Mauriciens bloqués à l’étranger : partie voyager en France elle devient SDF
By Jane Chamroo
Les vacances tant attendues ont viré au cauchemar pour une jeune mère de famille, bloquée en France, dans le Val-d’Oise, près de Paris. Sarita (prénom modifié), âgée d’une trentaine d’années, s’est tournée vers la rédaction du www.defimedia.info pour confier les difficultés auxquelles elle est confrontée depuis deux mois en France.
« J’ai pris un avion à destination de Paris le 14 mars dernier pour un mois de vacances », explique cette habitante d’un village de l’Est. Des vacances qu’elle avait prévues depuis longtemps, relate-t-elle amèrement. « J’avais déjà réservé mon billet et la Covid-19 n’était pas aussi répandue ».
C’est là-bas qu’elle apprendra que Maurice a fermé ses frontières aux vols commerciaux. Ne sachant que faire, elle a été obligée de rester en France. Elle nous explique qu’elle a essayé de contacter l’ambassade de Maurice en France pour obtenir des informations quant à un éventuel rapatriement, mais en vain.
« J’ai appelé l’ambassade de Maurice, à Paris, à plusieurs reprises, mais rien du tout. Mes emails sont restés sans réponse. J’ai été livrée à moi-même. J’étais seule. »
Expérience épouvantable
Son séjour arrivé à terme à l’hôtel et n’ayant pas les moyens de se payer encore quelques jours, notre compatriote affirme qu’elle se verra sans-domicile fixe en France pendant près de quatre jours.
Dans son malheur, elle rencontrera aussi six autres compatriotes. Parmi, une mère et ses deux enfants et une étudiante. Elles s’aideront mutuellement et affronteront des jours entiers dans des stations de métro.
Une expérience qu’elle n’aurait jamais souhaité vivre, dit-elle. Loin de la chaleur et de l’accueil pour lesquels sont réputés les Mauriciens, c’est dans une véritable jungle urbaine que Sarita s’est retrouvée. « C’était vraiment horrible. On n’avait pas de nourriture et nulle part où aller », explique Sarita.
Dans le métro-gare très fréquenté, où elle et ses compagnons d’infortune se sont retrouvés, elle a assisté, impuissante, à l’agression d’une des Mauriciennes par un individu à qui elle sollicitait de l’aide, raconte-t-elle. Une expérience épouvantable, alors que sa famille lui manquait terriblement.
« Ils ne savent pas ce qui se passe, mon mari fait de son mieux pour que je revienne », confie cette mère qui nous dit avoir raté l’anniversaire de son fils.
« Mo-leker gro kan mo garson koz ar mwa, li plore li demann mwa kan mo pu retourne », confie notre interlocutrice. À son quatrième jour de galère, Sarita a eu la chance de rencontrer une Française d’origine mauricienne. « Linn trouv mwa pe bizin ed ek linn propoz pou heberz mwa » explique Sarita. Sarita aura désormais un toit et de la nourriture et en retour elle devra faire du « babysitting » et le nettoyage jusqu’à ce qu’elle arrive à rentrer à Maurice.
Incompréhension
Entre-temps, l’ambassade lui répond enfin. Et lui explique qu’elle devrait débourser 600 EUR pour son rapatriement. Son billet retour est en effet sur une autre ligne que la compagnie nationale. « C’est incroyable, je suis sans le sou ici, comment payer pour un billet d’avion ? », martèle Sarita.
C’est l’incompréhension pour Sarit, qui se demande pourquoi elle et les autres Mauriciennes bloquées ne peuvent avoir accès à un vol de rapatriement couvert par l’État. Elle crie à l’injustice et lance un appel aux autorités pour qu’elles fassent un geste pour elle et les autres Mauriciennes dont elle a partagé le sort.
« Personne ne sait comment c’est ici, nous on sait. C’est pourquoi on implore les autorités d’agir », déclare Sarita.
« Malheureusement, depuis que j’ai pu bénéficier d’un endroit pour dormir, je n’arrive plus à avoir de nouvelles des autres Mauriciennes. Zis enn parmi bannla, dernie fwa monn koz ar li, linn gegn pou ress kot enn dimoun, en échange de ses charmes ».