L'hommage de Karl Paolo à André Constant
André CONSTANT, grand militant communiste martiniquais, lunettier de profession, unanimement reconnu pour sa droiture et son dévouement à la cause des plus humbles, a quitté ce monde la semaine dernière. Son neveu, Karl PAOLO, lui a ainsi rendu hommage...
Mon cher Tonton André
Au moment de t’adresser quelques mots pour la dernière fois, je te demande de me donner la force de te parler.
Je te les adresse au nom de la famille, ton épouse, Crocro, ma tante bien aimée, tes enfants, Fatou, Boubi et Didine qu’affectueusement tu appelais cœur de jasmin ou edelweiss, tes petits-enfants, Soran, Yann, Ruben Théa et Kim pour te dire combien nous t’aimions et que nous t’aimons toujours.
J’associe mes enfants Natacha et Sascha que tu aimais.
Aussi loin que je remonte dans ma mémoire, tu es présent avec Crocro.
En compagnie de mon vieux frères Fatou, tu nous faisais travailler le dimanche matin avant de nous autoriser à aller jouer. Tu nous faisais lire en respectant la ponctuation et en comprenant ce que nous lisions.
Tu nous as éduqué, élevé, ouvert notre esprit et notre cœur sur la Martinique et ses habitants, sensibilisé au sort des plus humbles.
Tu nous as fait découvrir notre pays, racontant toujours une anecdote sur chacun des lieux traversés. Tu nous as fait connaitre Sainte-Anne de fonds en combles, grâce aux parties de pêche mémorables, au cours desquelles, même si nous prises étaient faibles, nous avions le bonheur d’être ensemble.
Nous avons passé avec toi d’innombrables moments inoubliables, ponctués de parties de belote, jeu que tu nous avais appris, à Fatou et à moi, au Morne-Rouge alors que nous étions encore des enfants.
Adolescent, âgé de presque 14 ans, tu m’as accueilli chez toi alors que j’étais parti de chez mon père, sans l’ombre d’une hésitation malgré les risques, simplement par amour pour moi, me traitant comme l’un de tes enfants.
Tu as fait de nous ce que nous sommes, des hommes et des femmes honnêtes et droits, réfléchissant par eux même et capable d’exercer leur esprit critique. Nous n’étions pas toujours d’accord mais tu savais faire preuve de cette sérénité et cette tranquillité qui te caractérisaient et ainsi, apaiser nos passions.
Pour tout cela, merci Tonton André !!!
Dans les difficultés, tu étais toujours là et je ne peux oublier ta présence réconfortante quand j’ai été injustement incarcéré et que tu me rendais visite à la maison d’arrêt de Fort-de-France.
Tous ces souvenirs sont gravés dans notre mémoire à jamais et nous ne les oublierons pas.
Ce que tu étais pour nous, tu l’es toujours !
Ce qui nous faisait rire ensemble continuera à nous faire rire et ainsi, tu continueras à vivre parmi nous !
Je tiens d’ailleurs à te faire une promesse solennelle dont je n’ai pas parlé à tes enfants mais qu’ils partageront, j’en suis certain ; celle de rester unis comme les doigts d’une main pour entourer Crocro de notre affection et de notre amour afin de l’aider à atténuer sa peine et la nôtre.
Tu ne pars pas, mon cher Tonton André, tu es seulement passé dans la pièce à côté.
Ce n’est pas parce que nous ne pouvons plus te voir que tu ne seras plus dans nos pensées !!! Au contraire.
Et puisque tu vas entrer dans la pièce d’à côté, je te souhaite de bonnes parties de belote avec ton frère, Tonton Auguste, mon papa, Victor et Tonton René, parti l’année dernière.
Au revoir Tonton André !!!