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Londres sommé de rendre les Chagos à l'île Maurice

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Londres sommé de rendre les Chagos à l'île Maurice

Londres sommé de rendre les Chagos à l'île Maurice

La Cour Internationale de Justice a récusé lundi la souveraineté britannique sur l'archipel des Chagos et donné raison à l'île Maurice qui tente de récupérer ce territoire abritant la base militaire américaine de Diego Garcia.

L'avis n'est que consultatif, mais il constitue tout de même un camouflet pour le Royaume-Uni. Ce lundi 25 février, la Cour Internationale de Justice (CIJ) de La Haye a estimé que la souveraineté britannique sur l'archipel des Chagos n'est pas fondée en droit, car celui-ci a été séparé de l'île Maurice avant la décolonisation. «Le Royaume-Uni est tenu, dans les plus brefs délais, de mettre fin à son administration de l'archipel des Chagos, ce qui permettra à l'île Maurice d'achever la décolonisation de son territoire», a déclaré le juge président de la CIJ, Abdulqawi Ahmed Yusuf, dans un avis non contraignant.

La décision a été accueillie par des éclats de joie à Pointe-aux-Sables, un quartier de la capitale mauricienne, Port-Louis, où vivent de nombreux Chagossiens expulsés par les autorités britanniques lors de la construction de la base militaire.

À mi-chemin entre la corne de l'Afrique et l'Indonésie, l'archipel des Chagos est une série d'îles paradisiaques abritant une base militaire anglo-américaine stratégique. Découverte au XVIè siècle par des explorateurs portugais, l'archipel fut d'abord, à partir de 1784, une possession française. Des colons français s'y sont installés pour cultiver la noix de coco. Longtemps, France et Angleterre l'ont utilisé conjointement pour soigner des lépreux… et les éloigner de la métropole. À l'issue des guerres napoléoniennes, les Chagos sont finalement cédés à l'Angleterre, qui les rattache d'abord aux Seychelles, à l'ouest, avant de les faire déprendre de l'île Maurice, au sud-ouest, en 1903. L'abolition de l'esclavage, en 1854, a attiré de nombreux travailleurs indiens mais seules trois des 55 îles de l'archipel furent habitées: Diego Garcia, Salomon et Peros Banhos.

«Quelques Tarzans et Vendredis»

Avec la fin de l'empire britannique et la multiplication des affrontements en Asie dans le contexte de la guerre froide, le Royaume-Uni conçoit le projet d'installer une base militaire sur l'archipel. La situation de l'archipel est très stratégique, au croisement des routes maritimes par lesquelles passent les hydrocarbures et les matières premières. Elle permet d'intervenir à la fois en Asie du sud-est et au Moyen-Orient. Londres rachète ainsi les Chagos aux institutions semi-autonomes de l'île Maurice en 1965 pour trois millions de livres et signe l'année suivante un bail de 50 ans avec les États-Unis leur donnant le droit d'y établir une base militaire. Deux ans plus tard, la République de Maurice obtient son indépendance, mais l'archipel est depuis resté aux mains des Britanniques, devenant les «Territoires de l'océan indien».

Afin d'assurer la sécurité de la base, les Britanniques ont organisé l'expulsion des Chagossiens vivant dans l'archipel, qu'un câble britannique de l'époque nomme «quelques Tarzans et Vendredis». Ils sont environ 2 000 à être expulsés, de 1968 à 1973, d'abord en interdisant le retour à tous ceux qui quittent l'île, puis en les déplaçant de force sur l'île Maurice ou aux Seychelles.

Après la chute de Saigon en 1975 et la victoire des Khmers rouges au Cambodge, la base de Diego Garcia devint une base stratégique du déploiement anglo-américain en Asie. Elle est agrandie en 1979 après la Révolution iranienne et stocke de nombreux navires de guerre et des bombardiers lourds. La base joua un rôle majeur dans les deux guerres d'Irak (1990-91 et 2003-2006) et dans les bombardements américains en Afghanistan en 2001.


La base militaire de Chagos joua un rôle majeur dans les deux guerres d'Irak et dans les bombardements américains en Afghanistan.

Les Chagossiens ont engagé plusieurs recours judiciaires contre leur expulsion. Ils ont obtenu une compensation financière de 4 millions de livres ainsi que des terres sur l'île Maurice en 1982, mais la décision de 2007 leur permettant de rentrer sur leurs terres a été invalidée par la Chambre des Lords, ultime organe de recours dans la justice britannique.

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En 2010, sous l'impulsion du ministre britannique des Affaires Étrangères David Miliband, l'archipel est devenu une zone maritime protégée. L'objectif officiel était de préserver l'atoll corallien de l'archipel, l'un des plus grand au monde. Mais des notes diplomatiques révélées par l'affaire WikiLeaks montrent que ce projet avait avant tout pour objectif de contrecarrer le retour des Chagossiens.

Suivant une résolution portée par l'île Maurice, l'Assemblée générale de l'ONU a demandé à la CIJ un avis consultatif en juillet 2017. Maurice était soutenue par l'Inde, le Nicaragua et l'Union africaine. Ces pays estimaient notamment que Maurice n'était pas un État souverain au moment du rachat de l'archipel par le Royaume-Uni. Royaume-Uni et États-Unis ont quant à eux affirmé que l'affaire n'était pas du ressort de la CIJ, un argument que la cour n'a pas retenu.

Pour les 10 000 descendants de Chagossiens vivant aujourd'hui sur l'île Maurice, aux Seychelles au Royaume-Uni, l'heure du retour approche peut-être, bien que la compétence de la CIJ ne soit que consultative.


VOIR AUSSI - Le Royaume-Uni doit abandonner les Chagos: réactions


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