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LA COMPAGNIE CHRISTIANE EMMANUEL : 30 ANNEES DE GRACE ET DE CREATIVITE

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LA COMPAGNIE CHRISTIANE EMMANUEL : 30 ANNEES DE GRACE ET DE CREATIVITE

LA COMPAGNIE CHRISTIANE EMMANUEL : 30 ANNEES DE GRACE ET DE CREATIVITE

   La Compagnie de danse Christiane EMMANUEL fête ses 30 ans !

   En cette occasion, ce mercredi 20 novembre, elle a offert à son public trois spectacles qui retracent bien le parcours de cette troupe et de sa directrice, la chorégraphe et danseuse Christiane EMMANUEL, formée dans la plus prestigieuse école de Cuba.

D'abord, Man Saint-Clair, évocation tirée du roman Stéphanie Saint-Clair, reine de Harlem de Raphaël CONFIANT qui retrace la vie extraordinaire de cette jeune Martiniquaise partie sans le sou à New-York où elle deviendra reine de la loterie clandestine, mettant tout Harlem à sa botte. Christiane EMMANUEL, seule sur scène, la fait revivre avec une vérité et surtout une grâce stupéfiante car Man SAINT-CLAIR fut tout à la fois innocence et diablesse, cruauté et tendresse. Eau et feu ! Il fallait du talent à notre danseuse nationale pour parvenir à incarner cette créature si contradictoire. Point ne fut besoin de mots. Juste quelques notes de musique. Un petit banc créole. Une veste américaine cousue de billets de banque (des dollars bien sûr). Un couteau. Avec lequel la jeune femme sut défendre sa vie et sa dignité dans le Harlem féroce des années 20. Des flash-backs permanents entre son passé et son présent. Une prestation de haut vol !

 

 

   S'en est suivi Lagrimante, déjà présenté au public, et qui met en scène trois danseurs : deux Colombiens et un Martiniquais. Qui a prétendu que la grâce était une qualité seulement féminine ? Ce spectacle en est un démenti formel. Corps qui semblent flotter, s'envoler même parfois, qui se touchent, se repoussent, se caressent, s'étreignent, s'exècrent dans un ballet qui met à nu nos pires tendances (domination, exploitation, rejet de l'autre) tout en exaltant les meilleures (fraternité, bienveillance, tendresse). Une eau qui éclate sur la scène, qui jaillit, inonde les danseurs, les aveugle, les baptise, les fait renaître. Une eau à la fois lustrale et lacrymale. Du pur bonheur !

 

 

   Enfin, cette soirée de 30è anniversaire s'est achevée avec l'extraordinaire, le terrifiant même Je remets le couvert : indigestion : deux danseurs comme envoûtés, l'un longiligne et d'âge mûr, l'autre râblé et plutôt jeune, qui avec deux danseuses aériennes entament une ronde presque hypnotique autour d'un énorme coffre blanc qui ressemble à un cercueil mais qui contient toutes sortes de nourritures. Ketchup, pain, mayonnaise, biscuits, légumes et consorts. Une ode à la Grande Bouffe qui est en fait une Mal bouffe. La plus grande des danseuses est une libellule, une araignée, une Diablesse, une déesse bantoue ; la plus petite une fée, un arc-en-ciel, un cerf-volant. Leurs compagnons de mangeaille sont de grands prêtres d'une religion oubliée, des zombis, des "prêleurs", de grands sillons de lumière sombre. Les spectateurs restent sans voix. Certains ferment les yeux. Ils n'en peuvent plus. Ils sont pris à la gorge. Tant de beauté et d'horreur tout à la fois. C'en est trop. C'est trop beau.

   MERCI MILLE FOIS, CHRISTIANE EMMANUEL ET A SA COMPAGNIE !...


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