Le prix des jouets en Martinique relève du hold-up en bande organisée
On veut bien croire que les prix ne peuvent pas être les mêmes en Martinique et dans l'Hexagone. Il y a d'abord le transport, les 7.000kms d'océan à traverser. Il y a ensuite la marge du revendeur sur place. Il y a enfin les salaires et les charges sociales qu'ils doivent verser à qui de droit. Tout cela se comprend parfaitement.
Mais il y a une limite à l'exagération !
En 2009, la population s'était déjà soulevée un mois durant pour protester contre la cherté de la vie et exiger 200 euros d'augmentation de salaire par mois pour les salariés. Cependant, les prix "baisser-bas", comme le pas de danse dont il est le synonyme, étaient remontés vite faits l'année d'après. Certes pas sur "les produits de première nécessité", véritable obsession de nos grands syndicalistes, mais sur tous les autres. Je baisse de 50 centimes ou d'1 euro sur le beurre, la viande ou le dentifrice et j'augmente du même montant le vin, le camembert ou . Elémentaire, mon cher Watson ! Ni vu ni connu. En exigeant de faire baisser les prix, Le Martiniquais s'est fait baiser en fait !
Quant aux discours fleuris sur "la production locale", "le retour à la terre" et "la solidarité familiale ou de quartier", qui avaient fait croire à certains qu'une révolution était en marche, dès fin mars 2009, ils s'étaient évanouis. Les supermarchés du Blanc-pays revendant les marchandises du Blanc-France étaient à nouveau pleins à craquer et les caddies débordaient sur les parkings de ces temples de la consommation. Conséquence logique de la "syndicalite", cette maladie qui nous empêche de comprendre qu'en système colonial, comme l'a pourtant expliqué FANON, la lutte pour le changement politique doit être numéro 1. Avant donc les revendications catégorielles qui sont, certes, de vraies revendications, qui sont tout à fait fondées, mais qui doivent venir en numéro 2.
Pour en revenir à ce hold-up en bande organisée qu'est en ce mois de décembre 2017 la vente des jouets importés d'Europe tant par les magasins spécialisés que par les supermarchés, il faudrait tirer la leçon de 2009 et éviter de se lamenter une nouvelle fois en exigeant la baisse des prix sur les poupées ou les voitures télécommandées. C'est vrai qu'ils sont absolument scandaleux ! Mais ça ne se sert strictement à rien ni de ses scandaliser ni de faire pression sur les revendeurs locaux. Certains blogs se sont réjouis que pour la première fois ce qu'ils appellent "les poupées identitaires" se vendent mieux que les traditionnelles poupées blondes aux yeux bleus. Dont acte ! Mais la star du moment, la "Barbie noire de Noël", est revendue à 70 euros alors qu'elle ne coûte que 27 euros dans l'Hexagone !!!
Pour ne pas retomber dans les errements de 2009, ce qu'il faut, c'est relancer la production de jouets créoles. Ca il y a un vrai marché du jouet en Martinique. On ne les achète pas seulement à Noël, mais en toutes sortes d'occasions : anniversaires, baptêmes etc... Sans compter qu'étant originaux, ils peuvent s'exporter. Il y a surtout une expertise locale, certes en voie de disparition, qu'il faudrait chercher à moderniser puisque les enfants de 2017 ne sont évidemment pas ceux de 1917. Moderniser les jouets créoles devrait figurer parmi les différentes préoccupations économiques de nos décideurs. C'est la seule et unique façon de commencer à se déprendre du hold-up en bande organisée qu'est la revente de jouets fabriqués en Europe.
Continuer à brailler "Péyi-a sé ta nou, sé pa ta yo !"est pure perte de temps...