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Haïti : mercenaires, traque, pouvoir vacant... ce que l’on sait après l’assassinat du président

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Haïti : mercenaires, traque, pouvoir vacant... ce que l’on sait après l’assassinat du président

Léonard Attal ("AFP/Le Parisien")
Haïti : mercenaires, traque, pouvoir vacant... ce que l’on sait après l’assassinat du président

Le président Jovenel Moïse a été assassiné dans sa résidence de Port-au-Prince dans la nuit de mardi à mercredi par un commando d’une trentaine de mercenaires.

L’assassinat du président haïtien, en poste depuis 2017 est survenu dans la nuit de mardi à mercredi dans un climat sécuritaire et politique particulièrement chaotique. Dans les heures qui ont suivi l’annonce du décès par le Premier ministre sortant Claude Joseph, les rumeurs ont circulé rapidement. Gangs, opposants, commando de mercenaires ? Voici ce que l’on sait de l’assassinat de Jovenel Moïse, qui laisse un pouvoir vacant à la merci des flous constitutionnels.


Des meurtriers colombiens et américains


« Nous pensons qu’il s’agit de mercenaires » a déclaré l’ambassadeur haïtien aux États-Unis, Bocchit Edmond, pour qui le président Moïse a été la victime de tueurs « professionnels » dans une « attaque bien orchestrée ». Dans sa prise de parole, le Premier ministre haïtien Claude Joseph, remplacé il y a moins de 48 heures par le médecin Ariel Henry, a ajouté que les assaillants étaient « des étrangers qui parlaient l’anglais et l’espagnol ». Le lendemain soir, en conférence de presse, il a annoncé que le commando était composé de 28 assaillants (26 Colombiens et deux Américains d’origine haïtienne).


Claude Joseph aussi précisé que quinze Colombiens et les deux Américains avaient été arrêtés, et que trois Colombiens ont été tués. La police était à la recherche des huit assaillants encore en fuite. La police et l’armée colombienne ainsi que le département d’État américain ont affirmé coopérer à l’enquête haïtienne. Le ministre colombien de la Défense Diego Molano a précisé qu’au moins six des suspects colombiens seraient « d’anciens membres de l’armée ».


Les commanditaires


Le président Jovenel Moïse n’avait pas que des amis. L’ambiguïté autour de la durée de son mandat, qu’une majeure partie de l’opposition estimait achevé depuis le 7 février dernier, avait exacerbé les tensions à Haïti, où la population subit déjà la violence inouïe des nombreux gangs. « Nous avons déjà en main les auteurs physiques et nous sommes à la recherche des auteurs intellectuels », c’est-à-dire le ou les commanditaires, a relevé Léon Charles, le directeur général de la police nationale d’Haïti.


Quelques jours avant son décès, le président Moïse avait pris position contre les gangs de Port-au-Prince, responsables selon lui du basculement de la capitale en « une zone de non droit » qui empêchait le lancement de la campagne de vaccination contre le Covid-19.


Un pouvoir vacant


Après l’assassinat, le Premier ministre par intérim Claude Joseph est apparu comme le responsable assurant de facto le pouvoir. Il a déclaré « l’état de siège », renforçant les pouvoirs de l’exécutif pour quinze jours. Seulement, Jovenel Moïse avait nommé lundi Ariel Henry, un médecin, à la fonction de Premier ministre. Il était chargé d’organiser de nouvelles élections, dans un contexte politique particulièrement instable : Claude Joseph était en poste que depuis trois mois.


Selon le nouveau Premier ministre, qui n’a pas encore prêté serment, Claude Joseph « n’est plus Premier ministre » et a repris ses anciennes fonctions de ministre des Affaires étrangères. Ariel Henry appelle toutefois au dialogue et au consensus, tout en affirmant être le seul Premier ministre nommé. De nombreux responsables de l’opposition ont eux accusé Claude Joseph de s’être approprié le pouvoir de façon illégitime. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a téléphoné au Premier ministre sortant mercredi, précisant bien avoir parlé au « Premier ministre par intérim » d’Haïti.


Washington a par ailleurs appelé Haïti à maintenir les élections législatives et présidentielle prévues d’ici fin 2021. En cas d’empêchement du président, la Constitution haïtienne prévoit que la transition au pouvoir soit assurée par le Parlement. Mais cette institution est paralysée depuis plus d’un an. Quant au président de la Cour de cassation, au sommet du pouvoir judiciaire, il est récemment décédé du Covid-19.


Un pays totalement à l’arrêt


Jeudi, la capitale Port-au-Prince était une ville morte, comme toutes les villes de province. Les magasins, les banques, les stations-service et les petits commerces ont notamment gardé portes closes. L’aéroport de Port-au-Prince a été fermé. La République dominicaine a immédiatement fermé sa frontière de 380 km avec Haïti et a renforcé la sécurité dans la zone.


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