Renouer avec l'espérance d'un certain 13 décembre 2015...(1è partie)
Il n'est pas exagéré d'affirmer que la victoire de la coalition formée par le "GRAN SANBLE" et "BA PEYI-A AN CHANS" au soir du dimanche 13 décembre 2015__il y a deux ans donc__avait résonné comme un coup de tonnerre dans le ciel serein d'une victoire annoncée de l'autre coalition, celle du PPM/EPMN, conduite par Serge LETCHIMY. En effet, déjà au premier tour, le score du "GRAN SANBLE" avait été plutôt moyen (30,28%) contre 38,96% pour le PPM/EPMN, presque 39% des voix donc, qui présageaient au second tour d'une victoire éclatante de ce dernier.
D'aucuns au sein du "GRAN SANBLE"étaient pessimistes. "GRAN SANBLE" qui pourtant rassemblait des indépendantistes (MIM, PALIMA, CNCP), des autonomistes (RDM, PCM) et des écologistes (MARTINIQUE-ECOLOGIE) et avait suscité un engouement populaire sans précédent au vu de la foule qui se pressait partout dans ses meetings tout au long de la campagne électorale. De Rivière-Salée a Gros-Morne, du Marin au Carbet, du Diamant à Fort-de-France elle était présente au rendez-vous cette foule, enthousiaste, exaltée parfois, conquérante toujours. Or, le résultat du premier tour, sans être totalement décevant, n'était pas___et c'est le moins qu'on puisse dire__à la hauteur dudit enthousiasme.
La constitution de la coalition "GRAN SANBLE" n'avait pas été, il est vrai, chose facile comme cela est expliqué dans l'ouvrage de L. BOUTRIN et R. CONFIANT,"DECEMBRE 2015. UNE NOUVELLE PAGE DE L'HISTOIRE DE LA MARTINIQUE" (Caraibéditions) puisque des "jeunes" aux dents longues avaient cherché à évincer des "vieux", en l'occurrence Alfred MARIE-JEANNE, président du MIM et Claude LISE, président du RDM, en proposant au premier une place purement honorifique sur la future liste et en écartant carrément le second, selon le vœu d'un élu du Nord censé disposer d'un électorat important. Un mystérieux groupe, qui s'était auto-proclamé "le G20" et qui réunissait des élus de diverses tendances, était à la manœuvre.
Il avait fallu toute l'énergie et surtout la détermination de "CHABEN" (Alfred MARIE-JEANNE) pour déjouer, d'une part, ce tout premier complot qui visait à le jeter dans les oubliettes de l'histoire et pour imposer vaille que vaille, d'autre part, la présence de Claude LISE sur la liste alors que jusqu'à la veille du dépôt de la liste en préfecture de multiples pressions étaient exercées de toutes parts pour amener le chef du MIM à larguer celui du RDM. CHABEN avait tenu bon, préférant se priver des nombreux électeurs de la fameuse grosse commune du Nord, chose que certains autour de lui jugeaient risqué, voire même suicidaire.
Cette question de la présence des "vieux" réglée, il avait fallu peser et soupeser le poids électoral de chacune des composantes du "GRAN SANBLE" pour être en mesure de bâtir une liste qui ne lèse personne tout en conservant à l'esprit que la locomotive de ladite liste était sans conteste le MIM qui bénéficiait du formidable charisme de son leader et des nombreuses victoires électorales de ce dernier au cours des trois décennies écoulées. Contenter 6 partenaires au sein d'une coalition n'es pas chose facile, on s'en doute bien, et là encore, il a fallu que MARIE-JEANNE pèse de tout son poids pour trancher à certains moments.
Si donc la campagne du "GRAN SANBLE" avait laissé entrevoir un score intéressant au premier tour, voire même important, au soir du dimanche 6 décembre 2015, il fallut déchanter. La coalition indépendantiste-autonomiste-
Les partisans du G20, eux, exultaient sans pour autant le montrer ouvertement. Ils tenaient là en quelque sorte leur revanche face au discours virulent tenu à leur endroit pendant la campagne électorale par Alfred MARIE-JEANNE lors d'un fameux meeting du "GRAN SANBLE", un dimanche matin de novembre, au Hall des Sports de la commune de Ducos. Ce jour-là, la foule s'était figée, comme sidérée par la teneur des propos de "CHABEN" et d'aucuns avaient cru un instant que c'en était fini du "GRAN SANBLE". Que ceux qui avaient été pointés du doigt se retiraient soit avec fracas soit en silence, mais qu'ils se retiraient de toute façon. Il n'en fut rien ce jour-là, mais au soir du premier tour, le 6 décembre donc, ils pouvaient estimer avoir fait la preuve que les choix de MARIE-JEANNE avaient été mauvais et qu'il avait fait le match de trop"...
C'était sans compter sur le formidable flair politique du chef du MIM et sa capacité à se sortir des situations les plus difficiles. Dès l'annonce des résultats, il réunit sont staff de campagne et annonça qu'l comptait proposer pour le second tour une alliance avec la...Droite, menée par Yan MONPLAISIR. Stupéfaction chez certains qui oubliaient que "CHABEN" est aussi un pragmatique et qu'il est capable, au nom de l'intérêt supérieur de la Martinique, de composer avec des adversaires, voire même de travailler avec eux. Avait-on oublié qu'il avait été à l'initiative de la fameuse "Déclaration de Basse-Terre" qui avait réuni Lucette MICHEAUX-CHEVRY, la présidente de droite du Conseil régional de la Guadeloupe et Antoine KARAM, le président socialiste du Conseil régional de la Guyane ?
MARIE-JEANNE avait donc senti qu'en dépit du score important du PM/EPMN au premier tour, il y avait un certain ras-le-bol dans l'opinion, lié d'une part aux promesses fallacieuses de S. LETCHIMY et de ses amis politiques quand ils dirigeaient la Région (création de 5.000 emplois, 12 zones d'activités économiques, Grand Saint-Pierre etc.), aux scandales qui avaient éclaté durant cette période (fusillade entre délinquants embauchés par les mairies de Fort-de-France et de Basse-Point au "PAPARAZZI", boite de nuit du Lamentin ; couvoirs du Saint-Esprit ; vedettes MADININA ; CEREGMIA etc.) et surtout une arrogance qui avait fini par insupporter ("Chien abiyé an moun" de C. CONCONNE ; articles injurieux et photos-montage scandaleux de C. CHAUVET etc.).
"CHABEN" avait senti que la Martinique en avait assez, qu'elle était prête pour un changement politique et que la coalition PPM/EPMN n'irait pas, au second tour, au-delà des 39% réalisés au premier. Qu'elle avait fait le plein de ses voix ! Proposer donc à Y. MONPLAISIR une alliance entre le "GRAN SANBLE" et "BA PEYI-A AN CHANS" n'était donc pas du tout absurde, même si cela pouvait choquer certaines âmes sensibles attachés à des principes idéologiques (pour la plupart obsolètes, d'ailleurs). L'offre de coalition fut donc proposée à la Droite. (A suivre)