La Montagne d'or, toujours dans les tiroirs du gouvernement
Le renouvellement de la concession de la Montagne d'Or a reçu un avis favorable en Guyane. Comment ce projet, malgré l'annonce de son abandon par le gouvernement, est-il toujours d'actualité?
ENVIRONNEMENT - Déversement de tonnes de cyanure dans la nature guyanaise, déforestation et dépenses d’eau et d’énergie démesurées: voilà le pendant noir de l’extraction géante de plusieurs tonnes de richesses aurifères du projet minier de la Montagne d’Or. Sur le bureau du ministère depuis presque un an, la demande de renouvellement de la concession de la mine portée par le consortium russo-canadien Nordgold-Columbus Gold a reçu ce mercredi 16 octobre un avis favorable des représentants de l’État en Guyane.
Cette nouvelle a de quoi inquiéter les associations environnementales opposées au projet. Pourtant le gouvernement, alors en campagne pour les élections européennes avait tenté de les rassurer: “le projet tel qu’il est aujourd’hui n’est pas compatible avec notre ambition environnementale”, avait déclaré Emmanuel Macron le 7 mai.
Dans les médias, François de Rugy puis Élisabeth Borne s’étaient fait les relais de la parole présidentielle: “le projet de la Montagne d’Or a bel et bien été abandonné”. Cette décision avait suivi une consultation publique de la population guyanaise qui avait majoritairement rejeté le projet.
La demande de prolongation pour 25 ans de la concession de la société Montagne d’Or devait être ensuite examinée ce mercredi par une commission départementale des mines (composée de représentants de l’État, d’opérateurs miniers, d’associations environnementalistes, d’élus). Mais l’instruction du dossier a finalement été “ajournée”, ont indiqué après l’avis favorable de la Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL) plusieurs membres de la commission, à l’issue de la séance. Aucune explication n’a été donnée par la préfecture sur l’ajournement.
Pour Élisabeth Borne qui répondait à une injonction de Yannick Jadot sur Twitter, le premier feu vert de la DEAL et l’ajournement ne change en rien l’avis du gouvernement.
Position pas claire du gouvernement
Mais pour les opposants, la position du gouvernement n’est pas claire: “La seule façon d’abandonner le projet de la Montagne d’Or, c’est d’interdire le renouvellement de la concession. Et il en a les moyens”, insiste Marine Calmet, l’une des porte-parole du collectif “Or de question”. Après un passage en commission des mines et au Conseil d’État, ce sera à Bercy -responsable des affaires minières- de trancher en effet la question.
Depuis un an que les associations environnementales en font la demande, le gouvernement ne donne aucune réponse sur un renouvellement ou non de la concession. Réponse floue, imbroglio juridique entre l’entreprise minière et l’État: le gouvernement semble nourrir l’ambiguïté sur la question. S’affichant tantôt aux côtés de Rodolphe Alexandre, le président de la Collectivité territoriale de Guyane, fervent défenseur du projet, tantôt aux côtés de Raoni Metuktire, représentant des populations autochtones farouchement opposées à la mine, Emmanuel Macron cherche à ménager les partis.
Et pour cause. Le gouvernement et les industriels attendent une réforme minière prévue pour la fin de l’année qui devrait intégrer de nouvelles normes environnementales et écologiques pour promouvoir des mines dites “plus vertes”.
“En disant qu’il abandonne le projet ‘en l’état’, Monsieur Macron dit aux industriels: ‘retravailler le projet’. [...] C’est une course contre la montre”, explique Marine Calmet. Un projet de mine d’or moins polluant, mais polluant toujours, pourrait alors voir le jour, sous un autre nom. En attendant, le gouvernement ne répond pas aux sollicitations sur le sujet. Mais il continue de délivrer des permis de recherche minière à d’autres exploitants dans la région.