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L’insurrection guyanaise de mars et avril 2017 analysée par R. Charlotte (OGDH)

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L’insurrection guyanaise de mars et avril 2017 analysée par R. Charlotte (OGDH)

Raymond CHARLOTTE
L’insurrection guyanaise de mars et avril 2017 analysée par R. Charlotte (OGDH)

« La question de l'évolution statutaire repose sur la volonté populaire de s'administrer en tant que pays, entité distincte de la France et de l’État français. Ainsi le mouvement populaire du 28 mars a dessiné les contours définitifs du peuple guyanais avec une communion de destin entre toutes les composantes de la société ; une Guyane que tous doivent reconnaître comme leur seule Patrie »

Auteur de l’interview : le journaliste brésilien Yuri Martins Fontes

 

- 1) Tout d'abord, je souhaiterais que tu te présentes que tu nous parles un peu de tes activités politiques (indépendantisme, etc). Et aussi, comment s’est déroulée la grève en Guyane, à Cayenne. Quand et comment a-t-elle commencé ?

Raymond Ignace de Loloya CHARLOTTE : Agent hospitalier – aide-soignant à l'Hôpital de Cayenne – Centre Hospitalier Andrée Rosemon (CHAR), je suis militant indépendantiste fondateur en 1974 du Front pour La Libération de la Guyane (F.N.L.G, soit en langue créole  : Fo Nou Libéré La Gwiyañ).

Ayant milité dans le cadre de nombreux mouvements comme le Parti National Populaire Guyanais (PNPG), j'anime actuellement en qualité de membre fondateur, l'Organisation Guyanaise des Droits Humains (O.G.D.H.) qui mène à l’attention des opinions publiques française, européenne, sud-américaine, de la Patria Grande, nord-américaine et internationale, un travail de vulgarisation (fondé sur le droit international) de la réalité politique, économique, sociale, et culturelle de la Guyane toujours sous l'emprise du système colonial français.

Concernant les événements qui se sont déroulés et qui ont entraîné une paralysie totale de la Guyane, sur environ 5 semaines, il s'agissait plus alors d'un mouvement de contestation générale que d'une grève, même si celui-ci a débuté sur un mot d'ordre de grève générale de l’Union des Travailleurs Guyanais (UTG)

Il s’agissait de la somme d'une série de problèmes récurrents (santé, éducation, sécurité, désenclavement du territoire, économie, emploi, accès à la terre pour chaque Guyanais, réel développement de l'agriculture, maîtrise du sol guyanais par les collectivités territoriales que sont les communes et le Collectivité Territoriale de Guyane, pour la mise en œuvre de leurs politiques d'aménagement, accès aux ressources du sous-sol par les entrepreneurs guyanais, etc...) qui ont été constamment relayés par :

1. les citoyens acteurs (employés) à travers leurs syndicats et les citoyens usagers qui ont créé des collectifs dans les différents secteurs de la société,

2. par les élus de proximité (maires, conseillers territoriaux) et les élus représentant la Guyane (2 députés et 2 sénateurs) au sein des instances nationales délibératives que sont l'Assemblée nationale et le Sénat de France.

Toutes ces revendications ont été longtemps relayés auprès des gouvernements français successifs de ces 30 à 50 dernières années (avec souvent de nombreuses délégations ministérielles ou parlementaires qui ont dressé des états des lieux des situations avec les problèmes que l’État français n'ignore plus), sans que des mesures appropriées aient été prises par le Pouvoir à Paris, de sorte à accompagner la Guyane sur le chemin de l'émancipation politique, économique, sociale et culturelle, avec à terme la possibilité pour la Guyane de s'administrer de manière libre et souveraine..

L'état de ras-le-bol généralisé qui s'est exprimé à travers le mouvement général de contestation résulte d'un dénominateur commun : la délinquance et les violences criminelles qui en découlent n'ont épargné personne et sont l'expression crue des nombreux maux résultant du non-développement que connaît la Guyane ; le seul coupable : la France. Ce mouvement a interpellé toutes les composantes de la société guyanaise (Guyanais, amérindiens, afro-aluku, Européens non français et Européens français, les migrants frontaliers du Brésil, du Suriname, les immigrés de la Guyana, les Haïtiens, les Dominicains de la République de Santo Domingo), et tous ceux venant de la zone sud-américaine, de la zone caraïbe et des autres pays du monde, notamment du continent africain, qui ont des intérêts matériels et moraux en Guyane, et ont été adoptés par la Guyane, les institutions de la société, etc.

Tout un chacun ayant compris que par delà les différences culturelles et les intérêts corporatistes, un ciment d'unité était nécessaire, voire indispensable, dans les revendications diverses et variées à l'image d'une société guyanaise plurielle avec des strates sociales, pour voir aboutir les légitimes revendications ramenées comme des revendications exprimées par la voix populaire. Celle-ci ayant une portée plus forte que que celle des élus qui n'ont pas été entendus, ces derniers tirant leur légitimité du peuple qui les a élus.

 - 2) Toujours sur le début de ce processus de soulèvement populaire : certains disent que la grève a été déclenchée par la grève des travailleurs de l'électricité qui avaient alors le soutien d'autres secteurs du travail. D'autres disent que ce mouvement est en réaction à la violence ambiante et à la mort d'un jeune pour lui dérober sa chaîne en or (et cette mort aurait conduit à la création des 500 frères). Pour toi qu'est-ce qui a déclenché ce processus social intense ? Était-ce l'enchaînement d'une suite d'événements ? Qui a dirigé la grève ?

Des mouvements sociaux dans le domaine de l'énergie étaient portés par les syndicats des agents d'EDF. Il y avait deux points de revendications qui demeurent insatisfaits à ce jour :

1. La priorité à l'embauche locale (à formations et compétences égales entre un agent français et un agent guyanais), avec des grilles de rémunérations égales.

