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Les conséquences dévastatrices d'Irma et de Maria sur la biodiversité de Saint-Barthélemy

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Les conséquences dévastatrices d'Irma et de Maria sur la biodiversité de Saint-Barthélemy

Les conséquences dévastatrices d'Irma et de Maria sur la biodiversité de Saint-Barthélemy

Interrogé par Sciences et Avenir, Olivier Raynaud, directeur de l'Agence territoriale de l'environnement de l'île de Saint-Barthélemy, a détaillé les conséquences des ouragans Irma et Maria sur l'écosystème de l'île.

Comme Saint-Martin, l'île de Saint-Barthélemy située au nord des Antilles, a été dévastée par l'ouragan Irma. Le 6 septembre 2017, à 5h, heure locale, l'œil de l'ouragan se pose sur l'île. Deux semaines après, les deux îles étaient à nouveau menacées, cette fois-ci par Maria, avec pour conséquence de perturber encore un peu plus l'écosystème.

Des pertes considérables pour la biodiversité

Olivier Raynaud, directeur de l'Agence territoriale de l'environnement de l'île de Saint-Barthélemy est débordé : "Nous travaillons actuellement sur des mesures de restauration urgentes comme la collecte et la fixation de coraux fracturés, la récolte des graines d’espèces végétales d’arrière plage, le sauvetage des arbres qui peuvent l’être, et le nettoyage des sites naturels en collaboration avec la Collectivité, nos bénévoles et de nombreuses autres associations". Car si aucun réel suivi scientifique n'a permis d'évaluer pour l'instant toutes les conséquences des deux ouragans sur la biodiversité, les premières observations font état "d'une perte nette considérable", s'inquiète Monsieur Raynaud. 

Lors de leur passage, les cyclones ont eu des répercussions immédiates, sur la terre ferme comme dans l'eau. Ainsi, la houle a déraciné les herbiers mais a aussi fracturé les coraux que le naturaliste et son équipe tentent actuellement de sauver. Certains ont été percutés par des débris projetés par la force des vents. "Certaines espèces ont vu leur colonies entièrement détruites, comme les coraux corne de cerf (Acropora cervicornis). En l’absence de suivis il est difficile d’estimer les dommages, mais on peut imaginer que pour les plus gros spécimens, 20 ans de croissance corallienne ont été anéantis", déplore Olivier Reynaud.

Sur terre, la végétation a grandement souffert, notamment celle proche de la grève dévastée par la montée des eaux. Néanmoins, les espèces locales ont su mieux résister que celles invasives. La faune a également payé un lourd tribut : "Des dizaines d’oiseaux marins ont été retrouvés morts dans les débris (Pélicans, Puffins, Fous bruns etc.). Idem pour la faune terrestre avec une mortalité importante notamment d’Iguanes des Petites Antilles", explique le directeur. La saison de nidification des tortues marines et des iguanes ne mènera à rien cette année. Les oiseaux marins finissaient heureusement la leur, mais nombreux sont les oisillons, encore très fragiles, qui n'ont sûrement pas survécu à la puissance de l'ouragan.

Les espèces font face à un manque de nourriture qui les contraint à se déplacer davantage et donc à prendre des risques d'autant plus que l'absence de végétation limite le nombre de cachettes : "La prédation des chats errants sur l’avifaune et les reptiles est maintenant beaucoup plus forte", assure Monsieur Raynaud.

Des conséquences qui se manifesteront petit à petit

Malheureusement, certaines conséquences apparaîtront avec le temps. Olivier Raynaud en connait déjà quelques-unes par expérience : "La régénération des habitats sous-marins sera ralentie par la dégradation de la qualité de l’eau, les pluies ont lessivé les sols, charriant vers nos zones côtières sédiments, produits chimiques et eaux usées. Des proliférations d’algues opportunistes ont déjà été observées, ce qui empêchera la croissance du corail, voire impactera même les récifs et les autres espèces ayant survécu aux cyclones".  

La repousse de la végétation risque d'être mise à mal par l'érosion des sols et par la modification progressive du trait de côte. Plus fragile que jamais, elle risque également d'être davantage menacée par certaines espèces végétales invasives ou encore par les herbivores en divagation. La hausse de la mortalité des abeilles durant le cyclone ne va pas aider : la pollinisation risque d'être grandement ralentie pendant quelques temps. "Les milieux de nidification des espèces ont été modifiés, que ce soit sous l’eau, sur les plages ou sur terre. Il y a fort à parier qu’en raison de ces changements les prochaines saisons de nidification ne soient pas aussi productives que d’habitude, freinant encore la reconstitution des populations d’espèces animales sauvages", suppose Olivier Raynaud.

"Ce sont les dégradations que nous infligeons à nos écosystèmes qui diminuent leur résilience"

Pour lui, certaines des conséquences présentes et futures auraient pu être évitées si le paysage de l'île n'avait pas été autant modifié : "Ce sont les dégradations que nous infligeons à nos écosystèmes qui diminuent leur résilience et leur propension à se régénérer". Et cela, les naturalistes ont déjà pu le constater : par exemple, les plages où les dunes ont été préservées ont réussi à protéger les quartiers et "les baies protégées par des récifs coralliens en bonne santé ont moins souffert" des deux ouragans. La biodiversité de l'île est normalement adaptée et donc apte à se remettre de ce genre de phénomène. Encore faut-il qu'elle soit en bonne santé.

 


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