"Martinique zone franche globale" : la poudre de perlimpinpin du candidat Philippe-Ceregmia M.
En période électorale, tout politicien opportuniste qui se respecte doit pouvoir sortir un lapin de son chapeau de (faux) magicien afin d'éblouir l'électeur naïf ou peu attentif. C'est ainsi que dans les 4 circonscriptions que compte la Martinique et dans la bouche d'au moins la moitié des candidats aux prochaines législatives, on entend, lors des meetings, les propositions les plus farfelues. Le principe de ce petit jeu est simple comme bonjour : plus c'est gros, plus ça passe. Chacun a SA solution-miracle pour développer le pays, résoudre la question du chômage, diminuer la violence et le trafic de drogue, booster le tourisme ou augmenter le montant des pensions des personnes âgées. Evidement, rien de tout cela n'est jamais chiffré car cela ennuierait l'électeur venu écouter des conférences afin de passer au bon moment et non pour retourner sur les bancs de l'école face à des exercices d'arithmétique réputés chiants. D'ailleurs, ledit électeur est venu à la chasse aux bons mots, en créole ou en français, aux dépends des candidats adverses et repart en général satisfait quand son favori "dansé anlè sé lézot-la".
Dans la catégorie "poids lourds" des propositions faussement ingénieuses, il y a, par exemple, cette idée consistant à transformer la Martinique en "zone franche globale". Ainsi le candidat de la circonscription du Centre-Atlantique Philippe-Ceregmia M. en a-t-il fait son credo, son mot d'ordre, son viatique, son sésame, bref son "rimed-djéri-tout". On notera d'abord qu'il n'en est nullement l'inventeur et que cela fait des années que cette idée de droite (oui, de droite bien que maquillée en gauche !) fait carburer les esprits au ministère de l'Outremer, dans une partie du patronat local, chez les experts auto-proclamés qui sont légion sous nos latitudes, chez les journalistes et bien évidemment chez certains politiques. Elle a d'ailleurs été pratiquée en Corse, puis dans sa variante "quartier urbain", à Dillon, Fort-de-France, Martinique, French West-Indies. Avec des résultats très mitigés, sinon nuls !
Car de quoi s'agit-il en fait ? Très simple : de supprimer les impôts sur les bénéfices des entreprises et alléger considérablement les charges patronales dans la zone concernée dans le but d'attirer des investisseurs et donc de faire redémarrer ou tout simplement démarrer l'activité économique. Louable objectif ! Sauf que ce qui se passe est tout aussi simple : une entreprise qui n'est pas en zone franche va migrer vers une zone franche pour pouvoir débourser moins. Cela revient à déshabiller Pierre pour habiller Paul et n'a aucun effet sur l'activité économique globale du département, de la région ou de la collectivité. En Corse, par exemple, cela n'a ni attiré de nouveaux investisseurs ni diminué le chômage ni n'eu le moindre effet sur la croissance. Sans compter que toutes ces exonérations ont un coût pour l'Etat (c'est-à-dire en réalité pour nous, les contribuables) et dans l'île de Beauté, cela se montait aux alentours de 400 millions d'euros par an. A l'heure où l'Etat cherche à se désengager et diminue les dotations aux diverses collectivités locales, on voit mal comme il accéderait à l'idée de transformer l'île aux fleurs en zone franche globale comme le serine le candidat Philippe-Ceregmia M.
Cette proposition n'est tout simplement pas sérieuse. C'est du vèglaj d'électeur, de la poudre aux yeux. De la poudre de perlimpinpin même...