Actuellement, il semble que la direction de France avec sa courroie de transmission au niveau de la Guyane, le Directeur d'EDF Guyane (un français), veuille perpétuer les discriminations, en privilégiant l'embauche d'agents français avec des contrats français avantageux, au détriment de jeunes guyanais formés et compétents qui postulent, mais sont refusés, ou lorsqu'ils sont recrutés ici, ils sont recrutés avec des contrats sur place moins avantageux.

2. La modernisation des installations de production d'énergie qui sont vieilles de plus de 20 ans, avec des capacités de production qui ne tiennent pas compte de la réalité des besoins actuels en terme de populations recensées (environ + 230.000 habitants) par l'Institut National des Statistiques et des Études Economiques (INSEE), alors que la réalité du terrain en intégrant la forte population d'immigrés clandestins autoriserait à parler plutôt d'un bassin de population consommatrice d'au moins 450.000 personnes.

Ensuite, dans le cadre d'un plan de projection sur le long terme avec les politiques d'aménagement à conduire sur les 25 prochaines années (développement de nouveaux logements, de nouveaux équipements publics - écoles, collèges, lycées, et des zones dédiées au développement des entreprises pour donner de l'emploi aux jeunes à former qui seront les adultes de demain), dans le cadre d'un travail concerté entre les agents d'EDF en qualité d'experts, et la Collectivité Territoriale de Guyane en qualité de porteuse du projet, sous la coordination de la Direction France d'EDF représentée par le Directeur-Guyane, une planification pluriannuelle de l'énergie (PPE) a été actée.

Mais aux dires du syndicat UTG d'EDF Guyane, considérant la part d'énergie qui sera réservée (environ 20.000 MGW) au projet de mine à ciel ouvert à la « Montagne d'Or » sur la zone de Saint-Laurent-du-Maroni ; au regard de la production totale pour desservir l'ensemble des besoins de la Guyane ; la PPE n'est pas assez ambitieuse, et la Guyane qui subit régulièrement, des délestages d'énergie, dans les zones non stratégiques socialement et économiquement (c'est-à-dire les quartiers populaires et les zones enclavées de la Guyane – les communes de l'intérieur de la Guyane), n'est pas prête de rompre avec les maux qui en résultent et que l'on pensait appartenir au siècle passé, alors que la Guyane est irrémédiablement happée pour se projeter dans ce XXIème siècle, à l'ère des fusées, des satellites, dont Kourou et Sinnamary sont les incarnations vivantes du modernisme stellaire.

D'autre part, il y a eut le mouvement social mené par les agents de l'hôpital de Cayenne et une association d'usagers qui est née des nombreux décès inexpliqués de patients qui avaient séjourné à l'hôpital.

Tous deux mettent l'accent sur la vétusté des bâtiments et des équipements de soins, en même temps que les agents à travers leurs syndicats respectifs réclament la mise en œuvre des dispositions du code de la santé publique pour réaliser des audits sanitaires tout en étant associé dans le cadre de la Commission Hygiène et Sécurité où ils siègent, et qui avaient longtemps signalé au Directeur de l'Agence Régionale de Santé (ARS), les dysfonctionnements récurrents.

Faut-il aussi signaler les revendications liées à la titularisation, à la promotion professionnelle à travers le congé formation et l'optimisation de l'outil qu'est l'Institut de Formation aux Soins Infirmiers (IFSI).

Du côté de l'association des usagers, il est réclamé au directeur de l'ARS un contrôle plus sélectif des candidats médecins et infirmiers qui (selon ses dires) sont recrutés, sous prétexte de l'urgence des besoins en Guyane, sur des critères de qualifications et de compétences moins draconiens que ce qui est exigé dans les établissements hospitaliers de France.

Les agents hospitaliers et l'association des usagers sont unanimes pour dire que les usagers guyanais servent de cobayes pour ces apprentis infirmiers et apprentis médecins. A travers ces propos est posée la question de dispenser temporairement l'application à la Guyane du numerus clausus instauré en France pour la formation médicale et para-médicale. De sorte à favoriser la formation d'un plus grand nombre de médecins généralistes et spécialisés, dentistes, infirmiers, pharmaciens, orthoptistes, kinésithérapeutes, etc... qui seraient guyanais ou d'ailleurs mais qui exprimeraient le désir de servir durablement en Guyane, de sorte à endiguer le désert médical ambiant.

Aussi, est-il réclamé que le CHAR devienne à moyen terme un Centre Hospitalier Universitaire qui accueillerait des étudiants guyanais futurs médecins, à partir des 2e, 3ème ou 4ème années, et bien avant les années d'internat avec rédaction de la thèse de doctorat, comme c'est déjà le cas.

Troisièmement, il est important de parler du mouvement des transporteurs et des socioprofessionnels qui ont respectivement bloqué le port de Dégrad-des-Cannes / Rémire-Montjoly, pour empêcher que soient débarqués deux camions toupie pour malaxer du béton qui devaient rejoindre le gros des engins de la société EIFFAGE – société multinationale française – en charge de réaliser le nouveau pas de tir d'Ariane 6. Ayant créé des filiales spécialisées dans les différents corps du bâtiment avec allotissement (opération marketing consistant à diviser un gros marché public en plusieurs lots de moindre importance, de sorte que le marché public soit plus accessible et plus facile à réaliser selon des critères de compétences techniques par corps de métier et le respect des délais d'exécution) d'une partie des marchés de EIFFAGE vers ses filiales spécialisées dans le transport, qui auraient également réalisé tous les transports d'agrégats nécessaires sur ce nouveau chantier, mettant ainsi les transporteurs indépendants au chômage, avec dépôt de bilans pour ces derniers, faute de pouvoir honorer les crédits d'équipements contractés.

