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La lutte contre le SARS COV2 : la victoire des Méditerranéens sur les Jacobins

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La lutte contre le SARS COV2 : la victoire des Méditerranéens sur les Jacobins

Errol Nuissier
La lutte contre le SARS COV2 : la victoire des Méditerranéens sur les Jacobins

L’histoire de la lutte contre le virus de niveau international, nous renvoie en France, à un vieux débat notamment mais pas seulement, à nos cours d’histoire de collège, à l’époque où l’on évoquait la lutte des Girondins contre les Jacobins. Les premiers ont essayé par tous les moyens, légitimes ou non, légaux ou illégaux, et en vain, de faire entendre leurs compétences, leur représentation du pouvoir dans le pays, et bien évidemment, leur vision de l’Homme. Les premiers étaient pour, ce que les Allemands appellent le régionalisme ou les landers, les seconds pour un pouvoir central domicilié à Paris. Les Jacobins ont farouchement combattu les Girondins, en démontrant selon eux, par la force s’il en était besoin, qu’ils avaient raison. C’est bien connu, la raison du plus fort est toujours la meilleure (La Fontaine, Le Loup et l’Agneau). C’est d’ailleurs ce système qui jusqu’à ce jour est en vigueur en France.

Il faut constater qu’un tel système centralisateur, est très efficace et extrêmement efficient, puisque nous constatons que le Président de la République qui pourtant est un homme bien conseillé, a éprouvé le besoin, de rencontrer directement, le professeur RAOULT, afin d’entendre son discours à propos du traitement qu’il a mis en place, qui plus est avec l’assistance et l’expérience d’autres médecins, africains notamment. Ce besoin de vérifier par soi-même a selon nous, plusieurs origines. Nous en voyons au moins deux. La première, est que ce sont les mêmes savants, les mêmes scientifiques et les mêmes politiques, qui lui ont conseillé de maintenir le premier tour des élections municipales et ce sont les mêmes, qui l’ont poussé à annuler le second tour. En utilisant, la seconde fois, les mêmes arguments mais dans un sens opposé, que ce qu’eux-mêmes avaient présenté en première intention. Par conséquent, le confinement a été pris avec retard, par rapport à l’Italie par exemple, et par conséquent le président Français, a présenté un message totalement brouillé, incompréhensible et contradictoire, qui peut expliquer aussi un début généralisé du déconfinement, du fait de cette mauvaise information, relayée par une communication exécrable. Cela revient à dire que les têtes pensantes, les sachants de la Nation, qui se veulent être la référence en France et dans le monde, a entraîné le Président et, par voie de conséquence le pays, dans un nombre d’erreurs incalculables, mettant en danger, la sécurité psychique des citoyens. Ce sont les mêmes qui ont affirmé l’inverse de ce qu’ils avaient énoncé, une semaine plus tard, en assurant, que c’est ce qu’ils avaient dit dès le début, donnant certainement au Président de la République, le sentiment qu’il était victime d’hallucinations visuelles et auditives. En langage de l’homme de la rue, cela s’appelle : la mauvaise foi. Lorsque l’on se trompe, on le reconnait et on se retire. On ne persiste pas dans son erreur pour garder le pouvoir à tout prix, en jouant avec la santé et la sécurité des citoyens.

Il faut noter que ces mêmes scientifiques parisiens, ne cessent de se battre, non pour chercher des traitements efficaces contre le COVID-19, y compris les masques et autres visières, y compris les vaccins ou les tests sérologiques, c’est-à-dire, ou des moyens efficaces pour tenter pas seulement par de confinement, de sauver la population, comme l’exigerait le serment d’Hippocrate. Mais au contraire, leur énergie est toute entière dirigée, vers le désir de casser un seul et même homme, le Professeur RAOULT, en mettant en avant, toutes les contradictions dont celui-ci aurait pu faire preuve, en démontrant qu’il y a des études randomisées aboutissant à l’inverse de ses résultats ou qui démontrent la toxicité de son traitement. Nous rappelons l’un des principes appris dans notre vie d’étudiant, lorsque l’on opposait les psychologues scientifiques aux psychologues cliniciens (catégorie à laquelle j’appartiens). La deuxième disait que les statistiques sont pour le scientifique l’équivalent du lampadaire pour l’ivrogne. Ils servent davantage à s’appuyer dessus qu’à l’éclairer. Mais utiliser des statistiques pour combattre des essais cliniques, ça fait sérieux. On pourrait répondre aussi qu’il y en a qui ont le temps de faire des statistiques, de croiser des études scientifiques, tandis que d’autres doivent travailler tous les jours sur le terrain, avec des moyens humains et matériels limités.

