LE CONQUISTE T'ADORE
de Martial Rancé
L’auteur de cet essai, un Guadeloupéen voulant gérer sa part de descendance de l’esclavage et de la colonisation, musicien autodidacte passionné, guetteur de la culture, sentinelle de la tradition, passeur de mémoire, accélérateur de tentation, défenseur de l’écologie acoustique, ne cesse de s’émerveiller devant ce son envoûtant. Ce son propage la liberté d’avoir un second souffle, de créer et de révéler la qualité primordiale de la musique, qui est de faire converger la pensée de l’homme, au nom du droit des peuples à décider d’eux-mêmes.
Depuis toujours, il est sensible aux objets naturels du monde dans lequel il vit. Porté par la curiosité, il empoigne à bras-le-corps ce corps résonant, et découvre comment produire des sons. De ce corps-à-corps, il devient un Conquiste expert, qui adore trouver et faire écouter de nouvelles couleurs sonores. Il aime à montrer comment tirer des sons de ce cor naturel. Des sons qui le forment. La résurgence de souvenirs enfouis au plus profond de son être fait de lui ce qu’il est aujourd’hui. Il se réapproprie ce qu’il doit aux temps passés. Il vit en harmonie avec lui-même, en cultivant ce trait culturel. L’envie de participer à la vie culturelle l’inspire. Défenseur de l’héritage de cette conque tantôt laissée à l’abandon, il perçoit ce qui se joue entre l’émission de ce son mystérieux et son retentissement sur l’esprit, le corps et l’âme. Malgré la rupture migratoire qui masque l’histoire lointaine de la Guadeloupe, la magie du rôle de la musique et du musicien continue d’opérer. Fort de sa conviction, il comprend que la pratique socioculturelle de l’aérophone en conque marine serait une parfaite méthode éducative de ralliement autour de la démocratie culturelle, avec des mots d’ordre tant désirés pour une population, qui pourraient servir d’acte de passage à une autonomie réelle, une responsabilité personnelle, et à une solidarité internationale assumée.
L’action pratique de la devise française Liberté-Égalité-Fraternité à travers un autre mythe, Autonomie-Responsabilité-Solidarité, n’est ni incompatible ni contradictoire avec la démystification de la transversalité du tempérament du « Son a Péyi la » pour expliciter ce qui fait l’humanité de l’homme.
Camille ROUSSEAU