S'agissant des socioprofessionnels qui vont des entreprises du bâtiment, en passant par les transporteurs, les commerçants de matériaux et d'équipements, les fournisseurs de matériels de bureaux aux collectivités, avec pour essentiels clients publics, les donneurs d'ordre de la commande publique que sont l’État, les collectivités territoriales (communes, CTG, etc...), ils ont bloqué en priorité les grands donneurs d'ordre que sont la Collectivité Territoriale de Guyane (en entravant l'accès à la Cité Administrative régionale – carrefour de suzini / Cayenne), l’État (en entravant l'accès à la Préfecture et au Centre des Finances Publiques), tous deux situés à Cayenne – rue Fiedmon.

Enfin, il faut parler du mouvement des jeunes agriculteurs regroupés au sein du Centre Départemental des Jeunes Agriculteurs (CDJA), et des agriculteurs de la Fédération Départementale des Syndicats d'Exploitants Agricoles (FDSEA) qui réclamaient pour les premiers, le versement des dotations dues de longues dates par l’État et qui leur sont nécessaires pour couvrir les frais d'installation des nouveaux agriculteurs, et pour les membres de la FDSEA : des agriculteurs rodés au métier, ils réclamaient le versement des dotations qui leur étaient dues par l’État depuis plus de deux ans, car cette absence de versement créait un déséquilibre dans leur gestion à flux tendu, à raison des charges sociales et des contraintes sanitaires et de respect des normes européennes souvent inopérantes en Guyane – située en Amérique du Sud – dans un environnement climatique amazonien.

Ce sont également greffées les professions de la pêche (pêcheurs, et entrepreneurs dans la transformation des produits de la pêche) pour réclamer à l’État, des mesures de protection contre les pêcheurs illégaux venant du Brésil ou du Suriname, voire du Guyana, avec des filets dérivant sur 3 kilomètres – ce qui est interdit aux flottes guyanaises contraintes de respecter les normes européennes, avec mise en œuvre de moyens de surveillance contre la pêche illégale, pour protéger la ressource, et la généralisation de la détaxe du carburant pour tous les pêcheurs de Guyane, même ceux situés dans les zones les plus reculées à l'intérieur de la Guyane.

Concernant les entrepreneurs dans la transformation des produits de la pêche, ils réclamaient le versement d'un reliquat de subventions qui leur était dû sur les fonds européens déjà reçus par l’État français mais qui ne leur avait pas été reversé depuis plus de deux ans.

Par rapport à ces différents mouvements de grève sus-mentionnés, les homicides du début de mars 2017 avec plus de 4 morts en une seule semaine, et la mort du jeune à la cité Eau-Lisette / Cayenne pour lui dérober sa chaîne en or a été la goutte d'eau qui a fait déborder le verre, les membres qui composent le mouvement des 500 frères, sont pour la plupart issus de quartiers populaires, et rares parmi eux, sont ceux qui n'ont pas été déjà victimes d'un braquage, ou qui n'ont pas eu un membre de leur famille qui ait péri sous la violence meurtrière des braqueurs.

Quelques jours après ce braquage, était initié un défilé silencieux des 500 frères encagoulés, dans les artères principales de Cayenne pour se rendre à la Préfecture de Guyane, et rencontrer le représentant de l’État français en Guyane, en la personne du Préfet. La délégation a été reçue par le Préfet qui écouta les doléances des 500 frères au nombre desquelles figurait la réclamation de réponses fortes de l’État pour garantir la protection des biens et l’intégrité physique des personnes de notre pays la Guyane. Leur exigence : le quadrillage militaire et policier du territoire guyanais.

Au sortir de la préfecture, les 500 frères rejoignirent leur point de départ (la Cité Eau-Lisette) en remontant la rue Ernest Prévot / Cayenne (quartier chaud où se retrouvent des dealers de stupéfiants, des personnes vivant d'expédients, des filles de joie, etc.) avec le bruit assourdissant de la sono qui entonnait des slogans de défis à l'endroit des braqueurs et des tueurs, leur promettant une correction, car la grande fraction du peuple a trop supporté et la peur doit changer de camp).

En conclusion, la situation ambiante était propice pour créer la dynamique d’un mouvement général de contestation dont des associations citoyennes et des personnes de la société civile se sont emparées, avec pour leader charismatique Michael MANCE, officier de police en disponibilité et membre des 500 frères, qui s'est promis de lutter exclusivement dans l'intérêt du peuple, faisant abstraction de toutes arrières-pensées politiciennes, refusant de se prêter à toutes récupérations politiques – à quelques jours et mois des élections présidentielles et législatives.

Il a affirmé que le collectif des 500 frères, dont nombre de ses membres sont des fonctionnaires de police ou des agents de sécurité : un secteur qu'ils connaissent bien, n'avait pas la prétention de parler d'autres domaines dont ils étaient ignorants, ni de s’exprimer au nom d'autres personnes plus averties.

Par rapport au mouvement du 28 mars 2017 qui a réuni plus de 30.000 personnes à Cayenne, plus de 10.000 personnes à Kamalakuli (Saint Laurent du Maroni), et aux chiffres plus modestes de citoyens qui oscillent entre 100 et 200, voire 300 personnes, pour les communes plus éloignées de l'intérieur telles que Maripasoula, Camopi, ou Saint-Georges de l'Oyapock : le succès retentissant tant en Guyane qu’ à l'extérieur avec la lecture internationale de la réalité coloniale qui y sévit, la part émotionnelle mélangée à une stratégie de raison bien pensée font que monsieur Michael MANCE fut désigné comme porte-parole du collectif des différents pôles de revendications relatifs à la santé, la sécurité, l'éducation, l'économie, l'accès à la terre pour chaque Guyanais, la rétrocession de la terre par l’État aux communes, et à la CTG, de sorte que cela leur  permettre de mettre en œuvre les politiques d'aménagement, et d’accès aux ressources de la Guyane pour les entrepreneurs guyanais, qui s’imposent, etc. 

