans leurs papiers.


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