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«Gagn frison sa lafoul-la»

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«Gagn frison sa lafoul-la»

Karen Walter
«Gagn frison sa lafoul-la»

Tout s’est bien passé hier malgré le nombre impressionnant de personnes rassemblées sur la place Cathédrale. La grand-messe citoyenne a peut-être pris fin hier, mais d’ores et déjà on parle d’«événement catalyseur» et du prochain rendez-vous qui aura lieu le 12 septembre à Mahébourg.

«Pravind tonn fote». «Morisien pa kouyon». «Gouvernman kriminel nou pa le». «Real eyes realise real lies». «Anou refer Moris. Enough is enough». «Gouvernman lev pake», «Prav-20 Out». «Soudire out». «Kot monn fote?». «If you are waiting for a sign, here it is». «Tiranny is spreading faster than Covid-19». «Kriz ekolozik. Sanz system pa zis gouvernma». «The power of the people is stronger than the people in power». «Flush Pinok». «Sel solution revolution». «Zot pe coule nou pei kouma Wakashio. Sov Moris». «Bats toi. Serre les poings et bats toi»....Les slogans brandis hier avec la même force et vigueur que le quadricolore par les participants lors de la marche citoyenne organisée par le travailleur social Bruneau Laurette à Port-Louis disent suffisamment. Suffisamment pour comprendre que le ras-le-bol et la colère qui pullulaient jusqu’ici sur les réseaux sociaux ont gagné la rue et en masse.

La marche a démarré Place de la cathédrale une demi-heure avant l’heure fixée en raison de la foule qui grossissait à vue d’œil.

À un moment, un participant devait même lancer à un de ses proches l’accompagnant : «Gagn frisson sa la foul la. Kouma dir ban meeting lontan».

Aussi vibrant que l’hymne national entonné en chœur à plusieurs reprises par les participants.

Pêcheurs, plaisanciers, skippers, amoureux de la mer, de la nature, employés de bureau, employés sur le pavé, artistes, travailleurs d’hôtels, proches d’employés de bateaux de croisière, pour ne citer que ces Mauriciens sont venus des quatre coins de l’île, vêtus au couleur de la «marenwar» et quadricolore, ravanne et vuvuzela en main. Chacun avec ses revendications. Au cœur de tout ça, le fioul déversé par le MV Wakashio et les dauphins morts restent encore en travers de la gorge.

Comment passer à côté de ces échanges entre deux amies à hauteur du Musée d’histoire naturelle : «Oblize vini ma chère. Nounn bien soufer. Pa fasil. Atann nou gété ki pou arivé aster».

Abdool Jalill Ahmadi, un ancien arbitre de 92 ans, habitant Champ de Mars, a tenu lui aussi à prendre son bâton de pèlerin, pour ne pas ainsi dire sa canne, pour ne rien rater de ce jour «mémorable».

 «Mo slogan se mo pei avan tou. Retourn mo paradis perdi. Met bann zen travay pou sa pei-la pou l’avenir nou zanfan.»

Le parcours des manifestants a démarré à la Place de la cathédrale, passant devant la mairie de Port-Louis, puis le bâtiment du Trésor, pour rallier la Chaussée, Édith Cavell et enfin la rue John Kennedy à hauteur de la Rogers House. À un moment donné, alors que le peloton de tête était déjà arrivé à la rue John Kennedy, d’autres manifestants étaient encore à hauteur de la Place d’Armes. La foule était telle que des groupes de participants ont également terminé le parcours en ordre dispersé.

L’on retient également que cette marche avec des protestations très vocales par moments, s’est déroulée sans heurt au grand dam des oiseaux de mauvaise augure qui se sont manifestés ces précédents jours.

«Seki bizin konpran, sa evennmanla enn katalyzer», devait lancer dans la foulée, un citoyen.

Ce rassemblement historique où même les politiques de l’opposition présents se sont fondus dans la masse, s’est clôturé aux rythmes du poignant Sime la limier de Kaya.

«Zordi-la enn koumansman sa. Gran mersi tou inn pas bien. Rendezvous le 12 septembre», devait conclure le citoyen Bruneau Laurette à 15 heures, hier.


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