- 3) Quelles ont été vos principales revendications et vos chances d'obtenir satisfaction ?
Quels ont été  les syndicats les plus actifs de cette grève générale : les enseignants, les fonctionnaires, les universitaires ?

Les revendications guyanaises sont celles sus-mentionnées, mais en considération de la nature des relations qui ont toujours prévalu entre la France (puissance coloniale) et la Guyane (territoire colonisé sans aucune maîtrise par et pour le Guyanais sur son territoire, sur l'organisation politique et administrative la plus appropriée, sur la maîtrise du contenu de l'éducation des futurs citoyens guyanais qui devrait être en symbiose avec la réalité culturelle passée, présente, par rapport à un environnement amazonien, pour mieux se projeter vers l'avenir que les générations futures pourraient librement façonner), il est plus que urgent de remettre sur la table la question de l'évolution statutaire. Car le cadre actuel interdit tout développement économique, culturel, social et culturel de la Guyane qui est maintenu sous le prisme d’une France dont les intérêts supérieurs sont en contradiction, en opposition avec ceux de la Guyane.

La question de l'évolution statutaire n'est pas liée à une question syndicale, mais elle repose sur la volonté populaire de s'administrer en tant que pays Guyane, entité distincte de la France et de l’État français, dont le mouvement populaire du 28 mars 2017 a dessiné les contours de la définition du peuple guyanais avec une communion de destin entre toutes les composantes de la société ; un territoire guyanais que tous doivent reconnaître comme leur seule patrie dès lors qu'ils considèrent aussi que tous leurs intérêts matériels et moraux sont en Guyane, et un étendard représenté par le drapeau avec un triangle rectangle jaune (qui exprime les richesses du sous-sol), un triangle rectangle vert (qui incarne la forêt, la biodiversité, etc...) et l'étoile rouge à cinq branches (qui est l'expression de la révolution socialiste et de la transformation des richesses au bien être du peuple).

Les personnes de la société civile (enseignants, médecins, avocats, juristes, ingénieurs, techniciens, fonctionnaires d’État et fonctionnaires territoriaux techniciens des questions européennes, etc.) ont apporté leurs contributions au bon déroulement des négociations avec l’État français.

 - 4) Vous avez un mouvement séparatiste. Est-il fort ? A-t-il a le soutien populaire des masses ?
Quelle est la participation de ce mouvement dans le processus actuel ? Y-a-t-il un leader ou un porte-parole de ce mouvement ? Y-a-t'il un journal, un site web qui permet à des personnes extérieures aux événements de mieux comprendre votre position et vos propositions ?

Comme je l'ai précisé ci-dessus, je suis militant indépendantiste fondateur en 1974 du Front pour La Libération de la Guyane (F.N.L.G ou Fo Nu Libéré la Gwiyãn). Ayant milité dans le cadre de nombreux mouvements comme le Parti National Populaire Guyanais (PNPG), actuellement j'anime en qualité de membre fondateur, l'Organisation Guyanaise des Droits Humains (O.G.D.H.) qui mène, vers les opinions publiques française, européenne, sud-américaine, nord-américaine et internationale, sur le fondement du droit international, un travail de vulgarisation de la réalité politique, économique, sociale, et culturelle de la Guyane toujours sous l'emprise du système colonial français.

La posture socialisante des gouvernements successifs de gauche français – avec des politiques libérales, de 1981 à 1995 (sous la présidence de François Mitterrand), et de 2012 à 2017 (sous le quinquennat de François Hollande) a participé à affaiblir le courant nationaliste indépendantiste. Les nationalistes les moins éclairés idéologiquement ont cédé aux chants des sirènes socialistes qui avaient promis plus de décentralisation et plus d'autonomie pour la Guyane avec conduite de la Guyane sur le chemin de l'indépendance nationale.

Le développement réel de la Guyane, quand on fait le bilan, n'a jamais été au rendez-vous, car les moyens financiers nécessaires pour accompagner la politique de développement réel n'ont jamais suivi.

Les mandats présidentiels de Jacques Chirac de 1995 à 2002 et de 2002 à 2007 ont été affaiblis avec les prémices annonciatrices de la crise financière internationale de 2007.

Néanmoins, l'histoire guyanaise retient le mouvement lycéen de Novembre 1996 qui accoucha d'un rectorat guyanais, avec la bénédiction de Jacques Chirac représenté en Guyane, lors des négociations avec le mouvement lycéen, par monsieur François Bayrou, ministre de l'éducation nationale.

Avant le mouvement de Novembre 1996, la Guyane était rattachée à la Martinique où était basé le rectorat Antilles-Guyane qui régentait également l'éducation nationale à la Guadeloupe.

La question du rectorat avait déjà mis en lumière, les nombreux retards structurels de plus de 20 ans, en Guyane. Aussi, des États généraux avaient été initiés en 1997 par le Président Jacques Chirac, sur la demande insistante des élus guyanais pressés par le mécontentement populaire et les personnes de la société civile qui ont trouvé leur dynamique dans le mouvement lycéen dont les revendications sont devenues l'affaire de tout le peuple guyanais.

L'arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy de 2007 à 2012 lui a donné l'occasion de gérer la crise financière internationale et de participer à l'élaboration de nouvelles règles de bonnes conduites des banques et des places financières, de sorte qu’elles confortent la position dominante de l'Occident. Pour ce faire, sera déclarée la guerre en Libye par Sarkozy (France) et David Cameron (Angleterre), avec la bénédiction du Conseil de Sécurité de l'Organisation des Nations-Unies. L'objectif ayant été d'anéantir la volonté du panafricaniste, Mouammar Kadhafi, de rendre le continent africain vraiment indépendant de l'Occident, par la création d'une monnaie des États-Unis d'Afrique et de banques à capitaux exclusivement africains assis sur les richesses africaines à contrôler par les seuls entrepreneurs africains.

