En Guadeloupe, le professeur Bernard du CHRU de Tours réorganise les urgences

Parmi les huits soignants tourangeaux envoyés en renfort dans les Antilles pour faire face à une terrible quatrième vague de Covid-19 figure le chef du service des maladies infectieuses du CHRU de Tours, le professeur Louis Bernard. Déjà engagé depuis le début 2020 dans la lutte contre le virus, le médecin tourangeau n'a pas hésité à partir pour prêter main forte à ses collègues antillais.

Arrivé depuis quelques jours à Point-à-Pitre (Guadeloupe), il a livré ses premières impressions à la NR, par téléphone.  Il décrit une situation difficile pour la population comme pour les soignants.

"Un tri des patients à partir des urgences"

"La première mission à laquelle je me suis attelé, explique-t-il, c'est de réorganiser les urgences. L'hôpital de Point-à-Pitre n'était pas organisé pour faire face à cet afflux massif. Il y a une désorganisation complète. D'entrée, il a fallu mettre en place un tri des patients, à partir des urgences. Cela veut dire qu'on doit faire en sorte de privilégier le retour à domicile avec de l'oxygène quand c'est possible. On a environ 70 patients Covid qui arrivent chaque jour aux urgences. Et la réanimation est pleine avec 56 patients plus 25 autres qui sont dans un état critique en dehors de la réa. Ainsi que 109 personnes hospitalisées en soins conventionnels."

Près de 70 patients arrivent chaque jour aux urgences de Point-à-Pitre.
© Photo Louis Bernard

Le pic de l'épidémie n'est pas encore atteint, selon le professeur Bernard. "On est au pic des contaminations donc les hospitalisations vont encore augmenter dans les jours qui viennent, indique-t-il. C'est une situation qui va durer sans doute deux mois."

Avec pour les soignants, un dilemne qui risque de se poser de plus en plus. "C'est clair qu'on va devoir faire des choix entre les patients, en fonction de l'âge et des comorbidités", reconnaît le professeur Bernard.

Des renforts déjà très éprouvés

Le médecin tourangeau a constaté la force du sentiment antivax qui est largement partagé dans la population. "Même dans le milieu hospitalier, il n'y a pas assez de soignants vaccinés, poursuit-il. Il y a des personnels touchés eux-mêmes par le Covid, d'autres qui sont en vacances. Cela rend la situation encore plus difficile. Ce conflit antivax renforce les tensions dans l'île, c'est très compliqué.  Certains ne sont toujours pas convaincus de l'intérêt de la vaccination, même avec un proche en réanimation."

Le professeur Bernard souligne aussi la difficulté de cette situation pour les soignants. "Dans les renforts, on a des jeunes internes qui sont confrontés pour la première fois à une crise terrible, commente-t-il. Il y a une mortalité importante et forcément, cela a un retentissement psychologique pour ces jeunes soignants." 

Des renforts qui sont déjà fatigués par des journées de travail de douze heures intenses et éprouvantes.