Législatives : analyse comparée de l'abstention dans l'Hexagone et en Martinique
Il est curieux que personne n'évoque la fameuse "continuité territoriale" lorsqu'on parle d'élections à la Martinique et que la plupart des commentateurs évitent soigneusement toute comparaison entre cette dernière et l'Hexagone ou alors découvrent subitement des spécificités "ultramarines". Les chiffres sont pourtant là s'agissant de ce deuxième tour des élections législatives :
. Hexagone : 57% d'abstentions.
. Martinique : 77,7% d'abstentions.
Soit 20 points d'écart ! Seuls 23% des électeurs martiniquais ont jugé bon d'aller aux urnes, ce qui n'a pas empêché les "vainqueurs" de ce qui n'est qu'une mascarade et leurs supporters fanatiques à se livrer à des bamboulas effrénées, voire hystériques. Cela est d'autant plus grotesque que le vainqueur qui obtient, par exemple, 74% des voix, n'obtient en réalité que 74% de ces fameux 23%, ce qui veut dire qu'il doit sa soi-disant brillante victoire à 18% des inscrits !!! Autant dire que les 4 députés de la Martinique, contrairement à la Corse où 3 députés nationalistes ont été élus, ne disposent d'aucune légitimité démocratique ou populaire. Ils peuvent parader, organiser des "vidé" de la victoire, se rengorger ou distiller des avertissements et menaces, ils ne représentent strictement rien par rapport aux 77,7% d'électeurs qui se sont abstenus.
Mais comparons Hexagone et Martinique du point de vue de l'abstention ! Il suffit de lire, d'écouter ou de regarder les différents médias hexagonaux pour repérer immédiatement les qualificatifs qui ont été accolés aux 57% d'abstention :"catastrophique", "terrible", "très mauvais pour la démocratie", "inquiétant pour l'avenir" et le reste à l'avenant. Par contre, face aux 77,7% d'abstention en Martinique, nos médias ont utilisés des expressions beaucoup plus modérées : "importante", "plus importante qu'en 2012", "qui interpelle" etc...Bref, c'est le monde à l'envers ! 57% d'abstentions dans l'Hexagone est "catastrophique", mais 77,7% en Martinique est "important". C'est à se demander si nos journalistes parlent la même langue que leurs confrères de l'Hexagone ou alors s'ils craignent des représailles de la part des "brillamment"élus de samedi soir.
Car enfin la première question qu'un journaliste hexagonal, confronté à 77,7% d'abstention aurait posé au vainqueur du scrutin serait la suivante :
"Cela ne vous gêne-t-il pas d'avoir été élu par seulement 23% du corps électoral ?".
Et non, comme le journaliste martiniquais :
"Brillante victoire, monsieur Machin ou madame X ! Comment expliquez-vous vos 74% ou 68% de suffrages ?"
Jamais ledit journaliste ne précisera qu'évidemment, comme nous l'avons vu plus haut, qu'il s'agit en réalité de 74% ou 68% des...23% du corps électoral qui se sont rendus aux urnes. Ou alors s'il le fait, c'est en passant, au détour d'une phase et sans trop insister dessus. S'il fallait donner un exemple de la faiblesse du système démocratique dans notre île, on n'en trouverait pas de meilleur car le fameux 5è pouvoir, c'est-à-dire la presse, ne joue pas son rôle, surtout la presse officielle ou semi-officielle.
Sans les blogs, les sites-web ou Facebook, on serait dans le brouillard (mot gentil pour dire "enfumage") complet...