Le Prêcheur et Basse-Pointe ou la xénophobie tranquille
On ne le répétera jamais assez : ce ne sont pas des "Métros" qui ont massivement voté pour Marine LE PEN lors de ce premier tour des élections présidentielles françaises, mais bien des Martiniquais. Des Martiniquais bon teint en plus (et pas des bourgeois assimilés ou ultra-francisés) puisque les meilleurs scores de la Dame Bleu Marine ont été réalisés dans le Nord de la Martinique, voire "le Grand Nord" comme disent pompeusement certains élus. C'est-à-dire dans ces communes rurales, éloignées de Fort-de-France, gardiennes ou censées être gardiennes de l'authenticité et de la culture martiniquaises comme le Prêcheur (24% pour LE PEN) ou encore Basse-Pointe (15,26%).
La première, Le Prêcheur, est dirigée par un maire NOU PEP LA, la seconde, par une mairesse PPM. Autrement dit pas du tout par des partisans de l'assimilationnisme et du rejet de la Caraïbe. Bien au contraire ! Adeptes du Réparationnisme pour l'un, de la Négritude pour l'autre, il et elle prônent à longueur de temps un discours négriste, noiriste, afrocentriste etc. qui veut ou sous-entend que tous les "Nègres" du monde sont frères et doivent travailler et lutter main dans la main.
Or, ce discours négro-fraternaliste est démenti de manière fracassante dans les urnes. Comment l'expliquer ? Comment cela est-il possible ?
Quand on interroge la population de ces deux communes, on reçoit généralement comme réponses que "Les Haïtiens viennent prendre le travail des Martiniquais" ou que "Les Dominiquais et les Saint-Luciens font du trafic de drogue ou bien yo ka vòlè bagay moun". Or, si effectivement, il y a un nombre grandissant d'Haïtiens qui trouvent embauche dans les bananeraies du Nord, c'est bien parce qu'il y a du travail, d'une part, et d'autre part, que ce travail ne trouve pas preneur. Or, loin de regarder cette réalité en face, on a vu à la télévision la mairesse de Basse-Pointe se lamenter sur une possible ou prochaine explosion sociale à cause du manque de perspectives d'emploi de la jeunesse de sa commune. Il est toujours facile de voir la paille qui est dans l'œil de son voisin et pas la poutre qui est dans le sien, n'est-ce pas ?
Sinon s'agissant du trafic de drogues, s'il ne faut pas nier que des ressortissants des pays caribéens voisins y soient parfois impliqués, il est très exagéré de leur faire porter la seule responsabilité. Sinon, la prison de Ducos serait majoritairement peuplée de Saint-luciens et de Dominiquais ! Ce qui est très loin d'être le cas. Si ce trafic prospère, c'est d'abord et avant tout parce qu'il y a une demande locale ; c'est ensuite, parce qu'il y a des trafiquants, des dealers et des mules qui sont bel et bien Martiniquais. Certains d'entre ces trafiquants sont même parfois emmanchés avec la mafia colombienne ou italienne ! Donc l'hostilité envers nos cousins saint-luciens et dominiquais n'a aucune raison d'être pour peu que l'on regarde la réalité en face.
La vraie question est la suivante : est-ce qu'un travail de lutte contre la xénophobie anti-haïtienne et anti-dominico-saint-lucienne
Affligeant...