En 1980, Aimé Césaire déclarait : "La Martinique sera indépendante tôt ou tard"
C'était il y a exactement 40 ans. Soit presque deux fois l'âge des activistes qui déboulonnent en ce moment les statues coloniales à Fort-de-France.
Il ajoutait même avec un brin d'ironie comme on le verra plus bas : "Les colonies, c'est comme les fruits : quand ils sont mûrs, ils tombent". Premier problème : 36 ans après la loi de 1946 (rapportée pourtant par lui-même à l'Assemblée nationale) qui avait transformé la Martinique de colonie à département d'Outremer, il considère, en 1980 donc, que celle-ci est encore une...colonie. 2è problème, toujours dans l'interview qu'on lira plus bas, il ajoute : "N'importe quel ilot est indépendant aujourd'hui !". Or, il suffit de jeter un regard rapide sur n'importe quel classement international en prenant pour critère, par exemple, le PIB ou le Revenu par Tête d'Habitant pour se rendre compte immédiatement que "ce n'est pas la taille qui compte", pour reprendre une expression bien connue mais dans un tout autre domaine.
En amoureux de l'Afrique qu'il était, Césaire aurait pu découvrir ceci :
La minuscule île Maurice se place loin devant le Niger, Madagascar, la Guinée, le Congo-Brazzaville, le Tchad, le Bénin, la Guinée-Bissau, le Togo ou encore le Libéria. Mieux : quand on compare le PIB de cet émirat pétrolier qu'est la Guinée équatoriale avec celui de Maurice, on est stupéfait de constater que ce dernier se place...devant elle alors que Maurice n'a ni pétrole ni gaz naturel ni manganèse ni cuivre !!! Donc parler d'"îlot" comme le fait Césaire, c'est ne pas comprendre que la bonne gouvernance d'une part et la formation des hommes de l'autre sont beaucoup plus importants que la superficie ou les richesses naturelles d'un pays.
Troisième problème : Césaire ajoute que "dans une première phase, il nous faudra l'autonomie". Mais où, quand, dans quel texte son parti, le PPM, a-t-il jamais défini l'autonomie DE MANIERE CONCRETE ? Car en parler de manière emphatique, lyrique, idéologique, comme il savait si bien le faire dans ses discours électoraux et comme continuent à le faire ses successeurs, n'engage à rien. Il existe pourtant des centaines de territoires autonomes à travers le monde : l'Irlande du Nord, la Catalogne, des dizaines de républiques autonomes à travers la Russie, les iles hollandaises de la Caraïbe (Aruba, Bonaire, Curaçao), Puerto-Rico etc... Quand le PPM est-il jamais allé voir comment fonctionnent concrètement ces différents territoires ? Non pas pour essayer de copier ou dupliquer leurs expériences mais pour s'en inspirer...
Qu'aujourd'hui, les petits-fils de la Négritude soient prêts à tout casser découle directement de cette incurie du PPM depuis plus d'un demi-siècle...
***
M. Aimé Césaire : la Martinique sera indépendante
Dans une interview publiée par Paris,-Match du 28 mars, M. Aimé Césaire, député apparenté socialiste de la Martinique, maire de Port-de-Prince, président du parti progressiste martiniquais (P.P.M., autonomiste), déclare notamment :
" Tôt ou tard la Martinique sera indépendante. Montesquieu le savait déjà. Les colonies, c'est comme les fruits : quand ils sont mûrs, ils tombent. Je suis sûr que les Antilles seront indépendantes bientôt. Regardez sur une carte comment nous sommes placés : la Dominique, Sainte-Lucie, Grenade, et j'en passe, sont indépendantes. N'importe quel îlot est aujourd'hui indépendant. Que Dijoud le veuille ou non, la Martinique sera indépendante. Nous sommes dans une situation telle (...) que ce sera difficile. Pour cette raison, dans une première phase, il nous faudra obtenir l'autonomie. Cette phase est nécessaire pendant un temps, car précipiter le pays tel qu'il est dans l'indépendance serait une catastrophe. Ce serait un trop grand choc. "
Commentant ces déclarations, M. Michel Renard, secrétaire départemental, du R.P.R., conseiller général, maire, de Marigot, a indiqué, jeudi 20 mars, à Fort-de-France, : " M. Aimé Césaire a enfin, après maints atermoiements, jeté le masque sur le véritable dessein de son parti qui est de prendre le pouvoir dans une Martinique indépendante (...). M. Césaire appelle clairement les Martiniquais à choisir la voie de l'indépendance par tous les moyens, s'appuyant avec le plus grand cynisme et la plus vile démagogie sur les quelques déclarations maladroites de membres du gouvernement (...). Nous dénions à M. Césaire le droit de parler au nom de la Guadeloupe et de la Guyane. "