CES HAÏTIENS MALADES DE «FRANCOFOLIE»
Joubert Joseph
L’interview de Sherly Jeudi, dont le but a gratifié les grenadières d'un ticket pour la Coupe du monde féminine U-20, a suscité pas mal de controverses. Interview réalisée en français, après le match opposant Haïti et le Canada, dans laquelle l'héroïne Sherly Jeudi a commis des fautes de langue.
Pour une énième fois ces Haïtiens qui sont en train de calomnier Sherly Jeudi pour ses fautes de langue ont prouvé leur niveau d'aliénation et de colonisation mentale sans pareille. Savoir parler plusieurs langues, quoique ce soit un atout, ne contribue nullement à savoir mettre le ballon dans le camp adverse.
Le français, bien qu'il soit l'une des deux langues officielles d'Haïti, représente souvent une barrière pour bon nombre d'Haïtiens. Par exemple, dans les écoles paysannes quand on dit que le français est obligatoire c'est comme si on déclarait la guerre aux élèves. Ce qui est pareil pour la majorité des écoles de la capitale. D'ailleurs, le plus souvent même les professeurs ne maîtrisent pas cette langue. Imposer le français comme langue obligatoire dans une salle de classe en Haïti est souvent synonyme d'une demande de silence absolu pour laisser la parole au professeur qui a la légitimité pour y commettre des fautes, mais après qui peut se faire ridiculiser par certains élèves. Il faut souligner aussi l'absence de formation adéquate chez la majorité de ces professeurs et le manque de contrôle de l'État sur le fonctionnement des institutions œuvrant dans le domaine de l'éducation en Haïti.
Commettre n'importe quelle faute en créole n'est pas un problème pourtant en commettre une dans la langue de Voltaire peut déclencher un extrême scandale public. Emmanuel W. Védrine dans «YON KOUDÈY SOU PWOBLÈM LEKÒL AYITI» a parlé de «Francofolie de l'Haïtien» quand, linguistiquement parlant, ce dernier a encore une mentalité colonisée. Ce qu'Aimé Césaire pourrait appeler un «complexe d'infériorité» qui est, sans doute, l'une des conséquences de la colonisation d'Haïti par la France. Celui qui ne maîtrise pas la langue de l'ancien maître est pris pour un idiot. Certains parents haïtiens, colonisés mentalement, ont commencé à inculquer cela à leurs enfants depuis le Kindergarten sans compter certaines écoles qui pratiquent une politique de «discrimination sociale», comme l'a si bien dit Keb dans son album intitulé «École Nord-Mâle», apprenant les enfants à rejeter tout ce qui leur ressemble, tout ce qui constitue leur culture et leur identité. Quand le célèbre chanteur jamaïcain Bob Marley disait «Libérez vous de l'esclavage mental» dans sa chanson intitulée «Redemption song» c'est comme s'il s'adressait à ces haïtiens nostalgiques de la colonisation française dont les séquelles se font encore sentir dans le pays.
Sherly Jeudi, qui vient de qualifier Haïti pour la première fois pour la coupe du monde féminine U-20, est une victime du système éducatif haïtien qui a, d'ailleurs, failli à sa mission. Elle ne mérite pas d'être blâmée pour des fautes linguistiques mais plutôt d'être encouragée pour avoir choisi le football dans un pays où le sport n'a ni encadrement ni un budget adéquat.
Joubert Joseph