Dans cette dynamique de regain du capitalisme néo-colonialiste et impérialiste, l'histoire de la Guyane retient un regain du courant nationaliste qui semble être sorti d'une longue période comateuse après plus de 30 ans de règne social-libéral. Le courant nationaliste guyanais renaissant puise ses forces dans les mouvements populaires de ces dernières années, notamment le mouvement de Novembre 2013 qui concentrait les revendications du monde enseignant, étudiant et du personnel administratif (obtention d'heures supplémentaires pour les cours à dispenser, transfert de postes d'enseignants vers la Guyane, ouverture de nouvelles filières en rapport avec la réalité de la biodiversité amazonienne de la Guyane, gestion locale des bulletins de paie du personnel administratif, etc...) du pôle universitaire de Guyane, qui était rattaché jusqu'alors à l'Université des Antilles-Guyane avec son siège administratif à Fouillole en Guadeloupe.

La présidence tournante n'avait jamais élu un enseignant guyanais. Ce qui faisait dire aux Guyanais, parlant de l'UAG, de l'Université des Antilles en Guyane (au lieu de l'Université des Antilles et de la Guyane).

La reprise des revendications du monde universitaire par les personnes de la société civile guyanaise et par la voix populaire donna à ces revendications une consonance politique et identitaire qui affirmait que les réalités guyanaises n'étaient pas les réalités antillaises, et que l'université devait être au service du développement de la Guyane, d'où la nécessité qu’elle fût dotée d'une université de plein exercice.

Les hommes politiques dans leur grande majorité (à l'exception de monsieur Alain Tieng-Liong, Président ès-qualité de l'ancien Conseil Général de la Guyane qui avait soutenu sans réserve - par la voix de son représentant, en la personne de monsieur Christian PORTHOS, Conseiller général délégué à l'enseignement, au sein du Conseil d'Administration de l'Institut d’Études Supérieures de Guyane - l'idée de la revendication d'une université de plein exercice) furent quelques peu réticents car ils invoquaient le chiffre optimal de 5.000 étudiants pour qu'une université soit fonctionnelle, et qui ne serait atteint, en Guyane, selon leurs dires, qu'à partir de 2020. Sauf que la réalité têtue de la démographie galopante de la Guyane (avec plus de 50 % de la population guyanaise qui a moins de 20 ans) a contredit leurs dires.

Dans le cas du mouvement général dans les dernières semaines, il s'était agit au départ de revendications sectorielles et corporatistes qui se voulaient dépourvues de toutes arrières-pensées politiciennes. Mais pour les personnes averties et conscientes du fait que les questions sociétales sont des questions avant tout politiques, il était indispensable de donner une orientation politique aux revendications à porter devant l’État français, en considération de la lecture de la réalité guyanaise que faisait l'opinion publique française de France ; de la lecture internationale de la réalité guyanaise par l'Union Européenne à travers le président de la Commission européenne, monsieur Jean-Claude JUNCKER, qui avait jugé bon de présenter au peuple guyanais les excuses de l'Union européenne, pour l'inattention dont elle avait fait preuve vis-à-vis de la gestion négligée par la France des maux de la Guyane constituant ainsi des freins à son développement réel.

Ces freins ont été longtemps mis en exergue par de nombreux rapports alarmants, face auxquels la France est toujours restée sourde.

Ensuite, il est important de tenir compte de la lecture de ces événements par les pays voisins de la Guyane qui ont exprimé, le 29 mars 2017 à Trinité-et-Tobago, le siège de l'Assemblée des Peuples de la Caraïbe (A.P.C.), leur solidarité à l'adresse du peuple guyanais qui mène une lutte juste et légitime pour réclamer le respect par la France, puissance colonisatrice occupante, de ses droits fondamentaux à la sécurité des personnes et des biens, à la santé, à l'éducation, à l'emploi, au développement économique, et à l'accès pour le peuple guyanais aux richesses de la Guyane.

Si monsieur Michael MANCE a été à la fois le leader charismatique, dès le début du mouvement populaire général, et le porte-parole du collectif qui regroupait tous les pôles de revendications sectorielles lors des négociations entamées avec l’État français dans la nuit du lundi 17 jusqu’au matin du mardi 18 avril 2017 ; il s’est toutefois s'est désolidarisé du vote unanime des autres membres du collectif et d'une partie des personnes de la société civile qui s’étaient prononcées pour le maintien des barrages routiers aux principaux ronds-points stratégiques, comme moyens de pression pour forcer l’État français à répondre favorablement et rapidement aux différents points de revendications.

Monsieur MANCE exprimant son souhait de ne pas prendre en otage la “population” guyanaise et les petits entrepreneurs ”locaux” déjà fortement fragilisés sur le plan économique avec la raréfaction de l'argent après plus de 4 semaines de blocage sur toute la Guyane.

Quelques jours avant, certains membres des socioprofessionnels de Kourou et de Cayenne, avaient organisé à deux jours d'intervalle, une marche de protestation contre les barrages suivie de la remise d'une main courante à la gendarmerie de Kourou, et ensuite sur Cayenne, par le dépôt de 11 plaintes au Commissariat de Cayenne.

Par conséquent, monsieur Michael MANCE s'est mis en retrait du collectif, en même temps qu'il quittait le mouvement des 500 frères, et lors d'une conférence de presse, il déclarait qu'il avait pris acte de la décision du collectif qu'il respectait mais qu'il avait un autre avis sur la méthode à utiliser (la méthode des barrages a fait son temps, et perpétuer cette méthode serait de nature à prendre la en otage la “population” qui pourrait se retourner contre le mouvement).

