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LA REPUBLIQUE DES SEYCHELLES : LE P.I.B PAR HABITANT LE PLUS ELEVE D'AFRIQUE

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LA REPUBLIQUE DES SEYCHELLES : LE P.I.B PAR HABITANT LE PLUS ELEVE D'AFRIQUE

LA REPUBLIQUE DES SEYCHELLES : LE P.I.B PAR HABITANT LE PLUS ELEVE D'AFRIQUE

Située au nord-est de Madagascar, la République des Seychelles est un archipel de 115 îles abritant près de 95 000 habitants (2016), dont les trois quarts vivent sur l’île principale de Mahé. Bien que les Seychelles affichent le PIB par habitant le plus élevé d’Afrique (15 410 dollars en 2016), elles connaissent de fortes inégalités et gagneraient à favoriser davantage une croissance inclusive — d’autant que le changement climatique menace la pérennité de l’économie du pays.

Situation politique

Indépendante depuis 1976, la République des Seychelles est une démocratie relativement jeune : la première élection présidentielle pluraliste a été organisée en 1993, dans la foulée de l’adoption d’une nouvelle Constitution. Le dernier scrutin présidentiel, de décembre 2015, s’est soldé par la très courte victoire (avec seulement 193 voix d’avance sur les 62 831 suffrages exprimés valides) du président sortant James Michel, réélu pour un troisième et dernier mandat.

À la suite de la démission, en octobre 2016, de James Michel, c’est le vice-président Danny Faure qui lui succède. La prochaine élection présidentielle est prévue en 2020.

Lors des élections législatives de septembre 2016, la coalition d’opposition Linyon Demokratik Seselwa (LDS) remporte pour la première fois la majorité parlementaire. Elle rassemble quatre partis, dont le Parti national des Seychelles (SNP), qui avait boycotté le précédent scrutin législatif en 2011. La coalition LDS occupe 19 sièges dans la sixième Assemblée nationale, contre 14 pour le Lepep.

C’est la première fois depuis 1993 que ce dernier perd la majorité au Parlement. Avant les élections, il détenait les 25 sièges de l’Assemblée élus au suffrage direct, ainsi que les sept sièges désignés à la proportionnelle, ne laissant qu’un seul siège l’opposition. À la surprise générale, le président de l’Assemblée nationale, Patrick Pillay, a jeté l’éponge en janvier 2018, ouvrant la voie à l’élection de son ancien vice-président, Nicholas Prea.

Évolutions économiques récentes

L’économie seychelloise a bénéficié de la croissance constante et solide du secteur touristique, avec un nombre record de 349 861 visiteurs en 2017, ce qui correspond à une hausse de 15,4 % par rapport à 2016 (et au triple de la population locale). Les autres indicateurs de l’activité réelle confirment leur bonne tenue, surtout dans le secteur tertiaire qui assure pratiquement les trois quarts de la croissance. Sur les trois premiers trimestres de 2017, la consommation d’électricité a augmenté de 4 % et le trafic total de données de 60 % par rapport à la même période en 2016.

Les estimations indiquent une progression du PIB réel de 4,2 % en 2017. Alors que cette croissance s’accompagne d’une forte augmentation de la demande de main-d’œuvre, les Seychelles font de plus en plus appel aux travailleurs expatriés.

La Banque centrale des Seychelles a maintenu une politique monétaire plutôt restrictive pour éviter la surchauffe de l’économie. L’augmentation de la masse monétaire au sens large (M2) a ralenti à 13 % en décembre 2017 (en glissement annuel) tandis que la croissance des crédits au secteur privé s’est stabilisée à 15 %. Les prix à la consommation ont augmenté, à 3,5 % en décembre 2017, essentiellement attisés par la hausse des prix des produits réglementés, notamment le tabac et l’alcool. Les autorités ont poursuivi une politique budgétaire prudente : l’important excédent primaire permet au gouvernement de tenir ses engagements pour réduire rapidement son endettement. Le ratio dette-PIB a été réduit de moitié environ en 2017, à 69 %, depuis la crise économique et le défaut de paiement du pays sur sa dette souveraine en 2008.

Les Seychelles peuvent se prévaloir d’un bilan macroéconomique sain depuis dix ans— des performances qui devraient se poursuivre notamment grâce au nouvel instrument de coordination politique triennal du FMI entré en vigueur en décembre 2017.

La position extérieure est elle aussi restée stable. En valeur, les exportations de thon en conserve, qui constituent la quasi-totalité des exportations de biens du pays, ont chuté de 9 % au cours des trois premiers trimestres de 2017 (par rapport à la même période en 2016), les autorités régionales de supervision de la pêche ayant réduit les quotas pour protéger l’espèce. Avec la hausse parallèle et continue des importations, les déficits commercial et du compte courant se sont aggravés. La balance des paiements des Seychelles possède néanmoins une composante structurelle importante qui repose sur les importations liées aux investissements directs étrangers, ces derniers restant suffisants pour financer l’essentiel des besoins du compte courant. Les réserves officielles brutes sont restées pratiquement inchangées, à 544,7 millions de dollars, en décembre 2017 (l’équivalent de 4,2 mois d’importations).

