Bus de Fortde-France à l'arrêt : l'indignation d'une citoyenne
Coup de gueule pour faire cesser un blocage de bus incompréhensible !
Et ça recommence… à Fort-de-France, les bus sont à l’arrêt !
Pourquoi… les bus sont-ils à l’arrêt sans que le citoyen lambda ne comprenne le sens de ces droits de retrait ?
Pourquoi de tels dysfonctionnements… à la veille d’élections territoriales ?
Pourquoi…messieurs (et mesdames) les chauffeurs arrêtez-vous de conduire et d’emmener les personnes où bon leur semble ?
Pourquoi, compatriotes martiniquais de telles attitudes sans égard pour les nôtres ?
Pourquoi ce BLOCAGE de la population, du pays ?
Quand la capitale se retrouve sans transport, c’est tout le pays qui souffre. Peut-on imaginer un tel scénario ailleurs, dans une capitale de Sainte-Lucie, de la Dominique, en France hexagonale,… ?
Non, c’est inconcevable en 2021 !
Compatriotes martiniquais.e.s, quand pourrons-nous jouir d’un transport normal, je dis juste normal… comme ce qui se fait ailleurs… ?
Les chauffeurs de bus se sont octroyés le pouvoir de décider ou non du droit de transport dans un pays, ça, ce n’est pas normal.
Car ce sont toujours les mêmes qui souffrent, trinquent et sont lésés : les jeunes, les travailleurs et travailleuses, les personnes âgées, les touristes… toute une population « à pieds », contrainte d’imaginer des solutions de recours, souvent très douloureuses : rester chez soi, payer couteusement un taxi de place, se débrouiller avec des proches véhiculés, faire du stop (avec les risques que cela comporte en situation de Covid), reporter des rendez-vous médicaux…
Une somme de situations liées à une volonté injustifiée, irrationnelle, et surtout antipathique, car a-t-on pensé un seul instant à ces victimes ?
Oui, justement, ce sont elles qui selon moi, sont au cœur de ce type de décisions, et je m’explique.
Quand les bus sont à l’arrêt, ce sont les concessionnaires qui en profitent, car à force de subir les irrégularités des bus, se forme inéluctablement le projet d’acquérir enfin sa propre voiture ;
Quand les bus sont à l’arrêt, ce sont les banques, les organismes de crédit qui s’enrichissent, crédits que bien souvent, nombre de débiteurs parviennent à solder ;
Quand les bus sont à l’arrêt, ce sont les compagnies d’assurance qui en bénéficient, car s’ensuit la chaîne de démarches à faire pour être en règle ;
Quand les bus sont à l’arrêt, ce sont les compagnies de carburant qui spéculent, amassent, amassent et encore amassent ;
Quand les bus sont à l’arrêt, ce sont les institutions étatiques (impôts, police,…) qui se régalent avec divers tributs (taxes, pv, etc.) ;
Quand les bus sont à l’arrêt, ce sont nous tous, les citoyens que l’on taxe, car voyons, c’est de l’argent public qui finance les compagnies de transport…
Quand les bus sont à l’arrêt, ce sont les autorités qui se moquent de notre incapacité à dialoguer pour un meilleur fonctionnement du pays sans l’intervention de l’état… et nos élus le savent.
Quand les bus sont à l’arrêt, c’est tout un système (lequel ?) qui se délecte de voir, par exemple des parents contraints de solutionner le problème de déplacement de leur fille ou de leur fils par l’achat de voiture « neuve de préférence pour qu’il n’ait pas de problème sur la route » ?
Et ainsi de suite…
En somme, qui a intérêt à ce qu’il y ait massivement des titulaires du permis ? et ce nombre incalculable de voitures sur les routes, entraînant les multiples embouteillages que l’on connaît et une pollution faisant suffoquer notre si petit pays à tous les niveaux ? Qui ?
Les jeunes, et toute la population « à pieds » en général, lassés, dégoutés, résignés, sont les principales victimes de ce transport mal organisé, désorganisé, non organisé.
Ils sont particulièrement visés dans ce processus d’acquisition : des proies faciles qui subissent sans le savoir, peut-être, un système de dépendance à la voiture, et ce, avec la participation et la complicité inconsciente des parents.
Car qui souhaite que son enfant rate un examen ?
Qui peut tolérer que son enfant se fasse agresser en faisant du stop ?
Qui est peut accepter que sa fille ou son garçon endure l’attente sous le soleil torride ?
Ce questionnement incite et contraint les parents, notamment ceux qui en ont les moyens, à opter pour une solution pas toujours simple, mais radicale en favorisant l’acquisition d’un véhicule pour son enfant. C’est peut-être compréhensible, mais c’est encourager la logique des inégalités, des dysfonctionnements, des injustices !
Mais souvent à quel prix ?
Parfois ils s’endettent, car un véhicule de plus dans le foyer signifie des charges supplémentaires qu’ils doivent assumer. Car n’oublions pas, une voiture s’entretient (carburant, révision technique, mécanique…). Elle doit être assurée, être conforme à toutes sortes de règlementation.
Mais tous les parents n’ont pas les moyens de répondre à cette situation par la l’achat d’une voiture. Ni toute la population « à pied » de contracter un crédit.
Or, bien souvent, le véhicule qui devait servir au départ à faciliter le déplacement dans un projet d’étude d’un jeune, s’en voit détourné de son objectif premier.
Bien des jeunes, nouveaux « propriétaires » de leur voiture, avec toutes les charges que cela comprend, se voient contraints d’abandonner leurs études, et partent à la recherche d’un emploi, un relai souvent nécessaire pour relayer la situation d’endettement des parents… Au mieux, certains pourront concilier vie professionnelle et cursus scolaire, mais combien finiront par abandonner sans diplôme, sans qualification, sans rien…
Et l’on feint de comprendre pourquoi tant de nos jeunes se retrouvent sans projet, sans diplôme, sans rien… Non pas sans rien ! Ils auront pour le moins obtenu le sésame, le permis, ce « diplôme » d’un nouveau genre qui fait rage en Martinique, mais qui, malheureusement finissent par atterrir dans les poches du chômage, de l’errance, de l’oisiveté… une voiture, ç s’entretient, et tout le monde n’a pas la capacité financière d’en avoir une.
Alors, quand cessera ce transport « ou wèy ou pa wèy » ?
La population « à pieds », mais surtout les jeunes, y compris les « voiturés », nous tous avons droit à un transport régulier, viable, ponctuel, matin, midi, soir, à toute heure, tous les jours, toute l’année.
Le droit de circuler est un droit, il ne doit pas être aliénable. Ce droit d’aller où et quand bon nous semble circuler, pour étudier, pour nos loisirs, nos déplacement en tout genre, ne doit être en aucun soumis au diktat de chauffeurs, d’un syndicat, d’une collectivité…
Nous avons le DEVOIR d’exiger dorénavant qu’on nous garantisse un service de transport optimal, respectueux de l’humain, de ses obligations, de la valeur du temps et de l’argent.
Tout simplement, un transport normal, RESPONSABLE et responsabilisant.
C’est le devoir de tous de le réclamer !
C’est maintenant !
P. C. (une citoyenne foyalaise)