Il refuse d'être juré: "Le procès politique" de l'indépendantiste Bernard Grondin
Il s’agirait "du premier procès politique à La Réunion depuis bien longtemps". C’est en tout cas en ces termes qu’est qualifiée la comparution de Bernard Grondin, porte parole du mouvement indépendantiste Lorganizasion popilèr po libèr nout pèi (LPLP), prévue pour le 26 janvier prochain devant le tribunal correctionnel de St-Denis.
L’affaire remonte à juin 2013, le porte parole du mouvement indépendantiste a été tiré au sort pour tenir le rôle de juré titulaire pour une session d’assisses. Une désignation qu’il refusera "pour une question de principe. Je suis actif dans un mouvement politique, journaliste et directeur de la publication d’un journal indépendantiste qui dénonce de surcroit les méfaits du système colonial, en y participant j’aurai cautionné ce système", proteste Bernard Grondin.
Il décide donc d'informer par courrier le procureur, le préfet et le président de la cour d’appel de sa décision quelques jours plus tard. Un refus qui lui vaudra comme le prévoit la loi d’être condamné à une amende de 1000 euros par la cour d’assises de St-Denis. Être juré d’assises est un devoir civique obligatoire. On ne peut s’y soustraire par conviction personnelle, morale, religieuse mais seulement qu’en cas de motif grave, justifié par un certificat médical notamment .
Un appel à la mobilisation contre "la justice coloniale" lancé
"Je n’ai appris ma condamnation qu’un an et demi plus tard par voie d’huissier", s’indigne-t-il. "Aujourd'hui on en est à près de 4 ans de procédure pour quelque chose d’aussi banal ".
Pour l’indépendantiste, cette affaire trouverait son origine quand son journal a diffusé en février 2013 "une édition spéciale sur des magouilles à Etang-Salé". "Comme par hasard un mois plus tard j’étais tiré au sort", s’étonne-t-il.
Résolu à faire valoir ses convictions, Bernard Grondin a décidé de faire appel de sa condamnation. Il devra se présenter devant le tribunal correctionnel la semaine prochaine. "On me prend pour un criminel", lance-t-il.
Habitué à mener des combats, l’indépendantiste appelle à "la mobilisation de tous les Réunionnais qui ont à coeur de soutenir un principe, de défendre une vrai justice". "Nous ne sommes pas des dézodèr, mais avons pour but de faire un travail de conscientisation"précise-t-il avant de donner, " à tous ceux qui ont été les victimes de cette justice colonial" , rendez-vous devant le tribunal de Champ-Fleuri jeudi 26 janvier prochain à 11h. Quelle que soit la décision de la justice, Bernard Grondin l’affirme, il ne tournera pas le dos à ses principes mais ne fera pas appel non plus.