Avec un taux de chômage officiel ressortant à 4,5 %, les Seychelles sont en situation de plein emploi. La demande de main-d’œuvre, en hausse, a été comblée par un afflux de travailleurs expatriés : en 2016, le pays a recensé 16 792 demandes ou renouvellements de permis de travail, soit presque le double qu’en 2014. Les expatriés représentent désormais un quart environ de la main-d’œuvre totale des Seychelles et travaillent surtout dans le bâtiment et le tourisme.

Prévisions

Au vu de la bonne santé du tourisme, les prévisions économiques restent favorables, même s’il faut s’attendre à un tassement à moyen terme du rythme de la croissance du PIB en volume (actuellement supérieur à 4 %) autour de 3,5 %, sous l’effet d’un ralentissement des projets de construction liés au tourisme. Le moratoire sur l’octroi de nouveaux permis pour les grands hôtels vient d’être prolongé jusqu’en 2020.

Le scénario de référence table sur le maintien d’une politique budgétaire prudente dans le but de réduire l’endettement public. Le budget 2018 s’est fixé pour objectif un excédent primaire de 2,5 % du PIB. En recul par rapport aux cibles des années précédentes (3 %), cet excédent reste cohérent avec l’objectif de moyen terme des autorités de ramener le ratio dette-PIB à 50 % à l’horizon 2021. Il faudra pour cela continuer de maîtriser les dépenses et introduire de nouvelles mesures permanentes pour augmenter les revenus, au-delà des dispositions ponctuelles prises en 2017. Les autorités envisagent de remplacer courant 2018 l’impôt forfaitaire par un impôt progressif sur le revenu. Ce qui aurait pour effet d’alléger la charge fiscale sur les personnes ayant une faible capacité contributive, avec toutefois le risque de compliquer la création de recettes compensatoires pour financer les dépenses en faveur des pauvres. L’inflation devrait rester modérée, autour de 3,5 %. L’effet de base positif des hausses des prix administrés en 2017 devrait être compensé par la hausse attendue de la facture des importations de carburant.

À la faveur de ces scénarios favorables de croissance, d’inflation et d’emploi, la pauvreté devrait rester limitée aux Seychelles, même en considérant un seuil de pauvreté de 3,20 dollars par jour (qui correspond au seuil utilisé pour les économies à revenu intermédiaire). La part de la population seychelloise vivant sous le seuil de 5,50 dollars par jour (économies à revenu intermédiaire de la tranche supérieure) devrait légèrement reculer en 2019, à 5,1 %, contre 6,6 % en 2013.

Enjeux de développement

Petite nation insulaire, la République des Seychelles est fortement tributaire de la demande extérieure et, notamment, du tourisme, ce qui pose de sérieux problèmes en termes de diversification et de résilience. Son faible vivier de main-d’œuvre qualifiée conjugué aux coûts externes élevés du transport et de l’énergie sont autant d’obstacles à surmonter pour garantir une richesse continue sur l’archipel. Soucieux d’assurer une prospérité durable, le gouvernement mise sur le développement de l’« économie bleue », en tablant entre autres sur une aquaculture durable et des activités de transformation des produits de la pêche à plus forte valeur ajoutée, au lieu des modèles actuels fondés sur le tourisme maritime et la pêche.

À plus court terme, le pays doit s’atteler à un enjeu majeur, celui de la consolidation des progrès accomplis depuis son défaut de paiement en 2008 sur le plan de la gestion macroéconomique et budgétaire, des réformes et du développement du secteur privé. La poursuite du renforcement de l’action de l’État pour la rendre plus ciblée et plus efficace permettra de réduire les coûts et de soutenir la mise en place d’un environnement plus porteur pour une activité privée plus inclusive et diversifiée. À plus long terme, l’amélioration des résultats du pays en matière d’éducation contribuera également à installer une croissance inclusive, en renforçant la qualité et la palette des compétences disponibles au service d’une activité locale toujours plus sophistiquée et diversifiée.

L’économie seychelloise est surtout exposée aux chocs extérieurs : un ralentissement des flux touristiques (provoqué par l’attractivité accrue de nouveaux marchés au Moyen-Orient et en Asie par exemple ou par des hausses des cours internationaux du pétrole et des denrées alimentaires) pourrait assombrir ces perspectives. À l’échelle du pays, un relâchement des efforts budgétaires pourrait menacer la stabilité macroéconomique du pays, étant donné le poids toujours considérable de la dette nationale. Une concurrence politique accrue pourrait faire naître des pressions en matière de dépenses. Mais tous ces risques sont atténués par le programme soutenu par le FMI.

Dernière mise à jour: 17 avr. 2018


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