Voyant que cela ne suffisait pas à décrédibiliser l’homme aux yeux de la majorité de la communauté scientifique, mais surtout aux yeux de la population, celle pour laquelle le traitement est destiné après tout. Celle qui a souvent comme l’Inspecteur Columbo, l’air stupide, mais qui ne l’est pas pour autant. On parle bien du sens commun pour parler d’un argument frappé du coin du bon sens. Voyant que cela ne suffisait pas, ils ont passé en revue tous ses discours sur au moins vingt ans, cherchant même dans toutes les poubelles de l’histoire, afin de retrouver le ou les discours dans lesquels il pouvait contredire ce qu’il affirme aujourd’hui, notamment sur le traitement des personnes affectées par le virus du SARS COV2.

Il est indéniable, que ce petit professeur méditerranéen loin d’être issu du sérail des professeurs parisiens, ne cesse de faire tâche. Mais surtout, il ne cesse de renvoyer les grands professeurs parisiens, ceux qui ont des moyens mirobolants, à leur réelle incompétence, qu’ils tentent de dissimuler sous les critiques acerbes, à l’égard de ce pseudo-scientifique.

Et on peut dire, que celui-ci pourrait prêter le flanc à ces critiques et ce, pour plusieurs raisons. D’abord, dans son apparence, ensuite dans ses origines. Dans son apparence, il est chevelu, il est barbu, les doigts remplies de bagues, ce qui ne correspond nullement à l’image que se font les professeurs de médecine, de ce qu’est un scientifique, un médecin et encore moins un professeur d’université, tel que l’on pourrait (que l’on voudrait) le retrouver à Paris, lorsque l’on regarde ces mêmes sommités qui s’expriment à propos de la situation infectieuse que vit le pays et le monde entier. Il faut se rappeler que dans une conception jacobine, l’intelligence se pare d’autres atours que ceux du Pr RAOULT. Lorsqu’on le regarde, on pourrait dire, il ne fait pas sérieux, c’est un usurpateur. Il ressemble plus à un gourou qu’à un médecin. Malheureusement, il parle de ses patients et explique comment il les traite, ce qui est tout même assez différent de l’action du gourou. De plus, pour les Jacobins, l’intelligence est associée au centralisme, au centre névralgique du pays, à Paris, là où ceux qui décident ont décidé qu’il était et, dans une telle conception, pour le régionalisme, pour les petits, pour les peu, pour les gueux, point de salut.

Le Pr RAOULT a un deuxième défaut, celui de son lieu de naissance. Comment peut-on imaginer que quelqu’un qui est né, qui a passé toute son enfance et une partie de l’adolescence au Sénégal, à bouffer de la chloroquine comme il dit, puisse être un professeur de médecin ? Qui plus est, un médecin brillant qui propose, un traitement efficace, pas cher, accessible à toutes et à tous, pour combattre une infection de niveau mondial ? Cela remet en question toutes les théories contre l’immigration, y compris celles défendues un moment par le Président de la République lui-même, puisqu’il ne faut pas oublier que celui-ci envisageait, peu avant les élections, de proposer un débat sur la question de l’immigration. Cependant, il suffit de rechercher l’origine des prix Nobel, en particulier aux États-Unis, pour se rendre compte que tous les savants brillants, sont très souvent d’origine étrangère, qu’ils sont descendants de migrants de première ou de seconde génération. C’est d’ailleurs ce que rappelle le professeur RAOULT, quand il évoque la formation des médecins et la pénurie de chercheurs en France. Il ne faut pas oublier que lors d’un discours à Dakar un certain Président Nicolas SARKOZY, originaire de l’île de France, déclarait que l’homme Africain n’était pas suffisamment entré dans l’histoire.

