Réflexions sur l'abstention Ici et Là-bas
S'il existe une différence fondamentale entre "Ici" (la Martinique) et "Là-bas" (la France), c'est bien au niveau de l'appréciation des résultats électoraux. Là-bas, quand on a 50% d'abstention comme ce fut le cas ce dimanche aux législatives, tout le monde (politiques, commentateurs, journalistes etc.) s'écrie qu'il s'agit d'un taux "très élevé", tout le monde s'alarme et lance un appel aux électeurs pour les inciter à sortir de chez eux lors du second tour. Ici, on a eu presque 70% d'abstention et on a eu droit au même commentaire : abstention très élevée. Pourtant, 20 points d'écart séparent les deux pourcentages !
Est-ce à dire qu'en Martinique, le terme "catastrophique" est inconnu ? Car il faut bien appeler un chat un chat : dans l'île aux fleurs fanées, on n'a pas eu droit à une abstention très élevée comme dans l'Hexagone, mais à une abstention catastrophique. Regardons les chiffres : d'abord, pour la présidentielle, on a vu un président être élu là-bas + ici avec...17% des inscrits !!! Puis, ce dimanche, on a encore vu là-bas (ici, tous les candidats iront au second tour), des députés vainqueurs au premier tour avec...16% des inscrits en moyenne. Il paraît qu'on appelle cela la démocratie !!!
Cette abstention catastrophique n'a pourtant pas empêché certains candidats martiniquais sortis en tête de pavoiser dans les médias : "J'ai obtenu 60% des suffrages !" exulte celui-ci ; "J'en ai eu 58% !" clame celui-là. Et leurs supporters "tèbè" sur Facebook de crier victoire alors que personne ne conserve à l'esprit qu'il s'est agit de 60% ou 58% des votants, pas des inscrits. Or, comme lesdits votants ont été rares comme des œufs de cochon, il n’a vraiment pas de quoi grimper au rideau. Vraiment pas !
Il y a fort à parier qu'au second tour, quand ces gagnants du premier tour seront élus, ils pavoiseront à nouveau et leurs supporters organiseront des vidés de la victoire comme si de rien n'était. Deux ou trois jours après, tout le monde aura oublié la catastrophique abstention qui a frappé le pays et chacun reprendra ses habituels discours en langue de bois. Sauf que ceux qui ont refusé de voter ou n'ont pas jugé bon de se déplacer, ni au premier ni au second tour, lancent un message aux politiciens ainsi qu'au gouvernement français.
Un message clair qui ne peut se dire qu'en créole guyanais : Nou bon ké sa !...