Roland Thésauros monté an filao
Germain BEAUTIN
Rolland Thésauros que ses camarades nationalistes appelaient Tézo est l’un des pères fondateurs du nationalisme guadeloupéen. Par conviction anticolonialiste, il refuse de faire la guerre d’Algérie et rejoint les rangs de l’ALN avec ses camarades Daniel Boukman, Sonny Rupaire, Aude Ferly, Guy Cabort-Masson.
Tézo restera 10 ans en Algérie, il deviendra un universitaire renommé et un conseillé ministériel écouté. Il rentre en Guadeloupe en 1973 et se met au service de la lutte pour l’indépendance de son pays.
Il est élu a son arrivée en Guadeloupe directeur de la faculté de droit puis président du centre universitaire des Antilles Guyane. Il est le principal artisan de sa transformation en université de plein exercice.
Thésauros est membre fondateur de l’UPLG, du syndicat SGEG qui deviendra le SPEG et de l’association des parents d’élèves FAPEG.
A la fin des années quatre-vingt, le mouvement indépendantiste est à la croisée des chemins, Thésauros se fait violence et amènent ses camarades de l’UPLG à abandonner un discours anti électoral vieux de trente ans. Il voit son mouvement se diviser et ses camarades se déchirer sur la question électorale. Beaucoup lui en tiendra rigueur. Il en a gardé une plaie jamais cicatrisé.
Il a ensuite amené son organisation à revoir ses objectifs politiques face à l’évolution de la Guadeloupe, à l’intégration à l’Europe, et à la volonté populaire du statut quo. Il a été l’un des artisans de l’abandonnant de l’objectif immédiat de l’indépendance pour la revendication d’un nouveau statut de collectivité nouvelle.
Tézo avait pour morale politique la compétence, l’incorruptibilité, la loyauté, l’intégrité et la probité. Il ne supportait pas le népotisme, la corruption, le clientélisme et le favoritisme. L’un de ses principaux traits de caractère était la modestie.
Tézo, ses dernières années, était particulièrement inquiet de l’avenir de la Guadeloupe. Pour caractériser la situation du pays, il employait les mots de déliquescence et dilution. Il observait le peuple guadeloupéen en perte de repère et de morale et il voyait sa dilution dans la mondialisation économique, sociale et culturelle.
Il gardait espoir, malgré tout, en la capacité de résistance des guadeloupéens et espérait un sursaut salvateur de la jeunesse.
Germain BEAUTIN