Il faut se rappeler que cette bataille féroce contre l’infectiologue Marseillais, est davantage une question de représentation mentale, celle que le parisien a du provincial (qui est dix mille fois plus teintée de conflit de tension et de mépris, que la relation entre Guadeloupéens et Martiniquais) celle de celui qui possède 50 % du budget des hôpitaux français, qui ne peut comprendre que celui qui tous les jours tente avec son peu de moyens, d’aider, de soulager la douleur des patients, en prescrivant le moins d’actes inutiles possibles, et qui est fortement engagé dans son travail, parce qu’il est fidèle à son serment d’Hippocrate. C’est dans la même, voire dans une situation pire que travaillent tous les médecins dans les outremers, avec des moyens de rafistolage et qui pourtant, obtiennent proportionnellement de meilleurs résultats que leurs collègues parisiens. Cette faiblesse des moyens relevant d’abord et avant tout chez nous, de la pensée Jacobine, du centralisme parisien, et non d’une quelconque volonté colonialiste. En effet, si deux pilotes de formule 1 partent, de Fort-de-France pour aller au Prêcheur, de Cayenne pour aller à Sinnamary, de Saint-Denis pour aller à Saint-Gilles, de Pointe-à-Pitre pour aller à Baillif, le premier dans un bolide soigneusement révisé par l’écurie Mercédès, et le second, avec la voiture de monsieur tout le monde, il y a de fortes chances que celui qui a la voiture préparée arrive le premier. Cependant avec le COVID-19, la route est semée d’embuches, d’origine et de formes multiples, qui ne sont repérées sur aucune carte, mais on ne sait que les effets délétères. Ce qui agace le pilote du bolide, c’est de voir que son collègue, dans la plus banale des voitures, réalise le même parcours dans un temps inférieur au sien, alors qu’habituellement, il le bat à chaque course. C’est normal car celui qui a l’habitude d’être battu fini par faire la route en prenant des autostoppeurs, mais surtout en prenant le temps d’étudier soigneusement le parcours, de repérer les zones d’inconforts, de gérer les virages, de relever tous les débris possibles, habituels et inhabituels sur la route, d’étudier les moindres recoins, éviter de tomber en panne, de consommer trop d’essence, de faire chauffer son véhicule, de crever un pneu, car il n’a pas les moyens de réparer sur place, puisqu’il ne possède pas une assistance technique digne d’une formule 1, comme son adversaire. Par conséquent, il doit compter uniquement sur ses propres moyens. Je crois que c’est ainsi que les médecins de chez nous travaillent, et on pourrait même dire qu’ils ont une 2 CV, et pourtant, ils arrivent à effectuer le même parcours, tous les jours avec le peu de moyens dont ils disposent. Une bonne illustration de cette course inégale, celle du Lièvre et de la Torture, c’est la gestion inégale de l’infection COVID-19, par le peuple Cubains, soumis à la contrainte permanente, à un embargo terrible, à une gestion régulière de la souffrance et de la carence, obligés de développer une ingéniosité permanente, face aux Américaines et notamment à la ville de New York, la ville qui ne dort jamais et dans laquelle, s’accumulent une grande partie des richesses du monde. Mais jamais, il ne se compare aux formules que sur les médecins parisiens, qui très souvent en retour, ne cesse de les dédaigner, mépriser, de rappeler leur incompétence, alors qu’eux, sont les champions du monde de la médecine.

Autrement dit, avec les résultats sur la lutte contre l’infection au SARS COV2, c’est le centralisme parisien, qui est battu en brèche, et qui devrait remettre en question durablement, la notion de Paris pour le centre de la France et redistribuer autrement les cartes, en donnant davantage aux services compétents, les moyens humains et matériels et non à tout rassembler sur Paris. En partant du principe que c’est le seul lieu où la connaissance existe et se développe, alors que la connaissance existe ailleurs, sous une autre forme, et elle utilise d’autres moyens pour parvenir souvent au même résultat.

