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Le créole reconnu comme langue de l’administration à La Réunion

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Le créole reconnu comme langue de l’administration à La Réunion

Manuel Marchal
Le créole reconnu comme langue de l’administration à La Réunion

L’adoption le 8 avril dernier par l’Assemblée nationale de la loi sur la protection et la promotion des langues régionales a des effets sur d’autres secteurs que l’éducation. Toutes les administrations sont concernées. 

Ainsi, l’article 8 stipule que : « Les services publics peuvent assurer sur tout ou partie de leur territoire l’affichage de traductions de la langue française dans la ou les langues régionales en usage sur les inscriptions et les signalétiques apposées sur les bâtiments publics, sur les voies publiques de circulation, sur les voies navigables, dans les infrastructures de transport ainsi que dans les principaux supports de communication institutionnelle, à l’occasion de leur installation ou de leur renouvellement ».

Il est complété par un article 9 qui précise que :

« Les signes diacritiques des langues régionales sont autorisés dans les actes d’état civil. »

L’écriture créole dans les actes d’état-civil

Ces deux articles affirment la reconnaissance dans l’espace public de l’utilisation des formes écrites des langues régionales.

A La Réunion, des collectivités, l’Etat et des publicitaires n’ont pas attendu cette loi pour promouvoir le créole dans l’espace public. Plusieurs communes ont ainsi signé une Charte du bilinguisme donnant la possibilité aux usagers d’être accueilli dans leur langue maternelle. Cette charte prévoit aussi l’utilisation d’affichages bilingues. L’État utilise aussi le créole dans des campagnes de communication. Enfin, il n’est pas rare de lire du créole sur les grands panneaux publicitaires.

La nouveauté, c’est l’autorisation de l’utilisation des accents de l’écriture créole dans les actes d’état-civil, c’est-à-dire d’une écriture différente du français. Ainsi, avec la reconnaissance du créole en tant que langue d’enseignement, celle de l’utilisation de la langue créole écrite dans des actes administratifs et dans l’espace public permet d’envisager une société réunionnaise dont la langue créole maternelle sera considérée comme l’égale du français.

Cela signifie notamment la fin du combat d’arrière-garde mené contre le créole à l’école. Encore l’an dernier, un enseignant a fait l’objet de réprimandes de sa hiérarchie pour s’être exprimé en créole lors d’une réunion.

Coup porté au néo-colonialisme

Le vote de cette loi permet de mesurer tout le chemin parcouru depuis l’époque où un vice-recteur de La Réunion appelait à « fusiller le créole ». Elle fait désormais du créole réunionnais une langue reconnue officiellement comme langue de l’administration au même titre que le français.

Cette reconnaissance est un coup sans précédent porté au néo-colonialisme. Rappelons que le néo-colonialisme vise à utiliser La Réunion comme un centre de recyclage des transferts publics en bénéfices privés de grandes sociétés rapatriés en France. Cette politique prospère sur le non-développement de La Réunion, elle s’appuie sur le déni du peuple réunionnais, et donc de sa langue.

A partir du moment où le Réunionnais aura pris pleinement conscience de ce qu’il est réellement, le néo-colonialisme aura du souci à se faire. Cette prise de conscience passe par la reconnaissance du créole en tant que langue à part entière.

M.M.

Date: 
Dimanche, 18 Avril, 2021 - 21:04

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