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Alfred Parépou (1885) pointait déjà du doigt les pêcheurs...chinois

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Alfred Parépou (1885) pointait déjà du doigt les pêcheurs...chinois

   Les élus guyanais se sont élevés récemment contre les pêcheurs martiniquais et guadeloupéens qui viennent piller les "eaux territoriales guyanaises" et exigent que tout comme les autres pêcheurs étrangers, les Vénézuéliens par exemple, ils acquièrent des licences de pêche. Ces dernières prévoient que ces pêcheurs étrangers cèdent 75% de leur prise aux pêcheurs guyanais afin que ces derniers les revendent en Guyane. Hum !...

  Pour ceux qui auraient le mauvais esprit de trouver ce genre de contrat quelque peu léonin, on peut objecter que nul ne peut empêcher un pays indépendant de protéger ses eaux territoriales. C'est ce que prévoit la législation internationale en la matière.

   Sauf que si on remonte très loin en arrière, en 1885, par exemple, on s'aperçoit que les Guyanais avaient déjà exprimé les mêmes griefs, mais à l'encontre de pêcheurs...chinois. Plus exactement d'immigrés chinois s'adonnant à la pêche. En effet, dans le tout premier roman jamais écrit en langue créole, ATIPA d'Alfred PAREPOUparu donc en 1885, perdu pendant près d'un siècle et réédité en 1980 avec l'aide de l'UNESCO, on tombe sur le passage suivant (en graphie moderne) :

   "Magré sa mizè nou ka wè la pou gen poson, di Atipa, péchè-yé-la té fronté alé trouvé l'mè, dipi nou ka voté la, pou défann Chinwa-yé-la péché. To wè bétiz kon sa. Osi, fo l'mè té bwè tafia grenn wara avan li té bay yé rézon. San Chinwa-yé-la, twa-ka di tan gnanpwen poson Kayèn. Frè ! Yé fò pou kenbé poson ; a chef péchò. Sa oun kchoz ounso yé ka fè di mal. Lò yé antré la oun pripri, yé ka kroko li tout."

   (Malgré tout le mal qu'on a à avoir du poisson, dit Atipa, les pêcheurs ont eu le culot d'aller voir le maire, depuis qu'on vote, pour qu'il interdise aux Chinois de pêcher. Quelle sottise ! Si bien qu'il a fallu que le maire boive du tafia dans lequel avaient macéré des graines d'awara pour qu'il leur donne raison. Sans les Chinois, les trois-quarts du temps, il n'y a pas de poisson à Cayenne. Mon gars ! Ces types sont forts pour attraper le poisson ; ce sont des maîtres pêcheurs. Il n'y a qu'une chose qu'on peut leur reprocher. Quand ils pénètrent dans un marais, ils le vident complètement.)

   Il est, parfois, bon de regarder le passé pour mieux comprendre le présent...


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