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"Langue matinitjé a/la langue martiniquaise" : le nombrilisme grotesque des noiristes

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"Langue matinitjé a/la langue martiniquaise" : le nombrilisme grotesque des noiristes

"Langue matinitjé a/la langue martiniquaise" : le nombrilisme grotesque des noiristes

   L'une des langues africaines les plus parlées est le swahili qui compte pas moins de 150 millions de locuteurs répartis sur une dizaine de pays : le Burundi, les Comores, le Kenya, le Mozambique, l'0uganda, la République démocratique du Congo, le Rwanda la Somalie et la Tanzanie. Elle sert donc de langue véhiculaire et contredit le mythe de l'Afrique noire émiettée en milliers de langues et obligée d'utiliser des langues européennes comme langues officielles. Au point qu'à la fin des années 60, le président de la Tanzanie, Julius NYERERE décida d'en faire la langue officielle de son pays, opérant ainsi un geste de rupture linguistico-culturelle avec l'impérialisme assez similaire à l'arabisation mise en œuvre une dizaine d'années plus tard par le président de l'Algérie, Houari BOUMEDIENNE.

   Aucun Tanzanien n'aurait l'idée saugrenue de dire "Je parle en tanzanien" ni un Ougandais "je parle en ougandien" ni un Congolais "je parle en congolais" ni un Kenyan "je parle en kenyien". Pourtant, étalée sur plus de 4.000kms de l'Atlantique (Congo) à l'océan indien (Kenya, Tanzanie etc.), cette langue comporte de nombreuses variétés dialectales pas toutes facilement intercompréhensibles, mais conscient du formidable pouvoir d'unité que comporte le swahili, qui est une langue écrite depuis les XVIIIè siècle en alphabet arabe et de nos jours en alphabet latin, qui comporte une riche littérature, ses locuteurs ont toujours su résister aux pulsions nombrilistes. La doctrine politique de J. NYERERE de l'"Ujamaa" (de l'arabe "jamaa") s'appuyait d'ailleurs en grande partie sur l'idée de cohésion à la fois nationale et africaine. L'officialisation du swahili visait à lutter contre cette plaie qu'est le tribalisme.

   Or, ne voilà-t-il pas que des crétins de noiristes veulent briser l'unité des peuples créolophones de la Caraïbe, des 13 millions de créolophones de la Louisiane à la Guyane en passant par tout l'archipel des Antilles, en rejetant la dénomination "créole" pour nos langues et en essayant de faire valoir les expressions "langue martiniquaise/langue guadeloupéenne" ou "je parle martiniquais/je parle guadeloupéen". C'est à se demander si ces gens-là n'ont pas besoin d'interprètes lorsqu'ils vont de Fort-de-France à Pointe-à-Pitre, lorsqu'ils écoutent un CD de Patrick SAINT-ELOI, de Gordon HENDERSON ou de CARIMI ou lorsqu'ils parlent à des immigrés haïtiens ou dominiquais. Ils passent l'essentiel de leur vie à nous bassiner avec "le monde noir", "l'unité du peuple noir" et bla-bla-bla, mais alors même que les Noirs disposent de ce formidable outil de communication qu'est le créole, ils cherchent à le briser !

   Comprenne qui pourra ce nombrilisme grotesque...

   A moins que dans leurs délires, nos noiristes caribéens ne cherchent à recréer des tribus ayant chacune leur propre langue : la tribu martiniquaise parlant martiniquais ; la tribu guadeloupéenne parlant le guadeloupéen ; la tribu haïtienne parlant l'haïtien etc...BOUFFONS, VA !


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