Certains observateurs de la politique locale ont vu dans cette cacophonie la main dérangeante du complot de l’État français qui est coutumier de la méthode «Diviser pour régner ».

Monsieur José ACHILLE fut désigné comme le nouveau porte-parole du collectif qui regroupait les pôles sectoriels, et monsieur Olivier GOUDET Président des 500 frères.

Concernant le mouvement populaire général de contestation et le mouvement des 500 frères, de nombreuses vidéos live ont été produites. Celles-ci sont consultables sur le facebook de Radio Péyi, la radio locale qui a couvert les événements du début du mouvement jusqu'à la fin, 24 heures/24.

Pour accéder à la page de la radio peyi, sur internet, taper http://www.radio peyi

Pour consulter les vidéos live, aller à la page Facebook de la radio peyi, taper Facebook radio peyi.

En ce qui concerne, l'Organisation Guyanaise des Droits Humains (O.G.D.H.), nous n'avons pas encore de site web. Celui-ci est en cours de réalisation.

L’O.G.D.H. peut aussi vous faire parvenir l'acte de Déclaration constitutive de l'Organisation Guyanaise des Droits Humains (O.G.D.H.) à Cayenne qui date du 31 mars 2007.

 -5) Qui sont ces 500 frères, avec leur -discours un peu conservateur ?
Il semble qu'ils aient occulté le nœud du problème dont la délinquance ne serait qu'une des conséquences - à savoir, ils parlent beaucoup de la délinquance, mais ils parlent peu des divers problèmes sociaux généraux (santé, éducation, chômage, etc.). Faut-il les comprendre en tant que groupe nationaliste à la fois spontané, avec des caractéristiques initialement de centre-droit – mais qui, peu à peu, avec l'évolution du processus lui-même, a tourné vers la gauche ?

Les 500 frères sont constitués de jeunes exerçant en qualité de policiers ou dans la sécurité en qualité de vigiles. Ils sont issus des masses populaires, et ils vivent dans les faubourgs et les quartiers populeux comme le quartier Eau-Lisette qui abrite de nombreux squats avec des clandestins sans papiers qui flirtent avec la délinquance des narcotrafiquants et la prostitution. Et les membres des 500 frères ont pour beaucoup été les victimes directes ou les témoins de braquages qui se sont souvent terminés par des violences meurtrières.

Les 500 Frères ne sont pas nés après le meurtre d’Hervé Tambour à la Cité Eau-Lisette à Cayenne pour lui dérober sa chaîne en or au début du mois de Mars 2017, mais le 11 octobre 2016, autour de cinq personnes, dont Stéphane Palmot. Le collectif est rejoint en décembre 2016 par Tròp Violans présidé par Olivier GOUDET.

Des rencontres se tiennent une fois par semaine, pour parler de l'insécurité. Le nom des 500 Frères vient du film 300, de Zack Snyder, qui raconte la résistance de 300 soldats spartiates face à l'armée perse conduite par le roi Xerxès en personne.

Le premier coup de force des 500 frères va marquer les esprits. En effet, Vendredi 17 mars 2017 au matin, les 500 Frères et Tròp Violans se sont invités à la réunion dans le prolongement de la Conférence de Carthagène, qui s'est tenue à la Collectivité territoriale, où se trouvait la ministre française de l'Environnement Ségolène Royal.

José Achille, du collectif des 500 Frères contre la délinquance, et Olivier Goudet, président de Tròp Violans, s'expliquent :

« Pourquoi serait-ce à nous de ne pas mettre notre cagoule ? Les malfrats sévissent en cagoule et rien n'est fait, dénoncent-ils. La cagoule, c'est notre emblème. Dès que nous serons en action, nous la mettrons. Nous voulons montrer les sentiments des victimes face aux agresseurs. Vendredi, lorsque nous sommes arrivés dans l'auditorium de la CTG, il y a des gens qui ont eu peur, ils ont ressenti la douleur des victimes. Ils ont ressenti la douleur des enfants et de l'épouse de Patrice Clet, ils ont ressenti la tristesse de la famille d'Hervé Tambour, ils ont ressenti la détresse de toutes les femmes qui se font arracher leur chaîne dans la rue. Nous pensons aussi à l'ancien proviseur de Kourou et à son épouse, ainsi qu'au gardien du stade de Baduel. Ceux qui n'ont jamais été séquestrés, ligotés, frappés, agressés pensent que cela ne peut arriver qu'aux autres. Ce sont aussi les premiers à critiquer la forme de nos actions. Nous sommes en état d'urgence en France, et les Guyanais ne sont pas protégés. C'est à l'État de nous protéger. »

Deuxième opération spectaculaire des 500 Frères et de Tròp Violans, ce même vendredi 17 mars 2017, à Cayenne : le blocage des consulats du Suriname, du Guyana et d'Haïti.

Suite au blocage du consulat du Suriname, le ministre surinamais du Développement régional et le consul ont rencontré les 500 Frères.

Autour de la table, le président de la CTG Rodolphe Alexandre, le député Gabriel Serville, le collectif Citoyens-Citoyennes et les Iguanes de l'Ouest.

Les 500 Frères demandent au Suriname de faire ratifier l'accord avec la France permettant aux Surinamiens détenus à la prison de Rémire-Montjoly de purger leurs peines dans leur pays. Ils se disent satisfaits des gages donnés par les autorités du Suriname.

