Raphaël Confiant : "La mafia ne règnera plus jamais sur notre université !"
Ce jeudi 1er septembre a eu lieu la rentrée solennelle de l'Université des Antilles sur le campus de Schoelcher. Dans un Hall des sports bondé, étudiants, parents d'étudiants, administratifs et enseignants ont écouté les allocutions de divers officiels. Nous donnons à lire ci-après la très brève allocution prononcée par Raphaël CONFIANT qui, dès le 05 juillet dernier, avait mis fin à ses fonctions de doyen de la Faculté des Lettres et Sciences humaines...
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Chers étudiantes et étudiantes,
Chers collègues enseignants, administratifs et personnels de service,
Démissionnaire, le 05 juillet dernier, du poste de doyen de la Faculté LSH que j'ai occupé au cours des 3 dernières années, la gouvernance de notre université m'a désigné pour expédier les affaires courantes jusqu'au 3 septembre c'est-à-dire jusqu'à ce samedi. Après cette date, un doyen intérimaire occupera ce poste jusqu'à fin septembre, moment où auront lieu de nouvelles élections.
Je tiens à saluer tout d'abord les étudiants de 1è année, ceux qui ont fait confiance à notre établissement et singulièrement à la Faculté LSH. Je pense en particulier aux étudiants guadeloupéens, guyanais, métros et autres dont la présence sur notre campus est indispensable pour éviter un entre-soi néfaste, présence qui ouvre leurs camarades martiniquais à une autre vision des choses. Fraîchement bacheliers, vous vous apprêtez à changer de vie car l'université n'est pas le lycée et vous découvrirez qu'ici une plus grande marge de liberté vous est laissée pour organiser votre travail, liberté qu'il ne faudra pas gaspiller en futilités. Vous êtes ici pour acquérir une formation et pour vous projeter__et là, je pense aux étudiants de 2è, 3è année et Masters__vous projeter, disais-je, dans un avenir professionnel. Trop d'étudiants, faute de comprendre cela redoublent, ne cessent de redoubler, avant pour beaucoup de quitter l'université. de guerre lasse. C'est dommage ! Vous avez tous et toutes les capacités vous permettant d'obtenir un diplôme pour peu que vous y mettiez du vôtre.
Nous les enseignants sommes à votre service et j'en profite pour saluer les nouveaux enseignants de la Faculté LSH, universitaires comme PRAG ou PRCRE, titulaires et non titulaires, car nous travaillons tous au service d'une seule et même cause : la réussite de nos étudiants. Nous avons cependant une deuxième mission que d'aucuns ont tendance à oublier ou à négliger, du moins ceux qui sont universitaires : la recherche. Nous ne sommes pas des enseignants comme dans le primaire et le secondaire, mais des enseignants-chercheurs. La recherche est censée faire avancer la science d'une part et contribuer d'autre part, à la renommée et qui dit renommée dit attractivité des établissements dans lesquels se développent une recherche de qualité. Cette qualité est mesurée par des outils internationalement reconnus tels qu'Impact Factor, Google'Scholar ou H-Index. Inutile donc d'essayer de donner le change avec des soi-disant publications sur un site fourre-tout tel qu'Academia.edu, par exemple. L'attractivité de notre université pourrait donc être plus grande si chacun y mettait du sien. A l'étranger, l'Université des West-Indies, qui rassemble 15 pays anglophones de la Caraïbe, a une meilleure côte que nous, mais fort heureusement, cela n'est pas irratrappable.
A ce propos, je suis affligé par les sécessions successives qui affectent ou menacent en permanence notre établissement et l'empêchent de rayonner internationalement. Alors que, pour ne prendre que ce seul exemple, les 5 universités que comptaient Strasbourg se sont rassemblées pour ne faire qu'une seule de 42.000 étudiants, nous autres, ou plutôt certains d'entre nous autres ne rêvent que de 2 micro-universités de moins de 5.000 étudiants parce qu'au moins ça fera deux fois plus de postes de présidents et de vice-présidents. Nous sommes un certain nombre__et je le dis haut et fort__déterminés à nous opposer à toute tentative de démantèlement de l'Université des Antilles. Nous ferons tout pour empêcher l'apparition d'une micro-université de la Martinique et une micro-université de la Guadeloupe.
Je ne serai pas plus long car ce matin, il y aura beaucoup de prises de parole, mais je ne peux terminer mon propos sans saluer une Grande Dame : j'ai nommé Mme Corinne MENCE-CASTER qui a présidé aux destinées de notre établissement au cours des 4 dernières années. Rien ne lui aura été épargné, aucune insulte, aucune bassesse, aucune ignominie, mais elle et son équipe ont su résister, faire front et permettre que tous les cours soient assurés, tous les masters et thèses soutenus, tous les colloques organisés et surtout que la paie des personnels soit versée. Qu'on se garde d'oublier qu'au même moment, plusieurs universités hexagonales ne pouvaient même pas honorer leurs factures, qu'EDF, Gaz de France etc. leur ont coupé toute fourniture, que des salaires n'ont pas été versés et que l'Etat a été obligé de reprendre la main par le biais des rectorats.
Pareil désastre administratif ne s'est jamais produit au sein de notre université, même s'il y a encore quelques problèmes à résoudre comme celui, récurrent depuis une quinzaine d'années des heures complémentaires. Mme MENCE-CASTER et son équipe ont dû affronter un véritable cancer qui s'était propagé depuis des décennies au sein de notre établissement, le CEREGMIA. Aujourd'hui, les arrêtés du CNESER sont tombés : les têtes aussi. Mais comme tout cancer, il y a des métastases. Nous les connaissons. Nous avons le rapport de l'IGAENR qui n'a jamais été diffusé et nous savons qui a fait quoi, qui a touché combien. Je dis très solennellement ici à ces personnes :nous ne permettrons plus jamais à la mafia de régner sur notre Université. Plus jamais ! Sa ki lé konpwann, konpwann ! Sa ki lé pa konpwann, pa konpwann !
Enfin, je termine en revenant à nos étudiants de 1è année pour leur signaler ce magnifique outil de travail qu'est notre bibliothèque universitaire et notamment la bibliothèque numérique MANIOC qui leur permettra d'accéder à distance à des documents utiles pour leurs études. Ne désertez pas ce lieu, chers étudiants et étudiantes où un personnel très compétent est à votre service !
Bonne rentrée 2016-2017 !