Mayotte – Guyane : une et indivisible obscénité coloniale
Pierre CARPENTIER
Dans le jargon onusien (celui de l’ONU), le terme de « Mayottisation » définit la manoeuvre qui consiste, pour un état donné, à s’introduire dans un pays indépendant, sous des prétextes humanitaires, pour y garantir le maintien d’une omniprésence coloniale. Intrusion au regard du droit international mais aussi introduction de moyens « républicains » d’assimilation identitaire dans une société culturellement homogène
Cette pratique d’augmentation géopolitique territoriale par assimilation a pour alibi l’indivisible unité de la république française qui prend ici le pas sur l’intégrité territoriale et la souveraineté de la république indépendante des Comores…
Ainsi, le fait d’insinuer une identité française à certains comoriens à l’exclusion des autres présente le risque, à force de générer de très vives tensions sociales qui tendent à verser dans la xénophobie, de pouvoir dégénérer en guerre civile intra-éthnique, autrement dit en un nouveau génocide à responsabilité coloniale.
Les « étrangers » (les Comorien.ne.s qui ne sont pas des « citoyen.ne.s français.e.s », administrativement différent de leurs parfaitement propres soeurs et frères biologiques Mahorais.es) y sont exploités pour des salaires de misère, et les « décasages » – l’expulsion par la force de familles comoriennes ayant établi des logements de fortune sur des terres appartenant à des Mahorais – se multiplient. Aussi leur attribue-t-on la responsabilité des faits de délinquance qui explosent sur le territoire.
Dans cet esprit à légitimité coloniale du gouvernement, est né le projet de construction à Mayotte (département français depuis 2011) d’une maternité « extraterritorialisée » où le droit du sol ne serait pas directement appliqué, afin d’écarter les nourrissons comoriens du droit à la nationalité française cela en parfaite violation de la Constitution française…
Il y a tout juste un an, le 28 mars dernier, le peuple Guyanais (40.000 personnes) s’insurgeait contre une insécurité infernale, le néocolonialisme ambiant, l’exploitation de ses ressources, la dépossession de ses patrimoines et la privation d’un avenir fondé sur l’autonomie gouvernementale.
Il finit par arracher l’Accord de Guyane le 21 avril 2017 après un mois et demi de bras de fer avec la république des sept mers et des trois océans sur la terre…
Aujourd’hui, M. Olivier Goudet, le Président de l’Association Trop Violans et président d’honneur de l’association Les 500 frères contre la délinquance [En Guyane], adresse son soutien au « Peuple Mahorais » (sic) à l’attention des médias de Mayotte via le collectif Mayotte en Mouvement (MEM). Voir la Démonstration de soutien en objet de la lettre ci-dessous.
Mayotte et son peuple, colonisés sous le ciel « français », nous démontrent par leur martyr, que même par consentement, le colonialisme demeure du colonialisme.
Ce système, qui se contredit par nature typique, n’en finit plus de nous exposer ses intolérables.
Ainsi, impuissant à dissimuler sa nature, intrusive et corruptrice au sens le plus large, sous ses « garanties républicaines et humanitaires », tente-t-il de rendre à la France son mythe d’exceptionnelle dignité coloniale…
PS : Le témoignage de Nabile Bouaziz un habitant de Mayotte :
« Les Mahorais ne s’attendaient pas à voir une telle négation de leur coutume et à un telle envolée des prix non plus, (à la confiscation des terrains ancestraux et de certaines pratiques rituelles par l’ONF ; interdite l’initiation des jeunes qui consistait à partir dans une cabane auto-construite en marge de la famille avec des copains, dans la foret, interdit aussi le ramassage du bois etc. Par contre, l’exploitation des bois précieux pour parfumeur pour Guerlain par exemple et autres rapaces , là, c’est open bar) y a déjà pas mal d’années que des jeunes se sont réfugiés dans les hauteurs et vivent en marge, prêts à en découdre avec ceux qui s’approchent .
Ne pas oublier que c’était une économie essentiellement vivrière, jusqu’à ce que les grands groupes français et internationaux, arrivent sur l île pour faire notamment de la vanille, cannelle et autres épices, sur des terrains qu’ ils ont achetés une bouchée de pain. Fermant à tous leur dizaines d’hectares, enclavant des hameaux entiers et de facto chassant des ruraux dans les villes. Du coup, du jour aux lendemain , les légumes ne sont plus qu’importés à des prix exorbitants pratiqués par des grossistes véreu, x le même système que dans les colonies d’outre mer …..Ce n est pas qu un problème « diplomatique » comme il voudrait nous le faire avaler ».
Pyèr Carpentier