Etat et justice, sachez que les Martiniquais n'accepteront jamais la prescription dans le scandale du chlordécone !
La démonstration de ce samedi matin 27 février a-t-elle été suffisamment claire pour l'Etat français et sa justice ? Ont-ils saisi le message ?
En effet, des milliers de Martiniquais de tous âges, de toutes obédiences politiques, associatives, religieuses etc. ont déferlé dans les rues de Fort-de-France pour clamer leur REFUS DE LA PRESCRIPTION d'une part et pour exiger que responsables de ce crime contre la Martinique soient traduits devant les tribunaux au plus tôt.
On sait, en effet, que les magistrats qui instruisent l'affaire ont annoncé aux avocats des parties civiles (les associations écologiques ayant déposé plainte en justice pour "mise en danger de la vie d'autrui et empoisonnement") que des documents auraient été perdus ou égarés. Il s'agit très probablement de documents douaniers concernant l'importation du chlordécone par des Békés dont tout le monde connaît les noms. Cette "disparition" a tout l'air d'une plaisanterie, d'une très mauvaise plaisanterie et il est hors de question que les Martiniquais l'acceptent !
Déjà que l'affaire du chlordécone a été délocalisée sans raison valable auprès du tribunal de Paris comme celles du CREDIT MARTINIQUAIS et du CEREGMIA, il n'est pas acceptable que la justice française se moque des Martiniquais et fasse mine d'ignorer les graves conséquences écologiques, sanitaires et économiques que l'usage inconsidéré du chlodécone a provoqué : pollution de nos terres agricoles, de nos rivières, de nos nappes phréatiques et de nos rivages ; développement de toutes sortes de maladies parmi lesquelles le cancer de la prostate dont la Martinique détient le (triste) record du monde ; éradication de l'aquaculture et fragilisation durable de la pêche etc...
Il s'agit d'un CRIME contre les Martiniquais et la puissance de tutelle à savoir l'Etat ne peut détourner le regard et invoquer la séparation des pouvoirs pour ne pas amener la justice à faire son travail dans ce dossier à savoir tout simplement faire...justice. La Martinique est déjà l'objet de problèmes suffisamment graves (chômage endémique, bétonisation à outrance d'un territoire exigu, vieillissement accéléré de la population, trafic de drogue etc.) pour encore subir sans broncher les ravages du chlordécone. IMPOSSIBLE !
Une certaine justice-sous-les-cocotiers a la fâcheuse tendance à absoudre les puissants et à punir sévèrement les petits délinquants. Cela doit cesser ! On nous bassine à longueur de journée que nous avons la chance de vivre dans un état de droit, fort bien ! Mais alors pourquoi ce même droit ne s'applique-t-il pas de la même manière à tout un chacun, à tout le monde ? Pourquoi certains bénéficient-ils de passe-droit et pas d'autres ? Que signifie cette justice à deux vitesses ?
En tout cas, la manifestation de ce matin constitue un avertissement. Un premier avertissement ! Si l'Etat et sa justice ne rectifient pas le tir dans les meilleurs délais, il y a gros à parier que la mobilisation ira en s'amplifiant car un nombre grandissant de Martiniquais a fini par comprendre l'ampleur du problème. Et dès lors, que les beaux esprits ne viennent pas se plaindre de "débordements" ou d'"actes de vandalisme" comme ils en ont l'habitude ! Qu'ils n'essaient pas de nous endormir avec leurs discours lénifiants !
La balle est désormais dans le camp de l'Etat français et de sa justice !