Le « président des barrages » derrière les barreaux
Dimanche, 25 Juin, 2017 - 14:50
Bertrand Moukin, 56 ans, qui s'était autoproclamé « président des barrages » lors de la mobilisation sociale de mars-avril, a été emprisonné, hier à midi, au centre pénitentiaire de Rémire-Montjoly.
Dans le cadre de l'affaire de corruption à la préfecture, Bertrand Moukin a été mis en examen hier par un juge d'instruction pour corruption active, corruption passive, aide au séjour irrégulier d'étrangers en bande organisée, faux et usage de faux, blanchiment d'argent et association de malfaiteurs. Placé en garde à vue mardi avec huit autres personnes dont quatre fonctionnaires de la préfecture, Bertrand Moukin a reconnu les faits qui lui sont reprochés. Des aveux qu'il a renouvelés, hier dans le bureau du juge des libertés et de la détention. « J'ai dit la vérité Monsieur le juge. J'ai été clair dans mes déclarations. J'ai fait avancer l'enquête. Lorsqu'on fait des conneries il faut assumer » , a-t-il encore déclaré.
Le juge a de son côté évoqué la simplicité avec laquelle Bertrand Moukin a reconnu son implication et son rôle dans cette affaire. Il prenait contact avec les fonctionnaires de la préfecture, il aidait à la réalisation des faux récépissés, et il touchait un pourcentage sur chaque carte de séjour. Le loyer d'une fonctionnaire de la préfecture était payé chaque mois, des travaux ont été réalisés dans les maisons de fonctionnaires de la préfecture par des ouvriers payés par Bertrand Moukin. Une piscine a même été construite dans une habitation.
Lors de la perquisition au domicile de Bertrand Moukin, un tampon de son ancienne société de transports et 1700 euros en espèces ont été saisis. Lors de son réquisitoire dans le bureau du juge des libertés, la procureure adjointe a souligné que des investigations sur le patrimoine de chacune des personnes interpellées avaient été menées par les gendarmes. D'importants mouvements d'argent ont été détectés sur le compte bancaire de Bertrand Moukin alors que ce dernier touche depuis plusieurs mois 806 euros d'allocation d'adultes handicapés par mois et est reconnu invalide à 80%. Selon la procureure adjointe, qui a indiqué que le prévenu n'était plus chef d'entreprise, la société était fermée depuis plusieurs mois. Elle l'a défini comme un rabatteur « faiseur » . Les écoutes téléphoniques avec Marcel Flechel, un des fonctionnaires de la préfecture mis en cause, ont placé le prévenu comme un agent corrupteur. Des éléments de l'enquête démontrent que des centaines d'étrangers en situation irrégulière ont obtenu des cartes de séjour.
L'avocate du prévenu, Me Valérie Palcy, a fait remarquer que son client avait vidé son sac dès la première audition. « Il a parlé pour lui et pour les autres. Sa coopération doit lui permettre une peine moins lourde. »
Le juge des libertés a décidé de placer Bertrand Moukin en détention provisoire.
Quatre personnes suspectées dans cette affaire de trafic de papiers et d'aide au séjour irrégulier ont été placées en détention provisoire mercredi soir pour les mêmes chefs de mise en examen. Il s'agit de Christine Paris, 59 ans, Marcel Flechel, 54 ans, Bernard Guirand, 58 ans, et Pamela Sinna, 31 ans. Enfin, quatre autres suspects placés en garde à vue dans cette affaire ont été libérés.