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Marie-Galante, au large de la Guadeloupe, souffre de sa "double insularité"

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Marie-Galante, au large de la Guadeloupe, souffre de sa "double insularité"

Marie-Galante, au large de la Guadeloupe, souffre de sa "double insularité"

Sur le marché aux poissons de Grand-Bourg à Marie-Galante, entre les étals de perroquets bleus et de "gros yeux", les clients se plaignent des prix, beaucoup plus élevés qu'en Guadeloupe, à une heure de bateau de là.

Jacques Jernival-Cornado est venu avec sa femme et ses deux filles passer quelques jours sur cette île rendue célèbre par une chanson de Laurent Voulzy. "On est obligé de jouer le jeu, mais tout est beaucoup plus cher ici que de l'autre côté", dit-il.

Monique, auxiliaire de vie, est marie-galantaise d'origine. Maman de quatre enfants, elle se plaint de ce litre d'huile payé 2,40 euros au lieu des 1,09 à Pointe-à-Pitre.

Pendant la grève générale, les magasins n'ont pas baissé leurs rideaux, sauf deux jours, et les voitures n'ont pas flambé. Mais les revendications du collectif guadeloupéen LKP, qui se bat contre "la vie chère", ont trouvé un large écho.

Derrière un paysage de champs de canne à sucre verts qui s'avancent vers des plages carte-postale, sable blanc, cocotiers et eau turquoise à 27 degrés, la réalité n'est pas réjouissante: 31% de chômage et une explosion de la précarité, avec 819 rmistes en 2009 contre 505 en 1997. Au supermarché Bagg Cash, les clients remplissent leurs chariots, l'oeil rivé sur les étiquettes. Pour certains, c'est "30% plus cher" qu'en Guadeloupe.

Le gérant Eric Le Maistre, un créole blanc, parle de 10% en moyenne et "parfois beaucoup plus" mais renvoie la faute sur les taxes et le coût du transport.

"Un container que je fais venir d'Amiens a une valeur marchande de 16.000 euros. Quand il arrive chez moi, je suis à 27.000. L'eau est multipliée par 400%. Après, je fais ma marge pour essayer de vivre et payer mes 10 employés", explique-t-il, affirmant être "dans le rouge depuis quatre ans".

Pour Philippe Bavarday, qui préside un collectif des socioprofessionnels des îles du sud de la Guadeloupe, Marie-Galante est "dans une situation d'effondrement". "Il y avait cinq usines à sucre, il n'en reste plus qu'une et sur 16 distilleries de rhum, 13 ont disparu", constate-t-il amèrement.

Il se plaint d'engagements non tenus par l'Etat, qu'il ne cesse d'alerter par courrier. "Quand Nicolas Sarkozy était ministre de l'Intérieur, assure-t-il, il nous avait promis une zone franche multi-activités. Elle est aujourd'hui réduite à la portion congrue alors qu'on a besoin d'investissements massifs".

Au milieu des cannes à sucre agitées par le vent du large, Paul Dongal, agriculteur, enrage aussi. Avec un revenu de 600 euros par mois, il juge que la situation "est invivable" en raison de "la double insularité".

"Quand j'ai besoin de tuyaux pour irriguer, il faut que j'aille à Pointe-à-Pitre. La journée me revient à 100 euros", explique M. Dongal, qui réclame "un véritable plan d'urgence" pour les Marie-galantais.

Le projet de loi de développement économique pour l'Outre-mer, dont le Parlement doit débattre en mars, prévoit un effort financier pour les zones rurales, notamment celles des îles du sud de la Guadeloupe. "Dans ma famille de sept frères et soeurs, on est deux à être restés", constate Philippe Boucaut. Mais malgré les difficultés, ce pêcheur de 37 ans n'a pas l'intention de prendre le large.

En une vingtaine d'années, le nombre d'habitants a été divisé par près de deux, passant de 30.000 à 17.000. Les trois maires de l'île ont appelé les autorités à organiser des "assises du développement" spécifiques à Marie-Galante pour endiguer cet "exode massif".


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