Alfred Marie-Jeanne ou le combat de toute une vie
Aucun homme n'est exempt de défaut et encore moins un homme politique qui, dans notre système capitaliste-libéral, est contraint de se livrer à toutes sortes d'acrobaties afin de ne pas déplaire à X ou à Y. Seulement il y a acrobaties et acrobaties. Il y a surtout acrobaties et macaqueries. Quand un Aimé CESAIRE décrète, en 1981, le fameux "Moratoire", il est dans l'acrobatie. Quand un Alfred MARIE-JEANNE décide finalement de se présenter aux élections "nationales" (législatives en particulier), il est, lui aussi, dans l'acrobatie. On pourrait citer moult autres exemples de ce type en France ou ailleurs dans le monde. La carrière d'un homme politique n'est jamais une ligne droite ni un long fleuve tranquille.
Qu'est-ce qui distingue donc l'acrobatie de la macaquerie ? Essentiellement l'absence de conviction et d'idéologie. L'exemple le plus courant est celui de ces hommes et femmes politiques qui passent, par exemple, de la Gauche à la Droite ou de la Droite à la Gauche. Nous n'aurons pas la cruauté de citer des noms, pourtant assez nombreux, tant en Martinique qu'en Guadeloupe. Par contre, passer d'un parti de gauche à un autre ou bien d'un parti de droite à un autre n'est pas de la macaquerie du tout puisqu'on demeure globalement dans le même camp. Une relative cohérence à la fois idéologique et éthique est maintenue. Ainsi quand un Edouard DELEPINE passe du Parti communiste martiniquais au GRS (Groupe Révolution Socialiste), puis du GRS au PPM, il est certes dans l'acrobatie politique, mais aucunement dans la macaquerie. Il serait passé à l'UMP ou au MODEM, là oui !
Le premier signe distinctif de l'expert en macaqueries est le "Divers" : "Divers gauche" ou "Divers droite". Ce mot fourre-tout désigne d'emblée une absence de conviction affirmée, une vacuité idéologique certaine et une propension à manger à tous les râteliers. Au cours de la dernière campagne électorale pour les élections territoriales de la Martinique, on a vu fleurir de ces maires "zonnzoleurs", "enjambeurs de pak" et avides de strapontins qui, fort heureusement, en ont pris plein la tronche au soir du 13 décembre 2015. Mais il y a pire : on a vu fleurir aussi au sein de partis politiques clairement positionnés sur l'échiquier, des personnes qui, par des manœuvres obscures, ont cherché à faire alliance avec les "zonnzoleurs" pour déchouquer certains leaders jugés trop vieux. Cela jusqu'à vouloir changer la signification de telle ou telle lettre de l'acronyme de leur parti : le "I" pour "indépendantiste" par 'exemple, devenant "Initiative" avec un "d'" devant.
Cela signifie que les "Divers" peuvent se trouver à l'intérieur des partis aussi et ceux-là sont peut-être plus dangereux encore que les vrais "Divers" qui, eux, ne sont affiliés à aucun parti. C'est pourquoi il est important d'avoir des leaders charismatiques (même si parfois certains abusent de leur charisme) pour pouvoir mettre un frein aux manœuvres des petites marquis gominés à l'esprit "flo" dont l'objectif est purement personnel et non idéologique. Ces médiocres personnages ont le talent pour s'entourer d'une cour de groupies incultes et à moitié hystériques qu'il faut s'employer à combattre également avec la plus extrême fermeté.
Deux livres écrits par Louis BOUTRIN et Raphaël CONFIANT, "Alfred Marie-Jeanne, une traversée verticale du siècle" et "2015. Une nouvelle page dans l'histoire de la Martinique", tous deux publiés par CARAIBEDITIONS, permettent de comprendre les enjeux de ce débat politique tout en s'efforçant d'en élever le niveau à la hauteur d'un homme, un vrai, Alfred MARIE-JEANNE, dont le combat pour la souveraineté de la Martinique a été et continue d'être celui de toute une vie.
Honneur et respect à "CHABEN" !...