Les 500 Frères tiennent à préciser qu'ils n'ont jamais voulu agresser personne. Seulement marquer les esprits. « Nous avons même dit à la ministre qu'elle était en sécurité avec nous. »

Le collectif avait demandé une réunion avec Ségolène Royal ; et il explique : « C'est parce qu'elle n'était pas organisée, que l'opération de la CTG a été lancée. »

« Nous avons passé un mois à discuter. Nous leur disons que la réunion que nous avons eut mercredi à la préfecture était la dernière. Maintenant, nous voulons des résultats. Si le préfet et les fonctionnaires de l'État sont en droit de réserve à partir de mercredi, ils doivent savoir que nous rentrons en droit d'action à partir d'aujourd'hui. »

Selon eux, c'est le seul moyen d'arriver à des résultats : « La peur doit changer de camps »

Concernant la posture politique du collectif des 500 Frères et de l'association Trop Violans, ils avaient clairement précisé qu'ils étaient apolitiques, qu'ils ne réclamaient aucun changement statutaire pour faire évoluer la Guyane vers l'autonomie ou l'indépendance, et qu'ils menaient une action d'appel au secours à l'adresse de l’État français d’une France qui était sous le coup de l'état d'urgence ; et donc que la Guyane qui est également un département français, est en droit de réclamer de la France la protection de ses biens et de ses citoyens. En finalité ils sont des auxiliaires déguisés de la police,

les 500 frères vous avaient-ils approchés ?  Ont-ils de bonnes relations avec vous ? Les syndicats et les militants sociaux, aviez-vous programmé un agenda commun de revendications ? Si oui, quels étaient les points de réclamation ?

Par rapport à ce qui vient d'être développé ci-dessus, concernant la posture politique du collectif des 500 Frères et de l'association Tròp Violans, il est clair qu'ils n'avaient pas approché l'O.G.D.H. ou d'autres syndicats ou partis politiques ayant un penchant autonomiste ou nationaliste guyanais. Donc, il n'y a eut aucun agenda commun pour des revendications à porter avec ceux-ci. Ils se considèrent seulement compétents en matière de revendications de mesures à apporter contre l'insécurité et la délinquance par l’État français.

  - 6) Quel est le principal intérêt économique de la France en Guyane – cette immense colonie au XXIème siècle ? Outre, je pense, les enjeux économiques liés à l'extraction amazonienne et le fait que la Guyane est un point stratégique pour l'aérospatiale, quels sont les autres centres d'intérêt de la France en Guyane ?

Pensiez-vous que la France pouvait céder à vos besoins (santé, éducation, emploi) avant les élections ?
Pensiez-vous que la France aurait permis une sorte de référendum pour que le peuple guyanais puisse se prononcer pour l'indépendance sans un conflit armé ? Y-avait-t-il une perspective pour résoudre la crise et de mettre fin à la grève ?

Faut-il préciser que la loi fondamentale (la Constitution de la Ve République du 4 octobre 1958 maintes fois modifiée) n'est pas remise en question par les hommes politiques de France se réclamant de gauche comme de droite, parce qu'ils obéissent tous à l'idéal des intérêts supérieurs de la France. Et la Guyane, au nom de ces principes, sera toujours sacrifiée sur l'autel des intérêts supérieurs de la France.

La Guyane et le caractère brillant de nos Femmes politiques guyanaises et Hommes politiques guyanais sont dédiés à la grandeur de la France et pas à la grandeur de la Guyane. Car avec toutes les épithètes dont sont affublées la Guyane et sa population (territoire, département, populations multiethniques, région, "DOM" et "Domiens", région ultrapériphérique, ultramarins, outre-mers, etc.) nous n'existons que par rapport à la France et aux Français de France.

Les outre-mers ont pour corollaire la Métropole, nous français entièrement à part dans la Guyane qui est en réalité une colonie avons pour corollaire le Français de France qui est un métropolitain. Donc, le métropolitain est issu de la Métropole qui a pour corollaire la colonie avec les colonisés qui y sont issus et qui dépendent tout comme le territoire (la colonie) de la Métropole et donc du métropolitain (le colonisateur).

L'équation étant posée, pourquoi voulez-vous que la situation de dépendance de la Guyane à la France soit enrayée ? Surtout si la situation de chômage, de délinquance et de non-développement incite les Guyanaises et les Guyanais à demander l'assistance charitable de la France généreuse qui va nous envoyer à grands renforts, des gendarmes qui seront déjà présents sur le territoire, en vue de la répression, en cas de soulèvement (c'est le cas, présentement), du peuple pour la revendication de ses droits légitimes à une autre organisation politique, administrative et économique qui ne servirait pas les intérêts de la France mais ceux de la Guyane.

Ensuite, le bon samaritain de Français de France autorise les Guyanaises et les Guyanais à s'exiler en France pour trouver un travail qu'il n'y a pas en Guyane. Et dans le même temps, dans le sens France vers la Guyane, nombre de Français de France viennent élire domicile en Guyane avec femmes et enfants avec un parcours peut-être pas tout tracé, mais certainement plus facilité par rapport à l'aura de sainteté véhiculé dans l'esprit des Guyanaises et des Guyanais, qui pour beaucoup sont frappés d'une double pathologie : la schizophrénie (altération du processus sensoriel -hallucination - et du fonctionnement de la pensée) et le syndrome de Stockholm (l'otage colonisé qui finit par admirer son bourreau de colonisateur).

Lorsque la cocotte minute Guyane est proche de l'explosion, la France ouvre les vannes pour laisser échapper un peu de vapeur, pour ne pas prendre le risque d'une explosion incontrôlable comme ça a failli se produire en Novembre 1996. Et comme ça risque de se reproduire très bientôt, dans le prolongement du mouvement populaire de ces derniers jours, car la population reste vigilante quant au bon respect par la France des engagements signés dans l'Accord de Guyane du vendredi 21 avril 2017

Au début du mouvement, pour déminer la crise, le gouvernement de gauche feint de répondre à nos doléances en nous envoyant une délégation interministérielle composée de hauts fonctionnaires et d'un ancien préfet de Guyane François CORDET, sans répondre à la demande populaire d'envoi du Premier Ministre ou d'un ministre doté d'un mandat décisionnel.

