Des productions littéraires destinées au public jeune
Monique DORCY/Lydie HO-FONG-CHOY CHOUCOUTOU
Si la recherche universitaire portant sur des personnalités guyanaises, littéraires ou non, trouve aujourd’hui un écho auprès d’un auditoire averti, en revanche, très peu de ces productions sont destinées au public jeune. La collection Orénoque, éditée aux Editions du manguier, se propose de combler cette lacune, en offrant de courtes biographies, illustrées, accompagnées de documents d’archives et d’un appareil critique aidant à la connaissance.
Léon-Gontran Damas forme le premier volet de ce projet, qui, nous le souhaitons, éveillera le désir de le lire (re-lire) et de poursuivre l’analyse de son œuvre, mieux connue ailleurs qu’en Guyane. Ce poète souvent incompris et donc mal aimé, s’est attaché à défendre, sa vie durant, la dignité de l’homme noir, et ce faisant, de l’Homme tout court.
Quel intérêt pour des jeunes à lire Atipa, un texte daté (1885), pour un public exclusivement guyanais, en créole, dont la paternité fait encore débat ? A n’en pas douter, celui de regarder de l’intérieur une société post-esclavagiste de fin du XIXe siècle, d’’en constater les mutations économiques et sociales ainsi que les permanences, de savourer une langue créole vécue comme telle. « Atipa » est un récit ethnographique qui fait l’inventaire de la culture populaire guyanaise ; de la langue créole à la littérature orale, de la musique et chants au tambour à la phytothérapie créole, de la gastronomie aux croyances magico-religieuses, la créolité guyanaise s’affiche dans ses fondements. Ce texte, sans l’avoir prophétisé, donne à voir comment la culture aide à construire l’Homme.
Souhaitons que grâce à ces synthèses, le poète comme le roman trouvent leur place dans la mémoire de la jeunesse guyanaise (ou pas) !
Monique Dorcy
Lydie Ho-Fong-Choy Choucoutou