ELECTRICES FOYALAISES, DONNEREZ-VOUS UN BLANC-SEING AU MACHISME ?
Longtemps, très longtemps, pendant des siècles même, les femmes ont été exclues du pouvoir politique et cela quelles que soient les sociétés, hormis chez certains peuples d'Afrique noire. En France, il a fallu attendra l'après-deuxième guerre mondiale pour qu'elles obtiennent enfin le droit de vote. Aux Antilles, système colonialo-esclavagiste oblige, même les femmes békées étaient tenues à l'écart, servant simplement de reproductrices de la classe dominante. Toutefois, à Saint-Domingue (devenue Haïti après l'indépendance), en Guadeloupe, en Guyane, pour n'évoquer que les territoires sous contrôle français, les révoltes et révolutions anti-esclavagistes ont permis aux femmes de conquérir des espaces de liberté et de pouvoir. Certaines sont même vénérées pour leur détermination et leur courage telle la Mulâtresse Solitude en Guadeloupe qui lutta contre le rétablissement de l'esclavage dans son île au tout début du XIXe siècle. Mais cela n'a pas suffi puisqu'après deux siècles d'indépendance et une cinquantaine de chefs d'état, Haïti n'a toujours pas eu de présidente. Le combat pour l'égalité homme-femme est donc quelque chose de très difficile.
Mais s'il y a une île dans toute la Caraïbe qui remporte la palme du machisme, c'est, hélas, la Martinique.
Pourquoi cette anomalie ?
Parce que s'il y a eu des soulèvements d'importance dans cette île (22 mai, Insurrection du Sud de 1870, Décembre 59, février 74 etc.), la société martiniquaise, modèle parfait du système colonial insulaire, n'a jamais été ébranlée comme les autres îles. Le pouvoir des Blancs créoles n'y a jamais été vraiment mis en danger et au moment où éclate la Révolution française (1789), n'oublions pas qu'ils n'hésitent pas une seule seconde à faire passer l'île sous contrôle de l'Angleterre, pourtant ennemie de la France à l'époque. C'est ce qui fait, que contrairement aux autres îles sous domination française, la Martinique n'a pas connu la première abolition de l'esclavage de 1793. Après la deuxième abolition (1848), non seulement les Békés ont été indemnisés de la perte de leurs esclaves par l'Etat, mais ils ont conservé l'entièreté de leurs plantations. Entre temps, la classe mulâtre, plutôt urbaine, avait déjà imité leur modèle patriarcal et machiste, et au XXe siècle, la classe noire lui emboita le pas. Le fameux "papillonisme" de l'homme antillais commence avec le Béké pas avec le Noir ! En effet, pour preuve, en 1956, un ethnologue français, Michel LEIRIS, vient faire une enquête en Martinique et publie ensuite un ouvrage intitulé "Contacts de civilisations en Martinique et en Guadeloupe". Un Béké, Gabriel HAYOT, alors propriétaire de l'usine du Lareinty, lui déclare froidement avoir "40 petits mulâtres" !!!
Béké, Nègre, Mulâtre, puis Indien, Chinois ou Syrien plus tard, tout le monde est tacitement d'accord pour la perpétuation de la domination masculine.
Cela se manifestera de manière criante au plan politique puisque, en Guadeloupe et en Guyane, on comptera nombre de femmes politiques maires, députés, sénatrices, présidentes de conseil général ou régional etc... tandis que pendant longtemps la Martinique n'en comptera aucune. D'ailleurs, même aujourd'hui, malgré la loi sur la parité, elles se comptent sur les doigts d'une main et souvent elles sont les épouses, parentes, voire maîtresses de politiciens qui leur ont en quelque sorte légué leur poste. Ou alors elles font de la figuration, les postes importants étant accaparés par les porteurs de pantalons et cravates. Ceci signifie donc que la Martinique a un retard considérable à rattraper en matière d'égalité homme-femme au plan politique. Ce qui fait que l'exemple que donne le tandem Serge LETCHIMY et Didier LAGUERRE, candidats sur la circonscription de Fort-de-France aux prochaines législatives, est tout simplement SCANDALEUX ! Sur les 53 candidats qui se présentent sur les 4 circonscriptions que compte la Martinique, la liste conduite par Serge LETCHIMY est la seule qui ne comporte pas un suppléant du sexe opposé. Cette violation de la loi sur la parité est d'ailleurs lourdement sanctionnée par une amende qu'apparemment le PPM est prêt à payer sans sourciller.
Foyalaises, quand vous pénétrerez dans l'isoloir, pensez à tout cela avant d'opérer votre choix !...