Il s’agit d’une véritable révolution copernicienne, pour oser effectivement donner les moyens à ceux qui travaillent, quelle que soit leur apparence, quel que soit leur lieu de naissance, mais surtout, en prenant en compte, les conditions habituelles dans lesquels ils travaillent, ainsi que les résultats qu’ils obtiennent chaque jour. Et c’est de cette manière que les budgets devraient être alloués, et non uniquement sur la base de la centralisation. Cela veut dire aussi que tout comme on l’a évoqué de décentraliser l’ENA, il faudrait décentraliser aussi un certain nombre de ministères, un certain nombre de direction et de sièges sociaux, afin de permettre un développement optimal des moyens, en fonction du niveau de connaissance et du travail effectivement réalisé sur le terrain et des résultats obtenus. Afin que la population soit mieux soignée, par des médecins investis dans leurs tâches et non, ceux qui utilisent toute leur énergie à écraser leurs confrères, pour maintenir leur pré carré, pour rester dans cet entre soi. Ce qui est aujourd’hui vrai avec cette crise sanitaire, est vrai pas seulement pour la médecine, il est vrai de manière générale, pour l’économie française et pour tout le système français en général. Avec la décentralisation, les socialistes avaient tenté justement de répondre à la logique du pouvoir au plus proche de ceux qui le vivent et qui l’exerce, plutôt qu’un centralisme parisien. On s’est aperçu avec le temps, que les moyens n’ont pas toujours pas été présent, mais surtout, que la mentalité centralisatrice est demeurée, puisqu’il fallait toujours obtenir l’accord d’un ministère parisien, d’une administration parisienne, d’un responsable parisien, pour réaliser toutes les actions nécessaires sur le terrain.

Cela revient tout simplement à recréer au niveau de la société, le principe de l’égalité, celui de la récompense au mérite, et non la perpétuation, d’une société des amis, d’une société de l’entre soi, qui conduit à élaborer toute sorte de théorie de plafond de verre, alors qu’il faudrait tout simplement, que ce soit l’État et lui seul, qui se donne les moyens de faire en sorte que les citoyens puissent réussir et que ceux qui ont réussi, puissent participer au développement du plus grand nombre, au lieu de continuer à faire prospérer les lobbys. Faire en sorte que dans les situations les plus extrêmes, comme celle que nous connaissons avec cette infection, mais également dans celles du quotidien, que l’on favorise systématiquement, le dynamisme de ceux qui travaillent régulièrement et avec plus leur foi et l’amour de leur métier, que les moyens dont ils devraient logiquement bénéficier. Il faudrait que l’on donne les moyens matériels et humains, à ceux qui sont pleinement impliqués dans leur activité. Il faudrait que le dynamisme développé puisse valoir sur l’inertie bureaucratique, et le sentiment de satisfaction, sur l’autocongratulation, de ceux qui pensent être la mesure de toutes choses, sortant tout droit de la cuisse de Jupiter.

Et pour finir, pour nous les Antillais, souvent atteints du syndrome 747, souvent soucieux de rapporter tous les bienfaits du traitement du Professeur untel d’un grand hôpital parisien, pour nous les Antillais chanteurs reconnus, qui viennent affirmer que le CHU de Pointe-à-Pitre, n’a pas les moyens de soigner leurs semblables, pour nous champions cyclistes, qui affirmons que nous ne pourrons prendre le départ du Tour cycliste de Guadeloupe, en déclarant que le CHU de Guadeloupe, n’a pas les moyens de le soigner en cas de chute, rendons hommage à ceux qui se battent pour nous, en restant chez vous. Mais surtout, espérons que nous allons enfin prendre en compte, le réel travail de nos compatriotes, le réel investissement de nos médecins, quel que soit leur origine, pour la population de nos départements et de passage, avec les maigres moyens qu’ils possèdent, en faisant les miracles tous les jours, en amenant les patients à bon port dans leur 2 CV, au lieu de faire le même voyage dans une Rolls, conduite par un médecin parisien.

 

 

Errol NUISSIER, Psychologue clinicien

Expert près la Cour d’appel de Basse-Terre

Agréé par la Cour de Cassation

Ancien étudiant d’une Université de province et Enseignant à l’Université des Antilles


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