Pour réduire les risques d'explosion, la France est coutumière de l'organisation de stages dits de mobilité à travers l'Agence des Outre-mers pour la Mobilité (ADOM) qui est le digne successeur du BUMIDOM (Bureau des Migrations des Départements d'Outre-Mer, de sinistre réputation de négrier des temps modernes pour acheminer la jeunesse en âge de travailler - les forces vives des "DOM" colonies - vers la France Métropole pour satisfaire les secteurs délaissés par les Français de France et en pénurie de main-d’œuvre).

Le parcours n'est pas facilité, dans le sens Guyane vers la France, pour la Guyanaise ou le Guyanais qui découvrira en France et en direct le vrai sens du mot racisme.

Temps que les politiques guyanais s'enrôleront dans les obédiences maçonniques et autres, et consentiront à faire allégeance à un certain ordre établi, en échange de la reconnaissance de leur personne recherchée auprès de la France, il n'y aura pas de discours vrais par Nous l'Homme politique guyanais ou la Femme politique Guyanaise, pour Nous Guyanaises et Guyanais, avec Nous Guyanaises et Guyanais.

D'autre part, si mes souvenirs sont bons, (s'agissant du dénouement de 150 kilos d'or saisis par la justice de l’État français en 2012), monsieur Nicolas SARKOZY Président de la République française ès-qualité, lors d'un de ses séjours en Guyane, s'était engagé au nom de la France à laisser cette saisie de 150 kilos d'or, en Guyane, en vue de financer la lutte contre la délinquance en Guyane.

Au final, il avait été décidé par le ministère des finances de la France que cette quantité d'or saisie devait être répartie équitablement sur l'ensemble du territoire français. En vérité, la France n'a jamais eu un langage franc.

De par sa longue tradition et ses pratiques séculaires de puissance coloniale, forte aussi de son expérience dans la communication, elle sait manier la carotte et le bâton avec une main de fer dans un gant de velours, qui caresse dans le sens du poil lorsque nos propos ou actions ne remettent pas en question l'ordre établi, son autorité, et assène des coups de boutoirs qui de par leur forme nous laissent croire à une invitation à échanger dans la fraternité.

Sauf que c'est la réaffirmation que la France n'entend tolérer aucune contestation à son autorité, et donc à l'ordre établi.

Pour légitimer ses actes même s'ils sont en violation des règles élémentaires de la dignité humaine, la France va les parer de l'auréole de la légalité républicaine qui n'est pas forcément en conformité avec la Charte des Nations Unies du 26 juin 1945(1/-), la Convention européenne des droits de l'homme signée le 4 novembre 1950 (2/-), et les deux Pactes internationaux adoptés le 16 décembre 1966 (3/-).

1/- La Charte des Nations Unies du 26 juin 1945 pose comme valeurs morales et principes juridiques :
. la dignité inhérente à chaque individu et l’égalité de tous les « êtres humains » ;
. (mais aussi) l’égalité des États et le respect par ces États du droit international. En l’occurrence, la Déclaration universelle des droits de l’homme (œuvre de la Commission des droits de l’homme) adoptée par un vote massif de l’Assemblée générale des Nations Unies, le 10 décembre 1948 à Paris.

2/- La Convention européenne des droits de l’homme signée le 4 novembre 1950 est entrée en vigueur en 1953, au sein du Conseil de l’Europe avec la Cour européenne des droits de l’homme, dont les arrêts ont l’autorité de la chose jugée et sont assortis d’une réparation matérielle à l’égard des victimes.

3/- Les deux Pactes internationaux adoptés le 16 décembre 1966 : l’un relatif aux droits civils et politiques, et l’autre aux droits économiques, sociaux et culturels, qui consacrent chacun dans leur article 1er :

« 1- Tous les peuples ont le droit de disposer d’eux-mêmes. En vertu de ce droit, ils déterminent librement leur statut politique et assurent librement leur développement économique, social et culturel.

« 2- Pour atteindre leurs fins, tous les peuples peuvent disposer librement de leurs richesses et de leurs ressources naturelles, sans préjudice des obligations qui découlent de la coopération économique internationale, fondée sur le principe de l’intérêt mutuel, et du droit international. En aucun cas, un peuple ne pourra être privé de ses propres moyens de subsistance.

« 3- Les États parties au présent Pacte, y compris ceux qui ont la responsabilité d’administrer des territoires non autonomes (exemple : la Guyane) et des territoires sous tutelle, sont tenus de faciliter la réalisation du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, et de respecter ce droit, conformément aux dispositions de la Charte des Nations Unies ».

En conclusion, la prise de conscience grandissante de la population guyanaise par rapport à la réalité des relations de la Guyane à la France, doit faire comprendre à la France (pays en déclin) que c'est la fin des promesses, car les Guyanaises et Guyanais dignes enfants de la Guyane (pays d'avenir) se sentent majeurs pour s'assumer.

La Guyane intéresse la France à raison des richesses que regorge son sous-sol, des richesses halieutiques de ses mers, des richesses de la biodiversité amazonienne, et enfin à raison de la position géostratégique de la Guyane encore possession intempestive et impudique de la France qui gagne en terme de positionnement par rapport à ses concurrents dans la lutte féroce que se livrent les grandes puissances pour la conquête spatiale de l’Amérique.

Aussi, entendons-nous faire traduire l’État français devant les instances internationales du monde (notamment l'Organisation des Nations-Unies – O.N.U-), et de notre zone géographique (notamment l'Organisation des États Américains – O.E.A.-) pour faire valoir le droit pour le peuple guyanais à l'autodétermination.

Raymond Charlotte pour l’OGDH.


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