Thierry Lo Shung Line, créateur des icônes créoles

Pouvez-vous vous présenter ?

Thierry Lo Shung Line, 49 ans. Je suis né et j’ai grandi à la Rivière Saint Louis. Je suis plasticien et graphiste webdesigner indépendant, après une expérience de plusieurs années dans une agence de communication. Être à mon compte donne plus de liberté à mon processus créatif, me permet de développer une vision artistique en cohérence avec mon identité profonde. Je me définis comme un "imagineur", qui utilise la magie de l’image.

Quel a été votre parcours ?

À 19 ans, mon bac en poche, je pars en métropole pour des études d’Arts plastiques, à Paris I Panthéon Sorbonne. Je découvre avec émerveillement, dans les musées, les œuvres classiques et contemporaines des artistes que j’avais connus dans des livres. Je suis fasciné par toutes ces énergies, ces couleurs que je vois « en vrai » au Louvre, au Musée d’Orsay, à Beaubourg… C’est pour moi une nourriture qui a influencé ma perception. Après mes études, plongé dans la vie active, je continue à cultiver ma passion pour l’Art et le graphisme en prenant des cours du soir. Puis, je me professionnalise en suivant une formation de graphiste maquettiste et j’intègre dans une agence de communication pour devenir ensuite indépendant.

Quel est le projet avec "Les icônes créoles" ?

Les icônes créoles ont émergé d’un questionnement sur mon identité. À un moment de ma vie, je me suis posé pour réfléchir et éclairer cette question fondamentale : qui suis-je ? En revisitant mon parcours personnel et familial, j’ai pris conscience de la singularité de l’histoire de la Réunion, tissée au fil des siècles par la connexion entre elles de trajectoires collectives, culturelles, individuelles et de mon inscription au sein de cette histoire. Cette exploration a généré un processus de création qui a permis de ramener à la lumière et de recomposer toutes les parties de moi qui s’étaient éparpillées dans le néant durant des années. Ce « réassemblage psychique » par le jeu de l’imagination créatrice m’a amené à redéfinir la notion d’identité pour développer une vision transpersonnelle du monde.

Pourquoi nommer ces images « les icônes créoles » ?

Parce que je « créolise » des œuvres de grands peintres d’Occident. « La créolisation, c’est la mise en relation des cultures du monde d’aujourd’hui dans leur particularités, leurs diversités, leurs différences, qui produit l’imprévisible », nous dit Édouard Glissant. Combiner, détourner, hybrider les images imprimées dans la mémoire collective : ces créations sont des énigmes qui interrogent notre rapport au monde. Elles explorent d’autres possibilités de voir la Beauté dans toutes les cultures. Elles invitent à ouvrir le champ de nos imaginaires, à parcourir les paysages humains, à revisiter les mythes et les événements qui ont construit l’histoire des humanités.

Comment travaillez vous les motifs / images ?

En amont du projet, j’ai décidé de prendre comme point de départ les Temps modernes, à partir du 15ème siècle. Durant cette période, les rencontres entre les civilisations à travers la route des épices, les échanges commerciaux, le commerce triangulaire, ont favorisé la connexion entre les différents continents de la Terre et ont ouvert de nouveaux espaces dans la représentation du monde. Mes créations sont numériques. J’utilise comme base de travail des œuvres d’art occidentales libres de droit sur lesquelles je greffe des objets rituels (masques, coiffes) de civilisations africaines, sud/nord américaines, indienne et de photographies de portraits de toutes les régions du monde. Le besoin, la nécessité de créer une image émerge d’une émotion intense, d’une mémoire à revisiter et à apaiser, d’un événement de l’actualité que je vais réinterpréter. Ces émotions qui me perturbent ou qui m’enchantent, connectées à l’énergie produite par la combinaison d’images et de symboles, se transmutent et révèlent une nouvelle icône créole.

Quelle est votre vision de la Réunion et de son évolution au cours des dernières années ?

Depuis les années 90, la Réunion s’est développée à une vitesse exponentielle, dans tous les secteurs d’activités. Pris dans cette dynamique, nous avons partagé et consommé une vision du monde qui, peut-être, nous a dépassé par manque de recul. Heureusement, depuis quelques années, une prise de conscience est en train d’émerger. Les nouvelles générations reviennent sur une vision plus typique de notre histoire, la revisitent avec plus de sérénité pour révéler les particularités de notre île. En se réappropriant notre histoire, nous redéfinissons en conscience notre singularité, en tant qu’individus et en tant que peuple, et créons notre devenir.

Quels sont vos projets et comment faîtes-vous connaître votre travail ?

Les icônes créoles sont visibles sur mon site : thierrylo-imagineur.fr. Elles sont réparties dans quatre « régions du monde » : Géographies, Evènements, Guerriers de l’imaginaire et Mythologies. En novembre prochain, je participe à une exposition collective « Hybridations », à l’espace 100ecs dans le 11ème à Paris. Je vais mettre en forme un dispositif qui va instaurer un dialogue entre les différentes icônes. J’ai collaboré avec une marque de vêtements ayant pour thème le métissage pour une collection capsule de tee-shirts. Créer un livre de contes ou de poésie autour des icônes avec un auteur créole est aussi un projet qui me tient à cœur.

Comment peut-on acheter vos créations ?

Ces créations sont disponibles à la commande, sous forme d’affiches, imprimés sur du papier de qualité et, selon l’icône, de dimensions variables. Me contacter par mail sur mon site thierrylo-imagineur.fr pour plus d’informations.

+ d’infos : https://thierrylo-imagineur.fr / www.facebook.com/thierrylo.imagineur / + de portraits ART SPECTACLE