LAMBREQUINS-DENTELLE LACASE
ISMET GANTI, JEAN-BERNARD GRONDIN, STEEVE DUBOIS
Exposition gratuite, du 08 novembre 2019 au 11 janvier 2020
Tlj, sauf dim et jours fériés, 10h00-16h30
Même si nous craignons leur disparition prochaine, tout le monde ou presque, à Maurice ou à La Réunion, les a pourtant déjà vus. Il suffit de lever la tête un tout petit peu, de bien observer les vieilles maisons créoles, en ville comme à la campagne, dans les Hauts ou sur le littoral. Et là, on les aperçoit, en bois, en tôle, blancs, bleus, jaunes... Il s’agit des fameux lambrequins ou lambroquins. Ces petites plaques allongées, souvent découpées de façon décorative et semblant faites pour dissimuler les gouttières autour d’un toit.
L’histoire du lambrequin, ce n’est cependant pas que l’art d’agrémenter les toits et les fenêtres. Ornementaux, ils embellissent certainement les façades d’immeubles ou de maisons, mais allant plus loin, par la richesse et la diversité de leurs motifs récurrents, ils nous entraînent vite dans une esthétique et pour tout dire, un art de vivre.
D’inspiration végétale et volontiers art déco, les lambrequins ont un style fondamentalement métissé. Considérés de façon abstraite, ces objets sont des dessins à motifs répétitifs et, à ce titre, appartiennent aussi à l’univers de la géométrie.
C’est souvent par la présence de ces frises décoratives que l’on désigne hâtivement la case traditionnelle créole et cette dentelle ornementale en figure donc comme la signature. Tout comme la cuisine créole des Mascareignes n’existerait pas sans ses grains ou ses brèdes, ... Difficile de concevoir une case créole sans ses lambrequins…
Dans les années 1960-1970, on a eu tendance à abandonner l’architecture créole traditionnelle pour des constructions en béton ; il y a eu cette époque où on construisait beaucoup de simples cubes sans aucune personnalité.
Cette exposition se veut traduire une passion pour ne pas dire une fierté pour ce patrimoine mascarin et la conscience d’une urgence à le protéger. Par-delà ce concept généreux de partage et de sauvegarde, cette exposition figure aussi comme l’idée d’une approche spécifique de l’Art contemporain, indépendamment des grands courants et des flux créatifs qui parcourent désormais le monde, loin des écoles et des galeries, juste une réflexion sur nous-mêmes, sur ce que nous faisons ensemble sur ces îles perdues au milieu de l’océan. Ismet, Steeve et Jean-Bernard nous livrent chacun à sa façon, leur œuvre relative à ce plus petit dénominateur commun de notre convivialité mascarine, l’arabesque de notre accorité.